La républicaine Liz Cheney votera pour Kamala Harris
Dans un geste lourd de sens, l'ex-représentante Liz Cheney, figure de proue de l'opposition républicaine à Donald Trump, a exprimé mercredi son soutien à la candidate démocrate en vue de la présidentielle américaine de novembre.
La fille de l'ancien vice-président républicain Dick Cheney, pourtant connue pour ses positions conservatrices, en a fait l'annonce au cours d'une activité publique organisée à l'Université Duke, en Caroline du Nord. Un extrait vidéo de sa déclaration a été publié sur le réseau X.
Je ne crois pas que nous ayons le luxe d’écrire des noms de candidats sur les bulletins de vote, particulièrement dans les États clés, a soutenu Mme Cheney, faisant allusion à la pratique qui permet aux électeurs américains d'inscrire à la main le nom d'une autre personne que ceux des candidats officiellement inscrits.
En tant que conservatrice et comme personne qui croit en la Constitution et qui y est attachée, j'y ai réfléchi profondément et, en raison du danger que représente Donald Trump, non seulement je ne voterai pas pour Donald Trump, mais je voterai pour Kamala Harris.
Mme Cheney a été courtisée par le camp de Kamala Harris, mais elle a choisi de ne pas prendre la parole à la convention nationale démocrate à Chicago, il y a quelques semaines, optant plutôt pour une annonce en septembre, plus près du début du vote par anticipation, selon le New York Times.
Jadis vue comme une étoile montante de sa formation, Liz Cheney, qui a fait partie du leadership républicain, est devenue une paria de son parti pour son opposition à Donald Trump après l'assaut du Capitole de janvier 2021.
Mme Cheney avait alors quitté les rangs républicains en votant, à l'instar de neuf de ses collègues, pour la mise en accusation de Donald Trump après que des partisans de l'ancien président, qui contestaient comme lui sa défaite à la présidentielle de 2020, eurent envahi le siège du Congrès.
Elle a par la suite été une des deux élus républicains qui ont siégé au comité d'enquête de la Chambre des représentants sur cet événement.
Sans surprise, ses critiques acerbes de Donald Trump ont occasionné, en août 2022, sa défaite lors de la primaire républicaine dans le district du Wyoming qu'elle représentait, le seul de l'État.
Si le fait qu'elle n'appuie pas le candidat républicain ne surprend pas, le soutien de Mme Cheney à une démocrate aurait carrément été impensable il y a quelques années à peine.
Fille d'un ancien acteur influent du parti qui a été le second de George W. Bush, elle a des positions aux antipodes de celles des démocrates, que ce soit par exemple sur des questions comme l'avortement ou la taille de l'État.
Selon le site d'analyse statistique 538, ses votes à la Chambre étaient alignés près de 93 % du temps sur les positions de Donald Trump.
Plusieurs autres républicains font aussi défectionL'ancien représentant républicain Adam Kinzinger a figuré parmi les orateurs de la quatrième et ultime soirée de la convention nationale démocrate à Chicago, le 22 août 2024.
Photo : Reuters / Brendan McDermid
L'autre républicain qui faisait partie du comité d'enquête de la Chambre sur l'assaut contre le Capitole, Adam Kinzinger, qui a renoncé à briguer un autre mandat dont les électeurs républicains l'auraient vraisemblablement privé, appuie lui aussi Kamala Harris.
Cet ancien élu de l'Illinois, qui affiche comme son ancienne collègue Liz Cheney des positions très conservatrices, a pour sa part fait partie d'un groupe de républicains qui ont pris la parole à la convention nationale démocrate le mois dernier. Au cours d'une allocution pendant laquelle il a critiqué Donald Trump, il a pressé les électeurs républicains de faire passer le pays en premier.
Je sais que Kamala Harris partage mon allégeance à l'État de droit, à la Constitution et à la démocratie. Et elle s'est engagée à défendre ces trois valeurs au service de notre pays. Quelles que soient les politiques sur lesquelles nous sommes en désaccord, elles ne font pas le poids devant ces questions fondamentales de principe, de décence et de fidélité à cette nation, a-t-il dit.
La convention démocrate a inclus d'autres orateurs républicains opposés à la réélection de Donald Trump, dont l'ancien lieutenant-gouverneur de la Georgie Geoff Duncan, le maire de Mesa, en Arizona, John Giles, ainsi que deux personnes ayant travaillé dans l'administration Trump, dont l'ancienne porte-parole de la Maison-Blanche Stephanie Grisham et Olivia Troye, une ancienne collaboratrice de l'ex-président Mike Pence.
Récemment, près de 250 collaborateurs de quatre anciens candidats républicains à la présidence, les anciens présidents George H. W. Bush et George W. Bush, ainsi que John McCain et Mitt Romney, ont signé une lettre ouverte appuyant la candidature de Kamala Harris.
L'idée d'un second mandat de Donald Trump est tout simplement intenable, ont-ils affirmé.
Au moins trois membres du Cabinet de Donald Trump, dont même son ancien bras droit Mike Pence, ainsi que l'ancien conseiller à la sécurité nationale John Bolton et l'ancien secrétaire à la Défense Mike Esper, ont exprimé publiquement leur intention de ne pas voter pour lui.
Les deux premiers ont indiqué qu'ils voteraient pour un autre candidat que les deux protagonistes et le troisième n'a pas fermé la porte à Kamala Harris.
Malgré des critiques acerbes envers son ancien patron, l'ancien procureur général Bill Barr a de son côté indiqué qu'il voterait pour Donald Trump.
Les plus récents sondages démontrent une lutte serrée entre les deux candidats.