Tournoi de Madrid | Félix Auger-Aliassime vaincu, mais sur la bonne ...

13 days ago

Félix Auger-Aliassime aurait-il accédé à la finale du tournoi de Madrid, n’eût été le forfait de Jannik Sinner en quart de finale ? Personne ne le saura jamais.

Felix Auger-Aliassime - Figure 1
Photo La Presse

Publié à 15h36 Mis à jour à 16h56

La réponse à la question demeure la même si on remplace le nom de Sinner par ceux des Tchèques Jakub Menšík et Jiří Lehečka, qui ont abandonné en plein match face au Québécois plus tôt cette semaine. Chose certaine, il s’est battu dignement contre Andrey Rublev, dimanche, dans une défaite crève-cœur.

Le pointage final de 4-6, 7-5 et 7-5 en faveur du Russe illustre parfaitement l’allure du match.

En entame, Auger-Aliassime a été conquérant, batailleur et déterminé. On était en droit de s’attendre à un tel début de rencontre du jeune homme de 22 ans, car il s’était économisé au cours des derniers jours. Trois de ses quatre derniers duels s’étaient soldés par l’abandon de son adversaire. Il avait passé seulement 6 h 38 min sur la terre rougeâtre de la capitale espagnole, une heure de moins que son opposant en finale.

D’ailleurs, Rublev avait lui aussi été incommodé par des pépins physiques dans les derniers jours. Il connaissait aussi un très mauvais début de saison sur terre battue, surface sur laquelle il comptait déjà cinq titres.

Bref, cette occasion était immense pour Auger-Aliassime, également motivé par sa première présence en finale d’un tournoi de catégorie Masters 1000, la plus prestigieuse après la série Grand Chelem.

PHOTO THOMAS COEX, AGENCE FRANCE-PRESSE

Félix Auger-Aliassime a imposé son rythme en première manche.

Felix Auger-Aliassime - Figure 2
Photo La Presse

Dès le début du match, vêtu de son uniforme tout jaune, le Québécois a imposé son rythme de manière dictatoriale. Rarement auparavant on l’avait vu aussi autoritaire. Surtout en première manche. Tout lui réussissait. Son revers, qu’il ne déployait pas constamment en croisé comme il en a l’habitude, ses premières balles de service et ses schémas de jeu lui ont permis de prendre les devants 4-1 très rapidement. À ce moment, il avait déjà brisé Rublev à deux reprises.

D’ailleurs, ce dernier paraissait éteint. Son exécution était brouillonne et son jeu au service était méconnaissable. Très tôt, il a été poussé dans les câbles. Auger-Aliassime trouvait le moyen de le terrasser de différentes manières, que ce soit avec un crochet dans les côtes, un uppercut en plein menton ou un jab sur le bout du nez.

Le 35e joueur mondial, habile et offensif sur les deuxièmes balles de son adversaire, semblait filer vers une victoire facile. Jusqu’à ce que la huitième raquette mondiale sorte de sa torpeur au sixième jeu.

Le retour de Rublev

Auger-Aliassime a remporté la première manche au compte de 6-4 en 48 minutes, mais ça aurait pu être plié beaucoup plus rapidement. Il menait 40-0 à 4-1, pour finalement perdre le point. Un accrochage anodin et presque anecdotique à ce moment de la rencontre, mais ultimement, c’est à partir de ce jeu que Rublev s’est animé, comme un pitbull à qui on venait de retirer sa muselière.

Même si Auger-Aliassime avait bien peu de choses à se reprocher, le Russe s’est remis à servir dans ses standards. En retour, il était impassible, ses balles étaient lourdes et profondes. Puis, son effort était davantage soutenu dans les échanges.

On assistait finalement au match auquel on était en droit de s’attendre.

Felix Auger-Aliassime - Figure 3
Photo La Presse

PHOTO PIERRE-PHILIPPE MARCOU, AGENCE FRANCE-PRESSE

Andrey Rublev

Visiblement, la pression exercée par Rublev a usé Auger-Aliassime. Le massothérapeute venait lui rendre visite à chaque changement de côté en troisième manche, il arrivait en retard sur certaines balles de fond et son deuxième service l’a complètement lâché. C’est d’ailleurs sur une double faute qu’il a offert le titre à son rival au bout de 2 h 47 min.

Belle progression

Le résultat aura sans doute des répercussions sur le moral d’Auger-Aliassime dans les jours à venir, car il est parvenu brièvement à contrôler ce match. Mais c’est quand même sa dixième défaite en finale.

Toutefois, dans la manière, celui qui pointera au 20e rang du classement dès lundi pourra construire sur cette performance. Il est à des années-lumière du joueur qu’il était lors de sa dernière défaite en finale, à Marseille en 2022, justement contre Rublev.

Dimanche, on lui a découvert des qualités de tacticien insoupçonnées, mais on a surtout vu un joueur ambitieux de retrouver sa touche et désireux de reprendre la place qui lui convient au classement.

Encouragé, impliqué et tenace, Auger-Aliassime paraît de plus en plus à l’aise dans les moments de tension. Il n’a pas hésité à frapper la ligne du revers dans les derniers instants du match, ou à enchaîner des services-volées et des amortis. Même si ça n’a pas toujours payé, l’intention y était.

Dans cette saison aux mille déceptions pour le grand gaillard, cette présence en finale est salvatrice.

PHOTO MANU FERNANDEZ, ASSOCIATED PRESS

Félix Auger-Aliassime et Andrey Rublev après le match

Même si ses détracteurs n’hésiteront pas à revenir à la charge avec l’argument des trois abandons comme s’il s’agissait d’une carte « +4 » au UNO, les derniers jours ont été formateurs et révélateurs pour Auger-Aliassime.

Il a vaincu Casper Ruud, cinquième tête de série et spécialiste de la terre battue, en deux manches, en plus de donner du fil à retorde en finale à Rublev, double champion en Masters 1000 sur la surface.

Dans une certaine mesure, la différence avec Rublev et lui était marquée. Que ce soit en matière de talent – Rublev grimpera au sixième rang lundi –, de rythme – il venait de battre Taylor Fritz et Carlos Alcaraz – ou d’expérience – il a quatre ans et dix titres de plus qu’Auger-Aliassime.

Mais le Québécois est sur la bonne voie. Un ou deux coups de chance, une finale inespérée, mais surtout la certitude qu’il peut toujours rivaliser avec les meilleurs joueurs au monde.

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