Jagmeet Singh évoque des élections, sans dire s'il les déclenchera

5 Sep 2024
Jagmeet Singh

Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, refuse catégoriquement de dire s’il compte plonger le Canada dans une nouvelle campagne électorale, mais se borne à répéter que ce scénario devient « plus probable » depuis qu’il a déchiré son entente avec le Parti libéral.

« On va regarder pour chaque vote, et on va décider de ce qui est dans l’intérêt des Canadiennes et des Canadiens, des Québécoises et des Québécois. On va étudier chaque vote avec cette lentille », a répété le chef néodémocrate, jeudi, en marge d’un discours livré devant ses sympathisants à Toronto.

Aucun journaliste présent à ce point de presse très suivi n’est arrivé à tirer quelconque indice sur sa volonté de défaire — ou non — le gouvernement libéral dès cet automne. Jagmeet Singh s’en tenait à une formule préparée d’avance : il a déchiré son entente avec le premier ministre Justin Trudeau et est « bien conscient qu’une élection est plus probable que dans le passé ».

Est-il prêt à appuyer la motion de non-confiance envers le gouvernement que le Parti conservateur du Canada compte présenter à la Chambre des communes dès la rentrée parlementaire ? « On ne veut pas présupposer du résultat de ça », de répondre M. Singh. « On est prêt à faire face à une élection, peu importe quand elle surviendra. »

« Je ne peux pas deviner quand une date d’élection va arriver ! » a-t-il lâché après s’être fait demander de plusieurs façons différentes s’il s’attendait à ce que les Canadiens se rendent aux urnes cet automne.

Une occasion pour le Bloc

Ex-stratège du NPD, Karl Bélanger estime que les troupes de Jagmeet Singh pourraient avoir du mal à démontrer qu’ils prennent leurs distances des libéraux s’ils continuent de voter à leurs côtés. « Le NPD a perdu de la substance au profit du Bloc québécois, qui peut remettre sa casquette de “Capitaine Québec” et dire qu’il va aller chercher des gains à Ottawa », analyse celui qui est maintenant président de Traxxion Stratégies.

Joint par Le Devoir, le leader en Chambre du Bloc québécois, Alain Therrien, n’exclut pas que ce soit son parti qui sauve le gouvernement Trudeau. Il rejetterait par exemple une motion de non-confiance rédigée en termes partisans par les conservateurs, et ouvre la porte à défaire cette motion en échange d’un gain « pour le Québec ». « Si on trouve qu’il y a une belle collaboration [avec le gouvernement Trudeau], on est prêt à le faire continuer un petit bout de temps », affirme-t-il.

Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a lui-même convenu que les libéraux pourraient désormais conclure des ententes avec le Bloc québécois.

Contre Pierre Poilievre

Dans son discours livré dans les deux langues, jeudi, M. Singh a d’abord repris les arguments avancés la veille pour briser son entente de soutien et de confiance, un arrangement unique dans l’histoire politique fédérale qui devait permettre au gouvernement minoritaire de Justin Trudeau de rester au pouvoir jusqu’en 2025. Il a dépeint le premier ministre libéral comme « incapable de se tenir debout devant les p.-d.g. », l’accusant d’avoir brisé ses promesses et « abandonné les Canadiens ».

Le chef du quatrième parti à la Chambre des communes a ensuite recadré le débat politique de la prochaine campagne électorale comme étant un duel à finir entre le NPD et le Parti conservateur du Canada. M. Singh assure qu’il se présentera « pour être [le] premier ministre ». « Aux prochaines élections fédérales, les gens auront le choix entre les coupures conservatrices de M. Poilievre, ou un espoir envers le futur porté par les néodémocrates », présente-t-il.

Mercredi, le chef de l’opposition officielle, Pierre Poilievre, a réitéré sa demande pressante envers Jagmeet Singh, mais aussi envers le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, de déclencher des élections au plus vite.

« À un moment donné, le Bloc va devoir décider, [tout comme] Jagmeet Singh : est-ce qu’ils voteront encore pour une 189e fois pour garder Justin Trudeau au pouvoir, et garder les dettes et les déficits en conséquence, ou est-ce qu’ils vont voter pour déclencher une élection sur la taxe carbone ? » a invité M. Poilievre à partir de la Colombie-Britannique.

Les dernières élections fédérales ont eu lieu le 20 septembre 2021. Elles ont porté les libéraux de Justin Trudeau au pouvoir pour un troisième mandat, un second en position minoritaire. Cela signifie que le gouvernement doit trouver au moins un autre parti d’opposition pour appuyer chacun de ses projets de loi.

De nouvelles élections peuvent être provoquées si une majorité de députés retirent leur confiance envers le gouvernement.

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