Jennie Carignan devient la première cheffe d'état-major de la Défense

La générale Jennie Carignan a pris officiellement le commandement des Forces armées canadiennes jeudi matin, au cours d'une cérémonie au Musée canadien de la guerre, à Ottawa.

Mme Carignan, qui détenait le grade de lieutenante-générale, a été promue au grade de générale à l'occasion de cette passation du commandement.

La militaire de carrière québécoise est par conséquent devenue la première femme de l'histoire du Canada à diriger l'ensemble des forces armées du pays.

C'est également la première femme à occuper de telles fonctions au sein des pays membres du G7 et même du G20.

Après avoir salué les réalisations de son prédécesseur, le général Wayne Eyre, la nouvelle cheffe des armées a exprimé sa fierté de diriger les membres dévoués des Forces armées canadiennes tout en soulignant sa détermination à défendre le Canada et à assurer son rôle sur la scène mondiale.

Chaque action que vous entreprenez est importante. Tout le monde compte. Vous êtes tous importants pour la mission. Ensemble, nous pouvons déplacer des montages, a déclaré Jennie Carignan en s'adressant à tous les membres des FAC, autant civils que militaires.

En cette période d’incertitude, nous continuons à avoir besoin d’un leadership fort et responsable, et ce sont les qualités que la générale Carignan apportera à son nouveau poste de cheffe d’état-major de la Défense.

Nommée par le premier ministre Justin Trudeau le 3 juillet dernier, Mme Carignan succède au général Eyre – qui était en poste depuis 2021 –, qui part quant à lui à la retraite.

Avant d’être propulsée à la tête des trois corps d’armée, Jennie Carignan était cheffe de la conduite professionnelle et de la culture de l'armée, un poste créé à la suite des révélations d'inconduite sexuelle qui ont profondément secoué l’institution.

Plusieurs dirigeants de haut rang nommés avant elle ont été contraints de démissionner après avoir été accusés d'inconduite sexuelle en 2021, ce qui a donné lieu à un rapport externe accablant appelant à un changement de culture.

Jennie Carignan est aussi la première femme à avoir commandé une unité de combat dans l’histoire des Forces armées canadiennes.

Photo : 2e division du Canada

Mes attentes en tant que cheffe de l'état-major de la Défense sont simples : toujours faire de son mieux, se serrer les coudes, travailler ensemble et exercer une influence positive au sein de notre institution, dans notre pays et dans le monde.

Originaire de Val-des-Sources, au Québec, Jennie Carignan, mère de quatre enfants, est membre des FAC depuis plus de 35 ans. Pendant sa carrière, elle a dirigé deux régiments du génie de combat et la deuxième division du Canada.

Elle a servi en Afghanistan, en Bosnie-Herzégovine ainsi qu'en Syrie, et elle a dirigé la mission de l'OTAN en Irak en 2019 et 2020.

En tant que brigadière-générale, elle avait notamment dirigé l'opération de secours aux citoyens du Québec aux prises avec des inondations en 2019.

Elle a reçu la Médaille du service méritoire en 2011 et la Croix du service méritoire en 2021. Elle a aussi été nommée par la gouverneure générale au grade de Commandeur de l'Ordre du mérite militaire en 2021.

Au cours des 35 dernières années, la générale Carignan a servi le Canada avec grande distinction, tant au pays qu’à l’étranger, et je suis convaincu que son leadership sera bénéfique aux Forces armées canadiennes.

Plusieurs défis de taille attendent la nouvelle cheffe de l’état-major, qui arrive aux commandes des Forces armées canadiennes dans une période de changement de culture interne, mais aussi de pénurie grave de nouveaux effectifs, combinée à une détérioration de l'état de préparation au combat des forces.

Nous devons faire face à de nombreux défis internes comme le recrutement et la rétention et nous y consacrons beaucoup d'efforts. Nous en faisons une priorité.

Faisant face à un nombre de départ plus élevé que d’arrivées dans ses rangs, les FAC accusent aujourd’hui un manque à gagner de 16 000 soldats, et ce, à un moment où les enjeux territoriaux se compliquent dans l’Arctique et où le Canada doit fournir une présence militaire accrue en Europe, à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Selon un document interne de la Défense nationale obtenu par CBC News, seulement 58 % des effectifs des Forces armées canadiennes seraient en mesure de répondre à un appel urgent des alliés de l’OTAN en cas de crise alors que près de la moitié de l’équipement militaire du pays est considéré comme indisponible ou inutilisable.

Chez nous, les Forces armées canadiennes sont aussi de plus en plus sollicitées pour répondre à des urgences météorologiques et climatiques, comme les inondations et les feux de forêt.