Harris accepte l'investiture démocrate avec un message d'unité

21 day ago

En promettant de « devenir la présidente de tous les Américains », la vice-présidente Kamala Harris a accepté officiellement la nomination de son parti comme candidate à la présidentielle de novembre prochain, lors de la dernière soirée de la Convention nationale démocrate qui s’est tenue cette semaine à Chicago.

Kamala Harris - Figure 1
Photo Le Devoir

« Avec cette élection, notre nation a une occasion précieuse et éphémère de dépasser l’amertume, le cynisme et les conflits du passé, une chance de tracer une nouvelle voie à suivre, non pas en tant que membres d’un parti ou d’une faction en particulier, mais en tant qu’Américains », a-t-elle dit dans l’enceinte du United Center rempli à bloc par des militants venus des 50 États du pays et sept territoires américains pour couronner leur nouvelle candidate.

Dans un discours de 45 minutes, Kamala Harris a réitéré le message d’espoir en l’avenir qu’elle porte depuis son entrée en scène comme aspirante présidente en juillet dernier, et ce, en affirmant sa volonté de se porter à la « défense du peuple », mais aussi de « la liberté, des opportunités, de la compassion, de la dignité ».

« Nous sommes les héritiers de la plus grande démocratie de l’histoire du monde et, au nom de nos enfants, de nos petits-enfants et de tous ceux qui se sont sacrifiés si chèrement pour notre liberté, nous devons être dignes de ce moment. »

La vice-présidente a également répété ses craintes face à Donald Trump et la menace qu’il fait peser sur la liberté des femmes, la démocratie et l’état de droit du pays. « À bien des égards, Donald Trump n’est pas un homme sérieux. Mais les conséquences de son retour à la Maison-Blanche seraient extrêmement graves », a-t-elle dit. « Imaginez le pouvoir dont il disposera, surtout après que la Cour suprême des États-Unis a décidé de le mettre à l’abri de poursuites pénales. Imaginez simplement Donald Trump sans garde-fous. »

Photo: J. Scott Applewhite Associated Press Dans un discours de 45 minutes, Kamala Harris a réitéré le message d’espoir en l’avenir qu’elle porte depuis son entrée en scène comme aspirante présidente en juillet dernier.

Avec un ton franc, un sourire lumineux et un discours rassembleur, la vice-présidente a promis de rétablir « la liberté de procréer » après avoir insisté sur la contribution du populiste dans la guerre actuellement menée par les conservateurs contre l’avortement. Elle a aussi annoncé que le succès de la classe moyenne « sera un objectif déterminant de [sa] présidence ».

Elle a aussi appelé à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza tout en assurant l’appui indéfectible des États-Unis à Israël pour la défense de son territoire contre « les agressions terroristes », mais elle a également dénoncé la tragédie humaine en cours au coeur de cette enclave, en reconnaissant « le droit des Palestiniens à l’autodétermination ».

Une convention inattendue

Le discours de Kamala Harris est venu conclure quatre jours d’une Convention nationale que les démocrates ne pouvaient pas imaginer il y a quelques semaines à peine, alors que Joe Biden s’accrochait toujours à l’idée de mener la charge contre Donald Trump, et ce, malgré un débat télévisé qui a exposé sa fatigue et ses faiblesses. Le président a finalement décidé de se retirer de la course le 21 juillet dernier, justifiant la chose comme étant la « meilleure façon d’unir la nation ».

Kamala Harris - Figure 2
Photo Le Devoir

« Toute la semaine, les démocrates ont mis en scène ce passage du témoin entre Joe Biden et Kamala Harris, entre une vieille garde de la politique américaine et une nouvelle génération à laquelle la vice-présidente appartient », a résumé Brandon Lenoir, professeur de communication stratégique à l’Université de High Point, en Caroline du Nord, rencontré au sein du United Center de Chicago. « Ce qu’ils ont défini aussi, c’est un nouveau chemin vers l’avenir du pays, avec un message d’espoir et d’unité qui tranche avec le discours de peur du camp républicain. »

Depuis lundi, sur la scène de la convention, plusieurs grands noms du parti démocrate se sont succédé pour appuyer la candidature de Kamala Harris, à commencer par le président Joe Biden lui-même qui, au premier jour de cette grande messe politique, a dressé le bilan de sa carrière politique et a remis le destin de la campagne à la première femme afro-américaine et asiatique à devenir candidate à la présidence d’un grand parti aux États-Unis. Bill et Hillary Clinton, Barack et Michelle Obama, ainsi que Nancy Pelosi ont également pris part à la fête.

Mais la Convention a aussi été l’occasion de confirmer le changement de garde en cours, en mettant l’accent sur le sang neuf au sein de la formation politique, comme Alexandria Ocasio-Cortez, la superstar de la frange progressiste du parti et représentante de New York, qui, lundi, a dit voir en Kamala Harris « une présidente qui défend la classe moyenne, car elle en est issue. Elle comprend la nécessité lorsqu’on parle de nourriture et de médicaments. Elle est aussi engagée en faveur de nos droits liés à la procréation, de nos droits civiques, autant qu’elle l’est pour combattre la cupidité des entreprises. »

Photo: Charles Rex Arbogast Associated Press Alexandria Ocasio-Cortez a fait un discours remarqué à la convention démocrate, le lundi 19 août.

De nouveaux visages

La semaine a aussi permis de faire rayonner quelques nouvelles étoiles montantes au sein du clan démocrate, comme Maxwell Frost, premier élu de la génération Z à la chambre des représentants, Raphael Warnock, sénateur de Géorgie élu en 2021, Jasmine Crockett, une nouvelle représentante du Texas, ou encore Dana Nessel, procureure générale du Michigan venue mettre au défi les conservateurs radiaux derrière le projet 2025 — un document censé guider un deuxième mandat pour Trump — de s’attaquer aux mariages entre personnes de même sexe.

Mercredi, le colistier de Kamala Harris, Tim Walz, gouverneur du Minnesota, a également eu l’occasion de se faire connaître de l’ensemble des Américains, lors d’un discours sobre dans lequel il a appelé à tourner la page sur le chapitre Trump.

« Ce n’est pas dans ce passé que nous voulons revenir », a commenté plus tôt dans la soirée, Trena Williams, jeune mère au foyer du Connecticut et déléguée de cet État, venue à Chicago pour prendre part à « un événement historique qui nous conduit vers un meilleur futur ».

« Ce que j’aime le plus chez Kamala Harris, c’est qu’elle nous unit tous, dans nos diversités. Et c’est ce que notre démocratie doit être capable d’encourager. L’avenir du pays est dans la promotion de l’espoir et des possibles. Pas dans la frustration et dans la colère. »

« Cette convention a été la plus grande réunion de motivation de notre cycle électoral. Il reste maintenant 70 jours pour stimuler les électeurs et les conduire avec nous aux urnes », a commenté en cours de soirée Regina Wallace-Jones, présidente d’ActBlue, une organisation politique collectant des fonds pour les démocrates. « Kamala Harris a quelque chose d’unique. Elle nous dit que nous pouvons faire plus ensemble, plutôt que divisés. Et c’est très inspirant ».

Pour Todd Belt, professeur de science politique à l’Université George Washington, l’élan de la campagne de Kamala Harris a été confirmé par cette Convention nationale. « L’essentiel, maintenant est de ne pas le gâcher, dans un environnement beaucoup plus hostile que celui d’une convention partisane et amicale. »

Ce reportage a été financé grâce au soutien du Fonds de journalisme international Transat-Le Devoir.

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