Québec ordonne une enquête sur 11 enseignants d'une école ...

6 days ago

Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, ordonne la tenue d’une enquête sur un groupe de 11 enseignants de l’école primaire Bedford, dans l’arrondissement Côte-des-Neiges à Montréal, qui faisait régner un climat toxique de peur et d’intimidation au sein de l’établissement, selon un rapport remis au ministre.

Ecole Bedford - Figure 1
Photo ICI.Radio-Canada.ca

C’est une série de reportages diffusés en 2023 sur les ondes du 98,5 FM et du groupe Cogeco rapportant la présence d’un climat de peur et d’intimidation à l'école Bedford qui avait incité le ministère de l’Éducation à se pencher sur ces allégations.

Or, dans le rapport d’enquête remis au ministre, les auteurs confirment l’existence de ce climat toxique et soulèvent d’importantes préoccupations à l'égard de ce clan au sein des enseignants de l’établissement qui y faisaient, pour ainsi dire, la pluie et le beau temps.

Le rapport d’enquête témoigne de faits troublants concernant des gestes et des comportements qui soulèvent des inquiétudes quant à la sécurité physique et psychologique des élèves, écrit le ministère de l’Éducation.

Les enquêteurs ont constaté la présence d’un climat de peur et d’intimidation instauré par un "clan dominant".

On reproche notamment à ce groupe d’enseignants d’avoir eu recours à des techniques d’intimidation et d’humiliation, ainsi qu'à de la violence physique et psychologique envers certains élèves et membres du personnel. On leur reproche aussi des gestes d’insubordination et d’incivilité.

Certains enseignants ne reconnaissaient pas l’existence des troubles d’apprentissage et exerçaient une pression indue sur les jeunes en difficulté, qui recevaient des punitions pour leur incapacité à suivre le rythme des autres élèves.

L’accès aux classes est refusé ou dissuadé, ce qui rend impossibles certains suivis ou observations auprès notamment d’élèves qui ont des besoins particuliers.

Certains enseignants croient qu’ils seront en mesure de contrer les difficultés de certains élèves par une discipline et une exercisation excessive. Ils agissent en pensant "casser" l’élève et lui faire retrouver le droit chemin.

Des matières peu ou pas enseignées

L'école primaire Bedford est située dans l'arrondissement Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, à Montréal.

Photo : Radio-Canada / Google

Selon les enquêteurs, le clan dominant, qui était majoritairement composé d’enseignants d’origine maghrébine, n’enseignait pas ou très peu les matières relatives à la communication orale, aux sciences et technologies, à l’éthique et à la culture religieuse ainsi qu'à l’éducation à la sexualité.

On reproche également à certains de ces enseignants de s’être ingérés dans le processus de gouvernance de l’école, notamment en assumant des responsabilités qui relèvent de la direction de l’établissement et du conseil d’établissement.

Les enquêteurs précisent cependant qu’un autre groupe d’enseignants, qui s’opposait à ce clan, comprenait également des professeurs d’origine maghrébine. Il serait fautif de conclure qu’un individu d’origine maghrébine, enseignant à l’école Bedford, soit nécessairement associé au clan dominant, préviennent les auteurs du rapport.

Cette opposition entre clan dominant et clan minoritaire, c’était une opposition de nature idéologique, une opposition de vision de l’éducation.

En terme d'ingérence, on déplore le recours du clan à des moyens non syndicaux pour faire pression sur la direction de l'établissement.

Le rapport fait notamment référence à un événement survenu en décembre 2021, alors qu’une mesure disciplinaire avait été remise en réponse à des actions d’insubordination et à des problèmes d’attitude relativement aux moyens mis en place afin de redresser la situation du climat à l’école.

En réaction à cette mesure disciplinaire, une délégation composée de 11 enseignants, selon l’estimation de témoins, s’est attroupé autour du directeur de l’école afin de lui lire une lettre demandant le retrait de cette mesure disciplinaire. Non seulement cette demande constitue une tentative d’ingérence dans un processus disciplinaire, mais également une tentative d’intimidation, relate le document de près de 90 pages.

Devant un tel constat, le ministère de l’Éducation annonce quatre mesures, dont l’envoi de deux accompagnateurs du ministère à l’école Bedford. Leur mandat consistera à soumettre au gouvernement un plan pour rétablir un climat sain et sécuritaire au sein de l’institution, à s’assurer de la compétence des enseignants et à régler les problèmes d’ingérence du personnel enseignant dans la gestion de l’école.

Des comités d'enquête devront déterminer si les 11 enseignants visés par l'enquête ont commis une faute grave ou un acte dérogatoire à l’honneur ou à la dignité de la profession enseignante dans l’exercice de leurs fonctions. Ces derniers sont passibles de perdre leur brevet d’enseignement.

En entrevue sur les ondes d'ICI RDI, le ministre de l'Éducation Bernard Drainville a expliqué qu'avant de prendre des sanctions ou imposer des suspensions, il doit attendre le résultat des enquêtes portant sur les 11 enseignants visés afin d'établir les responsabilités de chacun.

Trois autres écoles visées

Le ministre Drainville annonce également que des vérifications seront aussi faites dans trois autres écoles du Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM), soit les écoles primaires Saint-Pascal-Baylon et Bienville ainsi que l'école secondaire La Voie.

Ces mandats de vérification sont rendus nécessaires parce que des informations supplémentaires portant sur des enjeux et des problématiques similaires à celles signalées à l’école Bedford nous sont parvenues dans la foulée de l’enquête sur cette dernière, explique-t-on.

Enfin, le ministre demande à la direction générale du CSSDM d’utiliser tous les leviers dont elle dispose, y compris les leviers juridiques, afin que les conseils d’établissement des écoles concernées respectent leur obligation selon laquelle toute décision doit être prise dans le meilleur intérêt des élèves et du personnel.

L’école existe pour nos élèves. Leur intérêt et leurs besoins doivent primer en tout temps et dans toutes les écoles du Québec. Je ne ferai aucun compromis là-dessus. Force est de constater que ce n’est pas le cas à l’école Bedford et c’est pourquoi on doit agir et poser des gestes forts pour que ça change.

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