Qui était Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah tué par Israël?

Ennemi juré d'Israël, Sayyed Hassan Nasrallah, le secrétaire général du Hezbollah – mort après avoir été la cible d'une attaque israélienne –, évitait les apparitions publiques et vivait dans la clandestinité pour échapper à l'armée israélienne, et ce, depuis une vingtaine d’années.

Vivant caché depuis la dernière guerre entre Israël et sa formation, en 2006, il prononçait toutefois régulièrement des discours retransmis en direct et auxquels tout le Liban était suspendu. Orateur puissant qui maîtrisait l'arabe classique et le persan, il prononçait des discours ponctués de références à la restauration de la virilité arabe perdue.

Il apparaissait moins sombre que la plupart des religieux chiites et n'a jamais prôné de règles islamiques strictes comme le port du voile pour les femmes. Il faisait par ailleurs l'objet d'un véritable culte de la personnalité parmi ses partisans, majoritairement au sein de la communauté musulmane chiite, dont il était issu.

À la tête de cette impressionnante milice lourdement armée depuis sa création, il y a 32 ans, Hassan Nasrallah, qui était âgé de 64 ans, était l'homme le plus puissant du Liban, décidant ni plus ni moins de la guerre ou de la paix.

Le Hezbollah, classé comme organisation terroriste depuis 1997 par les États-Unis, a été formé par des membres des Gardiens de la révolution islamique iranienne arrivés au Liban à l'été 1982 pour combattre les forces d'invasion israéliennes. Il s'agit d'ailleurs du premier groupe que l'Iran a soutenu et utilisé comme moyen d'exporter sa doctrine d'islam politique.

Sous la direction de Nasrallah, le Hezbollah, un nom qui signifie Parti de Dieu, est devenu le groupe paramilitaire le plus puissant soutenu par l'Iran au Moyen-Orient avec un arsenal de missiles balistiques dirigés vers Israël.

Armé et financé par l'Iran, il a formé et soutenu les mouvements proches de Téhéran et a ainsi accru son influence non seulement au Liban mais également dans la région. Le Hezbollah est alors passé d'une milice fondée pour lutter contre les troupes israéliennes occupant le Liban à une force militaire plus puissante que l'armée libanaise elle-même.

En plus de pouvoir compter sur plus de 100 000 combattants et plus de 150 000 missiles, le Hezbollah dispose d’un réseau de télécommunications qui lui est propre. En comparaison, selon les plus récentes données de la Banque mondiale, qui datent de 2020, l'armée libanaise compte 80 000 hommes.

Acteur politique puissant au Liban, le Hezbollah est un agent de pouvoir dans la vie politique libanaise en plus d'être un fournisseur majeur de services de santé, d'éducation et de services sociaux.

Le Hezbollah est aujourd'hui considéré comme un atout important des alliés de l'Iran dans la région réunis au sein de ce qui est surnommé l'axe de la résistance, qui comprend des groupes armés en Irak, les rebelles houthis du Yémen, la Syrie ainsi que le Hamas palestinien.

Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza entre le Hamas et Israël, Hassan Nasrallah a appelé à la libération de Jérusalem, qualifiant Israël d'entité sioniste, et a salué les attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, les qualifiant d'opérations héroïques, grandes et grandioses. Il était d'avis qu'il devrait y avoir une seule Palestine avec une égalité pour les musulmans, les juifs et les chrétiens.

Dès le 8 octobre 2023, les combats jusque-là sporadiques entre le Hezbollah et Israël se sont intensifiés.

Si le Hezbollah a échangé des tirs d'artillerie avec Israël depuis le début de la guerre à Gaza, il a cependant hésité à déployer tout son arsenal puisque de nombreux Libanais, lassés par les problèmes économiques et par le chaos général, ne veulent pas d'une nouvelle guerre.

Outre des milices en Irak et au Yémen, le Hezbollah a notamment aidé à former des combattants du groupe armé palestinien Hamas.

Dans son dernier discours, le 19 septembre, M. Nasrallah a accusé Israël d'avoir fait exploser des milliers de téléavertisseurs et de combinés radio utilisés par les membres du Hezbollah, ce qui a tué 39 personnes, selon le bilan de la BBC, et en a blessé des milliers d'autres. Le châtiment viendra, a-t-il déclaré. La manière, l'ampleur, la façon et le lieu sont des choses que nous garderons certainement pour nous, dans les cercles les plus étroits, même parmi nous.

Hassan Nasrallah est né le 31 août 1960 dans une modeste famille de neuf enfants. Il a grandi dans le quartier de Karantina, composé d'Arméniens chrétiens, de Druzes, de Palestiniens et de chiites appauvris.

Adolescent, il a étudié la théologie dans la ville sainte chiite de Najaf, en Irak, mais il a dû partir lors de la vague de répression antichiite du président irakien de l'époque, Saddam Hussein.

De retour au Liban, il s'est engagé au sein du mouvement Amal, une organisation politique et paramilitaire chiite libanaise liée à l'Iran. Quelque temps plus tard, en 1982, il est devenu un des membres fondateurs du Hezbollah à la suite de l'invasion du Liban par Israël. Le Hezbollah a d'emblée eu pour but de lutter contre l'invasion des forces israéliennes et de mener le combat de la résistance islamique.

M. Nasrallah est devenu secrétaire général du groupe après que son prédécesseur, Sayed Abbas Moussaoui, a été tué par les forces israéliennes en 1992.

Marié, père de cinq enfants, Hassan Nasrallah arborait le turban noir des Sayyed, les descendants du prophète Mahomet dont il se réclamait.

M. Nasrallah est connu, selon la tradition arabe, sous le nom d'« Abu Hadi » ou « père de Hadi », du nom de son fils aîné, mort à 18 ans lors d'un échange de tirs avec les forces israéliennes en septembre 1997. La mort de son fils avait une fois de plus consolidé la stature de Hassan Nasrallah au Moyen-Orient.

Avec les informations de New York Times, Agence France-Presse, BBC News et NBC