Réflexion sur la fête des Pères : la force invisible des pères ...

18 Jun 2024
Fête des Pères

En tant que père de sept enfants, je me rappelle souvent des paroles gentilles que l'ancienne députée Jody Wilson-Raybould m'avait confiées lorsqu'elle avait appris que j'avais sept enfants : « Quelle bénédiction ». En effet, dans un monde où les enfants sont souvent considérés comme des fardeaux, ce sentiment résonne profondément. Le pire des jours avec vos enfants est meilleur qu'aucun jour sans eux.

En réfléchissant à mon propre parcours de père et à l’héritage complexe de mon père, James Gavin Ouellette Jr., je suis frappé par les chemins contrastés de présence et d'absence, d'amour et de perte.

Robert Falcon Ouellette est un anthropologue originaire de la nation crie Red Pheasant, en Saskatchewan. Il se spécialise dans les domaines de l'éducation autochtone, de l'éthique militaire et des sciences politiques. Il détient un doctorat et deux maîtrises de l'Université Laval. Il a également servi au sein des Forces armées canadiennes et a été député libéral fédéral de Winnipeg-Centre de 2015 à 2019. Il est aujourd'hui professeur agrégé à la Faculté d'éducation de l'Université d'Ottawa.

L'héritage de Mon Père

James Gavin Ouellette Jr. était le premier enfant d'une famille de 13, né le 2 septembre 1939, de James Gavin Ouellette Sr. et Maria-Henrietta Wuttunee. Son grand-père, un Métis canadien-français, a combattu dans la guerre du Nord-Ouest de 1885, à Bâtoche, tandis que sa mère, une femme crie, faisait partie des premières générations d'enfants autochtones forcés dans les pensionnats. Cet héritage douloureux a profondément marqué la vie de mon père.

Après la naissance de mon père, Ouellette Sr. s'est enrôlé dans la Seconde Guerre mondiale, cherchant l'aventure et un salaire régulier, laissant sa jeune famille se débrouiller seule. Mon père racontait souvent qu'il volait des pommes de terre aux fermiers locaux à l'âge de quatre ans, poussé par la faim et le désespoir. À six ans, il a été envoyé dans un pensionnat catholique, une expérience dont il parlait rarement, mais qui a sans doute laissé des cicatrices profondes.

Adolescent, il a travaillé à divers emplois à travers le pays, se mariant trois fois et devenant père de trois fils, dont moi-même. Malgré sa lutte contre l'alcoolisme, il aspirait à s'améliorer et à soutenir sa famille. Son rêve de devenir avocat, encouragé par son oncle, Bill Wuttunee, l'un des premiers avocats autochtones au Canada et président du Conseil national des Indiens, a été interrompu par ses démons personnels.

Il a abandonné ses cours de droit à l'Université de Calgary et s'est enfoncé dans une vie d'alcoolisme, de drogues, de violence et de moments très difficiles. Il a été un membre fondateur des gangs de rue toujours présents à Saskatoon et Regina. Il a été poignardé et même abattu, se traînant à l'hôpital Foothills de Calgary. Ma mère préférait une vie de mère célibataire avec deux enfants, étant parfois sans abri; nous appelions cela camper. Si seulement il avait terminé ses études, notre vie aurait-elle été plus facile et meilleure?

L'histoire de mon père est celle d'une survie malgré l'adversité, un reflet de l'expérience autochtone. Il est mort à 67 ans, l'âge moyen pour un homme autochtone, avec de nombreux rêves non réalisés, des émotions non dites, mais aussi avec un héritage familial de résilience.

La bénédiction de la paternité

En tant que père de sept enfants, mon expérience contraste fortement avec celle de mon père. Chaque moment avec mes enfants est chéri, chaque étape célébrée. Ils ne sont pas des fardeaux, mais une bénédiction, chacun apportant la joie et des défis uniques. Mes enfants sont ma fondation, leur rire et leur curiosité me rappellent constamment l'importance de l'amour et de la présence.

Pourtant, la réalité pour de nombreux pères autochtones est très différente. Les statistiques montrent que les enfants autochtones sont plus susceptibles de grandir sans leur père, un héritage de la colonisation, du racisme systémique et des défis socio-économiques. Cette absence ne reflète pas un manque d'amour, mais plutôt l'impact cumulatif des injustices passées et présentes.

Comprendre l'absence

Pourquoi tant de pères sont-ils absents? Les réponses se trouvent dans notre histoire collective. Les pensionnats, la Rafle des années soixante et les interventions continues des services de protection de l'enfance ont perturbé les familles autochtones pendant des générations. L'histoire de ma propre famille en est un témoignage. La lutte de mon père avec son identité, ne se sentant ni pleinement accepté dans le monde blanc ni dans le monde autochtone, et sa bataille contre l'alcoolisme, sont des reflets de ces problèmes plus larges.

Mais l'absence ne signifie pas un manque d'amour ou de valeur. Mon père, malgré ses défauts et ses échecs, m'a appris la résilience et la survie. Sa vie, bien que remplie de douleur et de perte, était également marquée par des moments d'amour et de soins. Il était un survivant d'un système conçu pour effacer notre culture et notre identité, et à sa manière, il a résisté.

Aller de l'avant

En célébrant la fête des Pères, honorons la complexité de la paternité autochtone. Reconnaissons les pères ou les pères adoptifs, qui sont présents, qui élèvent leurs enfants et transmettent des traditions et de la sagesse. Souvenons-nous aussi de ceux qui sont absents, reconnaissant le chemin qu'ils doivent parcourir.

Comme l’a dit mon défunt père, Je suis votre phare sur des rochers peu profonds. Je suis votre nohtâwiy (père). Sa vie n’a pas été vécue en vain, mais sert de rappel des écueils à éviter. En tant que père, je m'efforce d'être présent pour mes enfants, Xavier, Jacob, Édouard, Julien, Abigaelle, Luna et Falcon, de les guider avec amour et sagesse, et d'honorer l'héritage de ceux qui nous ont précédés.

miyo-ohtâwîmâwi-kîsikanisi (Joyeuse fête des Pères).

RFO

Miyo-ohtâwîmâwi-kîsikanisi, à nos pères aimés,
Votre force et votre amour jamais oubliés.
Malgré les épreuves, vous nous guidez,
Dans nos cœurs, votre lumière toujours brille.

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