Investiture de Kamala Harris | « Une présidente pour tous les ...

(Chicago) Un mois et un jour après avoir annoncé son intention de remplacer Joe Biden à la tête du ticket démocrate, Kamala Harris a complété jeudi soir sa conquête éclair d’un parti dynamisé qu’elle espère mener à une victoire historique le 5 novembre prochain.

Lors du discours le plus attendu de la convention démocrate de Chicago – et le plus important de sa vie –, la vice-présidente a officiellement accepté l’investiture de son parti en tant que candidate présidentielle et présenté son histoire personnelle et sa vision politique à un pays qui la connaît encore mal.

« Amérique, le chemin qui m’a conduite ici ces dernières semaines était sans aucun doute inattendu », a-t-elle déclaré d’entrée de jeu, vêtue d’un tailleur-pantalon noir, après avoir prié gentiment la foule de la laisser parler et remercié Joe Biden ainsi que son mari, Doug Emhoff, avec lequel elle célébrait 10 ans de mariage.

« Mais les voyages improbables ne me sont pas étrangers, a-t-elle ajouté. Ma mère, Shyamala Harris, en a eu un elle-même. Elle me manque tous les jours, surtout aujourd’hui. Et je sais qu’elle me regarde ce soir et qu’elle sourit. Ma mère avait 19 ans lorsqu’elle a traversé le monde seule, de l’Inde à la Californie, avec le rêve inébranlable de devenir la scientifique qui guérirait le cancer du sein.

« Ma mère était une femme brillante d’un mètre soixante-dix avec un accent, et en tant qu’aînée, j’ai vu comment le monde la traitait parfois, mais ma mère n’a jamais perdu son sang-froid. Elle était dure, courageuse, pionnière dans la lutte pour la santé des femmes, et elle nous a enseigné, à Maya et à moi, une leçon que Michelle [Obama] a mentionnée l’autre soir. Elle nous a appris à ne jamais nous plaindre de l’injustice, mais à agir. »

Après avoir évoqué son enfance dans la région de la baie de San Francisco, où son père et sa mère l’ont sensibilisée à la lutte pour les droits civiques avant leur divorce, elle a abordé sa rencontre avec Wanda Kagan, sa meilleure amie montréalaise, dont l’expérience personnelle a contribué à sa carrière de procureure.

« Un jour, je lui ai demandé si tout allait bien, s’est-elle souvenue. Elle m’a confié qu’elle était victime d’abus sexuels de la part de son beau-père. Je lui ai immédiatement dit qu’elle devait venir habiter chez nous. Et c’est ce qu’elle a fait.

« C’est l’une des raisons pour lesquelles je suis devenue procureure. Pour protéger des gens comme Wanda », a-t-elle ajouté.

Un peu plus tard, elle a provoqué une explosion de joie dans la foule en prononçant ces mots : « Ainsi, au nom du peuple, au nom de chaque Américain, indépendamment de son parti, de sa race, de son sexe ou de la langue parlée par sa grand-mère, au nom de ma mère et de tous ceux qui se sont lancés dans un voyage improbable, au nom des Américains, comme les gens avec lesquels j’ai grandi, des gens qui travaillent dur, qui poursuivent leurs rêves et qui veillent les uns sur les autres, au nom de tous ceux dont l’histoire ne peut s’écrire que dans la plus grande nation de la planète. J’accepte votre nomination comme candidate à la présidence des États-Unis d’Amérique. »

La vice-présidente a enchaîné en définissant le scrutin de novembre comme « une occasion précieuse et fugace de dépasser l’amertume, le cynisme et les batailles du passé qui ont semé la discorde ».

Selon elle, il s’agit d’« une chance de tracer une nouvelle voie vers l’avenir. Non pas en tant que membres d’un parti ou d’une faction, mais en tant qu’Américains ».

Je sais qu’il y a des gens de diverses opinions politiques qui nous regardent ce soir. Et je veux que vous le sachiez : je promets d’être une présidente pour tous les Américains. Je serai une présidente qui nous unit autour de nos aspirations les plus élevées. Une présidente qui dirige – et qui écoute. Qui est réaliste. Pratique. Qui a du bon sens. Et qui se bat toujours pour le peuple américain. Du palais de justice à la Maison-Blanche, c’est ce que j’ai fait tout au long de ma vie.

Kamala Harris

Même si Donald Trump « est à bien des égards un homme peu sérieux » à ses yeux, Kamala Harris a mis en garde contre la tentation de lui permettre de retourner à la Maison-Blanche.

« Les conséquences d’un retour de Donald Trump à la Maison-Blanche sont extrêmement sérieuses », a-t-elle déclaré. « Pensez au pouvoir qu’il aura – surtout après que la Cour suprême des États-Unis a statué qu’il serait à l’abri des poursuites pénales. »

À 75 jours de l’élection présidentielle, la candidate démocrate a promis d’axer ses politiques économiques sur les besoins de la classe moyenne. Elle s’est notamment engagée à s’attaquer à la crise du logement, à réduire les impôts de la classe moyenne et à protéger les programmes de retraite et de santé.

« Nous ne reviendrons pas à l’époque où Donald Trump a essayé de réduire la sécurité sociale et l’assurance maladie. Nous ne reviendrons pas à l’époque où il a essayé de se débarrasser de la loi sur les soins abordables », a-t-elle déclaré, incitant la foule à répéter : « Nous ne reviendrons pas en arrière. »

Elle a également accusé Donald Trump de vouloir offrir aux plus riches des réductions d’impôts qui ajouteront 5000 milliards de dollars à la dette et instaurer une nouvelle taxe de vente nationale sous la forme de tarifs douaniers.

Reprenant un thème qui a dominé la convention démocrate, Kamala Harris a promis qu’elle promulguerait un projet de loi garantissant l’accès des femmes à l’avortement.

« Donald Trump a trié sur le volet les membres de la Cour suprême des États-Unis pour leur retirer la liberté de procréation, et maintenant il s’en vante en ces termes : “Je l’ai fait, et je suis fier de l’avoir fait.” »

Sur le plan international, elle a appelé à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à la libération des otages, tout en défendant le droit d’Israël à se défendre et le droit des Palestiniens à la sécurité et l’autodétermination. Elle a aussi promis de défendre les États-Unis contre ses ennemis, y compris l’Iran.

« Et sachez ceci : je n’hésiterai jamais à prendre toute action nécessaire pour défendre nos forces et nos intérêts contre l’Iran et les terroristes soutenus par l’Iran, a-t-elle dit. Et je ne m’acoquinerai pas avec les tyrans et les dictateurs comme Kim Jong-Un qui soutiennent Trump. Parce qu’ils savent qu’il est facile à manipuler avec des flatteries et des faveurs. »

Elle a terminé son discours sur une note patriotique.

« Chers compatriotes américains, j’aime notre pays de tout mon cœur. Partout où je vais, chez tous ceux que je rencontre, je vois une nation prête à aller de l’avant. Prête à franchir la prochaine étape de l’incroyable voyage qu’est l’Amérique.

« Je vois une Amérique où nous nous accrochons fermement à la croyance intrépide qui a construit notre nation. Qui a inspiré le monde. Qu’ici, dans ce pays, tout est possible. Rien n’est hors de portée. »