Kamala Harris promet « une nouvelle voie pour l'avenir »

20 days ago
Kamala Harris

Kamala Harris est sortie de l’ombre de Joe Biden jeudi soir en promettant « une nouvelle voie pour l’avenir » dans son discours clôturant la convention démocrate. Sans trop s’éloigner de son prédécesseur, celle qui a été sacrée candidate à la présidence a multiplié les promesses progressistes, tout en dépeignant son rival républicain comme une menace à la démocratie.

À son arrivée sur scène, celle qui pourrait devenir la première présidente – et femme de couleur – à diriger le pays a été accueillie dans l’extase et sous les ovations nourries.

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Le chemin qui m'a conduite ici ces dernières semaines était sans aucun doute inattendu, mais je ne suis pas étrangère aux voyages improbables, a-t-elle confié en faisant allusion à son arrivée tardive dans la course à la Maison-Blanche.

La vice-présidente a remplacé au pied levé le président Joe Biden il y a un mois à peine, après qu'il eut jeté l’éponge après un premier débat présidentiel désastreux contre Donald Trump. Depuis, le Parti démocrate a fait des pieds et des mains pour faire connaître sa nouvelle égérie au peuple américain.

La preuve en est : la principale intéressée a longuement parlé de son passé jeudi, et de sa mère, surtout, Shyamala Gopalan, une immigrante indienne. Ma mère était une femme de couleur, brillante, d'un mètre cinquante, avec un accent. Comme fille aînée, j'ai vu comment le monde la traitait parfois, mais ma mère n'a jamais perdu son sang-froid, a soutenu l’aspirante présidente, qui dit avoir tiré d’elle de précieuses leçons de vie.

En relatant ainsi son parcours – d’un modeste appartement dans les plaines de San Francisco aux plus hautes marches de Washington, en passant par les salles de cour de Californie comme procureure –, Kamala Harris a largement puisé dans l’imaginaire du rêve américain cette idée selon laquelle le travail acharné permet de se hisser dans l'échelle sociale. Un message susceptible de séduire les électeurs modérés que le Parti démocrate tente activement de joindre.

L’avocate s’est également posée en défenseuse infatigable de la classe moyenne. Une question personnelle pour elle, selon ses dires, puisqu'elle en est elle-même issue. Nous savons qu'une classe moyenne forte a toujours été essentielle au succès de l'Amérique, et la construction de cette classe moyenne sera un objectif déterminant de ma présidence.

Une présidente pour tout le monde

Dans une allocution de près de 40 minutes, l’ancienne procureure générale de Californie a entremêlé des appels à l’unité à de sévères mises en garde contre un retour de Donald Trump à Washington.

Cette élection n’est pas seulement la plus importante de nos vies, c’est l’une des plus importantes dans l’histoire de notre nation, a-t-elle lâché, n’hésitant pas à tirer à boulets rouges sur son rival républicain.

Que ce soit pour le droit des femmes à disposer de leur corps, pour le sort de la classe moyenne ou pour l’état des relations diplomatiques avec le reste du monde, l’ancienne procureure a soigneusement étayé les dangers que Donald Trump pose, à ses yeux, pour les citoyens et la démocratie. À bien des égards, ce n’est pas un homme très sérieux, a-t-elle raillé, suscitant des rires dans la salle. Mais les conséquences potentielles de son retour à la Maison-Blanche sont extrêmement sérieuses.

Kamala Harris a alors tendu la main aux électeurs ayant des opinions politiques différentes, promettant de devenir la présidente de tous les Américains si elle est élue le 5 novembre. Nous avons l’occasion fragile et précieuse de dépasser l'amertume, le cynisme et les batailles du passé qui ont semé la discorde, a-t-elle soutenu.

Sans surprise, les attaques au vitriol contre Donald Trump ont fusé tout au long des quatre jours qu’a duré la grand-messe démocrate. Mais le ton, lui, avait quelque chose d’inédit, analyse au bout du fil la professeure et politologue Karine Prémont. À ses yeux, les démocrates se sont moins enfargés dans les fleurs du tapis cette année pour parler du républicain, préférant se moquer de lui plutôt que de l’ériger uniquement en dangereux malfaiteur.

Quand on le tourne au ridicule, il ne montre pas nécessairement le meilleur visage de lui-même, fait remarquer la professeure Prémont. On voit qu’il a plus de misère à se défendre.

Jeudi soir, Donald Trump a visiblement été piqué au vif par le discours de Kamala Harris. Il a publié une série de messages rageurs sur son réseau Truth Social, en plus de lâcher un coup de fil au réseau Fox News pour pourfendre sa rivale en ondes. Le républicain l’a accusée de n’avoir pas soufflé mot sur plusieurs enjeux. Au premier chef : l’immigration irrégulière à la frontière avec le Mexique, sujet central de la campagne de celui qui promet la plus grande déportation de l’histoire du pays.

Une vision pragmatique

Devant une foule suspendue à ses lèvres, Kamala Harris a multiplié les promesses progressistes, se disant résolue à construire trois millions de nouveaux logements, à lutter contre les inégalités, à protéger la classe moyenne en baissant les impôts ainsi qu’à défendre le système d’éducation publique et l’accès aux soins de santé.

Nous faisons confiance aux femmes. Et lorsque le Congrès adoptera un projet de loi visant à rétablir la liberté de droits reproductifs, en tant que présidente des États-Unis, je le signerai fièrement, a-t-elle aussi fait valoir.

Or, c’est au moment d’aborder la guerre menée par Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza que Kamala Harris a suscité une salve d’applaudissements assourdissante. Elle a appelé à l'autodétermination du peuple palestinien tout en affirmant fermement qu'Israël avait le droit de se défendre.

Le président Biden et moi-même travaillons sans relâche, car c'est maintenant qu'il faut conclure un accord [pour la libération des] otages et un accord de cessez-le-feu, a déclaré Mme Harris, qui a été conspuée tout au long de la semaine par des manifestants propalestiniens aux abords de la convention à Chicago.

En somme, l’aspirante présidente a planté le décor de ce que pourrait être son administration si elle est élue le 5 novembre. Avant sa montée sur scène, c’était justement le grand point faible de cette convention, analysait en amont de la soirée la professeure Karine Prémont, de l’Université de Sherbrooke.

Bien que le camp démocrate se disait être la voie du changement pour cette élection – même si le parti est déjà au pouvoir et que Kamala Harris occupe la vice-présidence –, les discours avaient jusqu’ici pris des allures de professions de foi laissant de côté les enjeux de fond. Traditionnellement, les conventions servent à élaborer et à présenter la plateforme du parti en vue de l'élection, rappelait Mme Prémont.

Finalement, c’est une vision pragmatique qu’a voulu brosser Kamala Harris au micro, sans s’éloigner radicalement de celle de son prédécesseur, avec qui elle gouverne depuis trois ans et demi.

Le bilan de Joe Biden est assez pragmatique aussi, notait à cet égard la politologue, spécialiste des institutions politiques américaines. Il a fait des avancées législatives majeures pour aider les Américains et améliorer leurs conditions de vie, avec les différents projets qu'il a fait adopter à la Chambre à la suite de la pandémie, en lien avec les infrastructures aussi.

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