(Paris) Au procès de Marine Le Pen et du Rassemblement national en France, le premier avocat de la défense à plaider a dénoncé lundi une procédure « politique », et demandé au tribunal de « chasser le vent mauvais » qu’aurait fait « souffler » l’accusation avec ses réquisitions.
Mercredi, les procureurs ont requis des peines d’inéligibilité à l’encontre de l’ensemble des 25 prévenus jugés au procès des assistants d’eurodéputés du Rassemblement national.
Et demandé qu’elles soient assorties de l’exécution provisoire – c’est-à-dire qu’elle s’applique immédiatement même en cas d’appel – ce qui pourrait sérieusement entraver les ambitions de Marine Le Pen, cheffe de file de l’extrême droite, pour la présidentielle de 2027.
Cette dernière est absente à l’audience du jour.
Ce dossier est « politique » depuis « l’origine » avec le signalement en 2015 du président social-démocrate du Parlement européen, Martin Schulz, à la ministre de la Justice française d’alors Christiane Taubira, soutient Me François Wagner.
Entre « camarades socialistes, on ne peut rien se refuser », poursuit cet avocat historique du parti d’extrême droite, qui représente ce jour trois eurodéputées et une assistante parlementaire.
Il évoque aussi une « petite manœuvre » du président François Hollande, contre la « potentielle adversaire » qu’était Marine Le Pen. « La machination de François Hollande échouera, il ne se représentera même pas, mais la procédure est lancée ».
« La confirmation du caractère politique » est arrivée avec « les réquisitions d’exécution provisoire » du parquet, accuse Me Wagner.
Puis il lance à la procureure Louise Neyton, « qui se cache derrière son ordinateur » : « quelles menaces pour l’ordre public représentent mes clientes, elles qui sont à la retraite ou n’ont aucune ambition électorale » et « ont intégralement remboursé le Parlement européen » ?
La procureure décale ses écrans d’ordinateur pour ne plus l’avoir dans son champ de vision.
« Quelle impatience à ces sanctions ? », s’emporte encore l’avocat.
« Ici nous ne sommes pas dans une affaire ordinaire. Quand la politique entre dans le prétoire, la justice en sort aussitôt », conclut-il avant de s’adresser au tribunal : « chassez ce vent mauvais que le parquet a fait souffler sur cette audience ».
L’accusation estime que le RN a mis en place, entre 2004 et 2016, « un système » au « mépris » de « toutes les règles » pour rémunérer des assistants parlementaires « fictifs » avec l’argent du Parlement européen alors qu’ils travaillaient en réalité pour le parti.
Le Parlement européen a estimé son préjudice à plus de quatre millions et demi d’euros.
Me Wagner a réclamé la relaxe pour ses clientes, les estimant notamment victimes d’une absence de « règles claires » au Parlement européen à l’époque des faits.
La défense de Marine Le Pen plaidera le 27 novembre, la décision sera rendue dans plusieurs mois.