Ingérence : Singh accuse des parlementaires de « traîtrise » | RCI

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Contrairement à la cheffe du Parti vert, le leader néo-démocrate se dit « plus alarmé » après avoir lu un rapport secret qui accuse des parlementaires d’avoir sciemment aidé des acteurs étrangers.

Jagmeet Singh - Figure 1
Photo Radio Canada International

Rania Massoud

Hier à 20 h 35Mis à jour hier à 22 h 22

C’est une sortie médiatique fracassante qu’a faite le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, jeudi après-midi à Ottawa, pour faire part de ses conclusions après la lecture du rapport confidentiel du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement (nouvelle fenêtre) (CPSNR).

Ce rapport, dont une copie caviardée avait été rendue publique, allègue que certains députés ont commencé à aider sciemment des acteurs étatiques étrangers peu après leur élection, notamment en leur transmettant des informations confidentielles.

M. Singh a accusé, sans les nommer, des parlementaires de traîtrise et a dit avoir été lui-même la cible d’ingérence étrangère. Il n'a toutefois pas précisé s'il s'agissait de parlementaires actuels ou non.

Il a également accusé le premier ministre Justin Trudeau d’inaction face aux allégations d’ingérence étrangère, alors qu’il avait été mis au courant.

M. Singh a par ailleurs écorché le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, qui refuse d’obtenir la cote de sécurité nécessaire pour avoir accès aux documents secrets, lui reprochant de faire fi des allégations graves touchant son parti.

Jagmeet Singh - Figure 2
Photo Radio Canada International
Je suis plus alarmé aujourd'hui après avoir lu le rapport. Ce qui est clair pour moi, c’est que Justin Trudeau était au courant et n’a pas agi, et Pierre Poilievre ne veut même pas être informé des allégations graves touchant son parti. Pour moi, cela le disqualifie en tant que leader. Contradictions avec les conclusions d'Elizabeth May

La cheffe du Parti vert du Canada, Elizabeth May, s'était au contraire dite « soulagée » après avoir lu le rapport. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld

Le chef néo-démocrate a ainsi contredit la cheffe du Parti vert du Canada, Elizabeth May, qui a elle aussi eu accès à la version non caviardée du rapport du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement et qui, pour sa part, s’était dite « soulagée » après l'avoir lu (nouvelle fenêtre).

Mardi, Mme May a répété à plusieurs reprises qu'il n'existe aucune liste dans ce rapport faisant état de députés en exercice ayant collaboré en toute connaissance de cause avec un État étranger.

Elle a toutefois soulevé le cas d’un ancien parlementaire, dont le nom n’est pas mentionné dans le rapport, qui aurait sciemment transmis des informations privilégiées à un agent étranger. Cet individu était parfaitement conscient de ses actes [...] et devrait faire l'objet d'une enquête approfondie et être poursuivi en justice, a dit Mme May lors de sa conférence de presse.

Jagmeet Singh - Figure 3
Photo Radio Canada International

M. Singh a plutôt évoqué des parlementaires au pluriel.

Jagmeet Singh a accusé, sans les nommer, des parlementaires de « traîtrise ». (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

Après avoir lu ce rapport, je suis plus convaincu que jamais de ses conclusions selon lesquelles certains parlementaires participent, en partie ou de façon délibérée, aux efforts d'États étrangers visant à s'immiscer dans notre vie politique, a-t-il dit.

Il existe également des hommes politiques à tous les niveaux du gouvernement qui ont bénéficié de l’ingérence étrangère, a-t-il ajouté. Certains de ces comportements semblent absolument criminels et devraient faire l’objet de poursuites.

Appel aux chefs bloquiste et conservateur

À la question d'un journaliste qui lui a demandé s’il pense que les parlementaires auxquels il faisait allusion devraient être considérés comme des traîtres, M. Singh a répondu par l’affirmative.

Ce que font [ces parlementaires] n’est pas éthique. Dans certains cas, c’est illégal, et ils sont effectivement des traîtres.

Étant tenu au secret, M. Singh n’a cependant pas pu dire si ces députés siègent toujours à la Chambre des communes et quels partis ils représentaient.

Jagmeet Singh - Figure 4
Photo Radio Canada International

Le chef néo-démocrate a toutefois assuré qu’il ne compte écarter aucun membre de son propre caucus, mais il a appelé les chefs des autres partis qui ne l’ont pas déjà fait à obtenir une cote de sécurité afin de pouvoir lire le rapport non caviardé.

Yves-François Blanchet, chef du Bloc québécois, a dit qu'il avait « l'intention » de demander la cote de sécurité requise afin de pouvoir lire le rapport non caviardé.

Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld

M. Poilievre et le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, sont les seuls qui n’ont toujours pas lu ce rapport.

Mardi, M. Blanchet a dit qu’il avait l’intention de faire une demande pour obtenir une cote de sécurité et que le processus avait été lancé auprès du Conseil privé.

M. Poilievre, quant à lui, refuse de faire une telle demande, affirmant que cela limiterait son droit de s’exprimer et qu’il serait ainsi tenu au secret sur ce qu’il a appris.

Chaque responsable d'un parti politique devrait lire la version non caviardée [du rapport]. Nous devrions pouvoir discuter des mesures nécessaires à prendre en tant que leaders pour garantir que nos partis soient protégés de toute ingérence étrangère [...] et protéger ainsi notre démocratie.

Les conservateurs font pression depuis plusieurs jours sur le gouvernement de Justin Trudeau pour qu’il révèle au public les noms des députés qui figurent dans le rapport du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement.

Jagmeet Singh - Figure 5
Photo Radio Canada International

Les conservateurs de Pierre Poilievre font pression pour que le gouvernement révèle les noms des députés qui figurent dans le rapport.

Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld

Jeudi dernier, le ministre de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, (nouvelle fenêtre) a assuré à maintes reprises qu’il n’existe pas une liste de noms entièrement fiable de parlementaires ayant collaboré avec des acteurs étatiques étrangers.

Il a souligné que le rapport en question se base sur des documents de renseignement qui ne peuvent pas être considérés comme des preuves.

Une motion bloquiste visant à ce que la portée de l'enquête publique sur l'ingérence étrangère de la commissaire Marie-Josée Hogue soit élargie (nouvelle fenêtre) afin qu'elle se penche sur les allégations contenues dans le rapport du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement a par ailleurs été adoptée jeudi au Parlement.

Début mai, la commissaire Hogue a publié un rapport préliminaire (nouvelle fenêtre) qui affirme qu’il y a bien eu de l'ingérence étrangère lors des élections de 2019 et de 2021 mais que cela n'a pas eu d'incidence sur les résultats.

Elle a notamment ciblé la Chine et l’Inde comme étant les principaux pays responsables de l'ingérence étrangère au Canada.

Un rapport final devrait être remis en décembre 2024.

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