(Moscou) Vladimir Poutine a présenté des excuses samedi sans pour autant dire clairement si l’avion d’Azerbaijan Airlines qui s’est écrasé mercredi au Kazakhstan avait été touché par un missile russe, alors que la défense antiaérienne était en action au moment où il tentait d’atterrir à Grozny, en Russie.
Publié à 7 h 42 Mis à jour à 9 h 30
Ce qu’il faut savoir
L’Union européenne a appelé samedi à une enquête « rapide et indépendante » sur l’écrasement d’Azerbaijan Airlines, après que les États-Unis ont suggéré que l’incident pourrait avoir été causé par un missile antiaérien russe ; Mercredi, un avion Embraer 190 de la compagnie azerbaïdjanaise Azerbaijan Airlines s’est écrasé dans l’ouest du Kazakhstan, sur la rive orientale de la mer Caspienne, alors que l’avion devait relier Bakou à Grozny, sur la rive opposée ; En tout, 38 des 67 personnes à bord de l’appareil ont été tuées lorsque l’avion s’est écrasé et a pris feu ; Le président russe Vladimir Poutine a admis samedi, selon le Kremlin, que la défense aérienne russe était en action mercredi au moment où l’avion tentait d’atterrir.Le président russe n’a pas dit si ces tirs avaient touché l’Embraer, comme le suspectent les États-Unis et comme le sous-entend le président de l’Azerbaïdjan, mais a présenté des excuses à Ilham Aliev « pour le fait que cet incident tragique se soit produit dans l’espace aérien russe », selon le Kremlin. L’accident a fait 38 morts.
Dans un entretien téléphonique samedi avec son homologue azerbaïdjanais, le maître du Kremlin a indiqué que « l’avion de ligne azerbaïdjanais avait tenté à plusieurs reprises d’atterrir à l’aéroport de Grozny », la capitale de la Tchétchénie, sa destination, dans le Caucase russe.
Mais « au même moment, Grozny, Mozdok et Vladikavkaz étaient attaquées par des drones de combat ukrainiens, et les défenses antiaériennes russes ont repoussé ces attaques », a-t-il dit, selon un communiqué de la présidence russe.
De son côté, le président azerbaïdjanais a souligné que l’avion avait été frappé « dans l’espace aérien russe » par « une interférence physique externe », accréditant la thèse d’un tir sans pour autant accuser formellement la Russie, puissance régionale avec qui Bakou entretient des relations étroites.
M. Aliev « a souligné que les multiples trous dans le fuselage de l’avion, les blessures subies par les passagers et l’équipage […] ainsi que les témoignages des hôtesses de l’air et des passagers survivants confirment les preuves d’une interférence physique et technique extérieure », a indiqué la présidence azerbaïdjanaise dans un communiqué résumant une conversation entre les deux présidents.
« Une explosion »Ces propos interviennent après plusieurs jours de spéculations sur les causes de l’incident, les trous dans la carlingue laissant penser à un tir de missile antiaérien.
La Maison-Blanche avait assuré vendredi disposer d’« indications préliminaires qui suggèrent la possibilité que cet avion a été abattu par des systèmes de défense antiaérienne russes ».
Peu avant la conversation entre M. Aliev et M. Poutine, le Kremlin avait jugé « inapproprié » de commenter ces propos, arguant de l’enquête en cours.
L’Union européenne a appelé samedi à une enquête « rapide et indépendante » sur l’écrasement, par la voix de sa cheffe de la diplomatie, Kaja Kallas. Elle a évoqué « un rappel brutal » du vol MH17 de Malaysia Airlines, abattu par un missile de rebelles prorusse au-dessus de l’Ukraine en 2014.
Mercredi, l’avion Embraer 190 de la compagnie azerbaïdjanaise Azerbaijan Airlines s’est écrasé dans l’ouest du Kazakhstan, sur la rive orientale de la mer Caspienne, alors que l’avion devait relier Bakou à Grozny, deux villes situées sur la rive opposée.
PHOTO AZIZ KARIMOV, REUTERS
Le 28 décembre, à Bakou, en Azerbaïdjan, des personnes en deuil portent le corps de Mahammadali Eganov, 13 ans, mort dans l’accident d’un avion de ligne Embraer d’Azerbaijan Airlines près de la ville kazakhe d’Aktaou.
Les autorités russes avaient déjà évoqué une attaque de drones ukrainiens contre Grozny, capitale de la Tchétchénie, le jour de la catastrophe, ainsi qu’un épais brouillard. Mais elles n’ont pas expliqué en quoi ces évènements ont pu entraîner l’écrasement.
Elles n’ont pas non plus expliqué pourquoi l’avion n’a pas pu se poser ailleurs dans le sud de la Russie, et pourquoi il a dû traverser la mer Caspienne.
En tout, 38 des 67 personnes à bord de l’appareil ont été tuées lorsque l’avion s’est écrasé. Un passager ayant survécu à l’écrasement a aussi évoqué une explosion à l’extérieur de l’avion.
« Il y a eu une explosion. C’est sûr. Tout le monde l’a entendu », a confirmé l’un des survivants russes, d’origine tadjike, Soubkhonkoul Rakhimov, à la chaîne de télévision russe RT. Mais « je ne dirais pas que c’était à l’intérieur de l’avion », a-t-il ajouté.
Depuis la catastrophe, plusieurs compagnies ont indiqué suspendre des vols vers la Russie.
PHOTO AZIZ KARIMOV, REUTERS
Un homme place une photo de Mahammadali Eganov, 13 ans, mort dans l’écrasement d’un avion de ligne Embraer d’Azerbaijan Airlines, sur sa tombe à Bakou, en Azerbaïdjan, le 28 décembre 2024.
Au Turkménistan, pays riverain de la Caspienne, la compagnie Turkmenistan Airlines a annoncé samedi que les « vols réguliers Achkhabad-Moscou-Achkhabad sont annulés du 30 décembre 2024 au 31 janvier 2025 ».
Flydubai a annulé ses vols entre Dubaï et les villes du sud de la Russie, Mineralnye Vody et Sotchi, prévus entre les 27 décembre et 3 janvier.
La compagnie kazakhe Qazaq Air a elle suspendu jusqu’à la fin janvier sa liaison vers Ekaterinbourg, dans l’Oural.
Elles emboîtent le pas à la compagnie israélienne El Al qui avait indiqué dès jeudi suspendre ses vols vers la Russie pour une semaine.
Le président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev a salué samedi le travail des secouristes, 29 personnes ayant survécu. « Nous avons pu éviter des conséquences beaucoup plus graves et sauver de nombreuses vies », a-t-il dit, selon la présidence kazakhe.
Selon les autorités kazakhes, 17 experts de différentes nationalités participent aux investigations. Parmi eux, deux Russes et des Brésiliens, Embraer étant un fabricant brésilien.
L’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) doit également se joindre à l’enquête.