Le cas de Bedford mène à des enquêtes dans trois autres écoles

6 days ago
Ecole Bedford

L’enquête menée à l’école primaire Bedford de Montréal, où sévissaient des pratiques éducatives inadéquates, amène le ministère de l’Éducation à faire des vérifications dans trois autres établissements de la métropole.

Il s’agit des écoles Saint-Pascal-Baylon (primaire), Bienville (primaire) et La Voie (secondaire), qui relèvent toutes du Centre de services scolaire de Montréal.

Le cabinet du ministre est resté très vague sur les motifs qui l’ont poussé à déclencher ces nouvelles enquêtes. Les écoles Saint-Pascal-Baylon et La Voie sont situées à proximité de l’école Bedford, dans l’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce. L’école Bienville se trouve, quant à elle, à Montréal-Nord.

« Les vérifications visent principalement le climat au sein de ces écoles ainsi que de possibles ingérences dans les instances de gouvernance », a fait savoir le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, par communiqué.

Le ministre a également rendu public vendredi un rapport d’enquête dévastateur sur la situation à l’école Bedford, où un « clan dominant » de professeurs avait instauré « un climat de peur et d’intimidation ».

« Les enquêteurs ont rapporté que certaines matières n’étaient pas enseignées ou très peu à l’école Bedford, signale le ministère. Des lacunes ont été identifiées dans l’enseignement de la communication orale, des sciences et de la technologie, de l’éthique et culture religieuse et de l’éducation à la sexualité. »

Le ministère de l’Éducation avait lancé cette enquête sur l’école après la diffusion, en 2023, d’une série de reportages de la journaliste Valérie Lebeuf, de la station de radio 98,5 FM.

Une approche « traditionnelle »

Adeptes d’une vision « traditionnelle » de l’éducation, les professeurs mis en cause se refusaient à toute critique et avaient créé une sorte d’emprise sur l’école « au détriment de la qualité des services éducatifs », selon le rapport.

Cette vision « traditionnelle » reposait sur des cours « magistraux » (où le professeur parle devant les élèves) basés strictement sur des manuels, sans possibilité, par exemple, qu’il y ait des activités en groupe ou par projets.

Or, cette approche est particulièrement inadéquate pour les élèves allophones, soulignent les auteurs, qui mentionnent que moins de 20 % des élèves de Bedford parlent français à la maison.

« Pour plusieurs élèves, l’école est le seul milieu qu’ils fréquentent dans lequel ils peuvent pratiquer le français. En ce sens, ils ont besoin que les occasions de parler soient les plus nombreuses possibles, ce qui est incompatible avec les méthodes traditionnelles qui valorisent l’enseignement magistral. »

Plusieurs enseignants refusaient en outre des services complémentaires de l’école, notamment pour les enfants ayant des besoins particuliers. Selon un témoin entendu dans un des reportages de Mme Lebeuf, pour ces enseignants, « les enfants en difficulté seraient en fait des enfants faisant preuve de paresse, de caprice et ne voulant pas donner les efforts nécessaires. Il fut également mentionné que selon certains enseignants, le TSA n’existe pas ».

Les faits rapportés s’étirent sur plusieurs années à partir de 2017-2018.

Des conflits idéologiques plus que culturels

Selon les auteurs du rapport, on aurait tort de voir dans les tensions à Bedford une confrontation entre deux cultures. « Bien que le clan majoritaire soit surtout composé de personnes d’origine maghrébine, des personnes d’autres origines y sont aussi associées. Également, le clan minoritaire est lui aussi composé en partie d’individus d’origine maghrébine, incluant certaines des plus fortes oppositions au clan majoritaire. »

« Bien que le volet culturel puisse expliquer certaines de ces divergences d’opinions […] , les enquêteurs les ont davantage considérés comme des clans en opposition d’idéologies et de visions. »

Le rapport a convaincu le ministère de soumettre onze professeurs à des comités d’enquête, qui devront notamment établir s’ils peuvent ou non conserver leur brevet d’enseignement.

Deux « accompagnateurs » seront également dépêchés à l’école pour élaborer un plan visant à régler les problèmes internes, soit à rétablir le climat, assurer la qualité de l’enseignement et mettre un terme à « l’ingérence du personnel enseignant dans la gestion de l’école ».

Le plan devra être achevé pour le 30 novembre.

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