Hélène Dorion au programme du bac en France

11 days ago
France

C’est le temps des examens du secondaire au Québec comme en France. Là-bas, la poète québécoise Hélène Dorion figure au programme du baccalauréat de français, très exigeante épreuve préuniversitaire par laquelle des milliers de lycéens doivent obligatoirement passer. Cet insigne honneur clôt une année faste pour le rayonnement de la littérature québécoise de l’autre côté de l’Atlantique Nord.

« Mes forêts/racontent une histoire » : voilà les quelques mots de Dorion que de nombreux jeunes Français ont eu à analyser dans le cadre d’une dissertation pour obtenir le baccalauréat. Ces vers sont tirés de Mes forêts, première oeuvre québécoise à figurer au programme de cette épreuve. C’est aussi la première fois qu’une femme rejoint le club sélect des auteurs encore vivants à être étudiés.

« Je ne l’attendais vraiment pas, dit l’autrice interviewée par Le Devoir. Personne ne s’attendait à ça. C’est une aventure unique et assez extraordinaire que je vis. »

Cette marque de consécration par l’une des plus anciennes institutions de l’Hexagone pose un jalon de plus sur la voie de la reconnaissance de la littérature d’ici par le Vieux Continent, et de Mme Dorion en particulier. Le « baccalauréat » correspond en France à un diplôme de fin de lycée, dont les deux dernières années de formation équivalent à peu près au cégep québécois. Le concept du baccalauréat existe en France depuis des centaines d’années : coïncidant avec la fondation de l’université de Paris, son histoire remonte jusqu’au XIIIe siècle. Il a évidemment subi de nombreuses réformes depuis, notamment celle de Napoléon 1er , après la Révolution française.

Si la réussite de cette série d’évaluations n’a jamais été le gage absolu du succès — Émile Zola, entre autres célébrités, l’a échouée deux fois avant de lâcher le morceau —, le baccalauréat français fournit encore aujourd’hui le sésame pour accéder aux études supérieures. Les épreuves littéraires ont été passées la semaine dernière. Les notes très attendues seront remises en juillet.

« La veille, j’avais un peu l’impression que j’allais passer l’examen avec [les candidats], avoue Mme Dorion. J’étais un peu nerveuse. C’est pas évident, ce sont des questions qui ne sont pas forcément faciles. »

Comme d’habitude, les grands médias ont publié les questionnaires et des propositions de corrigés. Dans Le Monde, le professeur Loïc Collot s’est attelé au plan de dissertation sur les vers de la poète québécoise. « On peut lire dans le recueil d’Hélène Dorion une multiplicité de descriptions de la forêt qui ont toutes pour point commun la vision personnelle de la poète, comme l’indique le déterminant “mes”, analyse le professeur Collot. Cette multiplicité dépasse largement la description d’un simple lieu naturel. La forêt est prise comme une métaphore très large qui permet de réécrire des histoires, celle du monde, celle des hommes, celle de son expérience intime. »

Hélène Dorion cumule déjà de nombreuses distinctions, dont le prix du Gouverneur général du Canada (2006), le prix Athanase-David (2019) au Québec et le Mallarmé (2005) en France. « L’inscription de mon recueil au programme du bac est évidemment pour moi un immense privilège : mes forêts sont devenues celles des élèves », commente l’autrice qui sera lue par environ 1,5 million de lycéens pendant les trois années où elle figurera au programme.

Si le milieu littéraire québécois se targue d’une autonomie de plus en plus solide à l’égard de son homologue français, la reconnaissance du premier par le second demeure une source de capital symbolique important. À preuve, la fierté médiatique et collective quand Kevin Lambert a obtenu le prix Médicis en novembre, et quand Éric Chacour a remporté en mai le 70e Prix des librairies de France. Le Québec a en plus su faire rayonner sa littérature par son statut d’invité d’honneur au Festival du livre de Paris, ce printemps.

« Ils ne m’ont pas choisie parce que je suis québécoise, ni parce que je suis une femme, nuance la poète. Ils ont choisi un texte. L’aspect québécois n’a que très peu compté. Ce que j’ai senti, c’est un désir d’aller vers la poésie. »

Mark Fortier, éditeur chez Lux, maison d’édition montréalaise, remarque également une ouverture grandissante pour les essayistes québécois en France dans les 20 dernières années. Il souligne toutefois que « la véritable percée, du point de vue de l’édition, du livre en général, de la culture au sens large, ce sera lorsque les Français seront publiés par des Québécois. Et non l’inverse. Là, on sera sortis de l’esprit provincial qui est encore trop souvent le nôtre ».

Vous avez dit Ageism ?

« Ageism » ou « aging » ? « Âgisme » ou « vieillissement » ? La confusion a régné dans l’épreuve ministérielle de programme enrichi d’anglais destinée aux élèves québécois jeudi dernier. Par communiqué envoyé au personnel responsable, le ministère de l’Éducation a décidé de modifier les critères de correction de l’examen en conséquence, pour tenir compte de l’ambiguïté. Cette procédure ministérielle est rare. Dans le cadre de l’examen, les jeunes ont lu des textes portant sur divers aspects liés au vieillissement, puis devaient répondre à la tâche : « Examine why countering ageism is a challenge. [Examinez pourquoi contrer l’âgisme est un défi]. » Le ministère demande au personnel chargé de la correction de considérer les réponses portant tant sur le vieillissement que sur l’âgisme.

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