Climat toxique à l'école Bedford : Marwah Rizqy réclame le départ ...

2 days ago

La députée libérale Marwah Rizqy accuse la directrice générale du Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM), Isabelle Gélinas, de mentir lorsqu'elle dit avoir fait appel au ministère de l’Éducation pour qu'il mette de l’ordre à l’école primaire Bedford, dans le quartier Côte-des-Neiges à Montréal, où règne, selon un rapport d'enquête, un climat toxique de peur et d’intimidation.

Ecole Bedford - Figure 1
Photo ICI.Radio-Canada.ca

En entrevue au Téléjournal 18 h de Radio-Canada, Mme Rizqy a dit ne plus avoir confiance en Mme Gélinas et a réclamé son départ.

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L'école primaire Bedford est située dans l'arrondissement Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, à Montréal.

Photo : Radio-Canada / Google

Plus tôt, dans une publication sur X, l’élue libérale affirmait qu'elle avait confronté Mme Gélinas et que celle-ci avait fait de l'aveuglement volontaire.

Elle n’est pas la femme de la situation, elle fait partie du problème! Contrairement à ce qu’elle affirme, elle n’a pas demandé d’enquête, c’est moi qui l’ai demandée et elle n’en voulait pas.

En entrevue à l'émission Tout un matin à ICI Première, mardi, la directrice générale du CSSDM a soutenu que les choses allaient mieux depuis un an et demi, depuis qu’on a demandé au ministère de l’Éducation d’intervenir.

Mme Rizqy a publié sur X une lettre qu’elle avait elle-même envoyée le 15 juin 2023 au ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, pour attirer son attention sur la situation qui prévalait à l'école Bedford.

Peu avant 16 h, le cabinet du ministre de l'Éducation a fait parvenir une brève déclaration écrite à Radio-Canada, dans laquelle il réitère sa confiance en Isabelle Gélinas.

Le ministre Drainville rappelle que la directrice générale du CSSDM aura à travailler avec les deux accompagnateurs dépêchés sur place pour la mise en œuvre du plan d’action qui vise à rétablir un climat sain et sécuritaire à Bedford.

Les trois objectifs du plan sont de :

rétablir un milieu d’apprentissage sain et sécuritaire;s’assurer de la compétence des enseignants;régler les problèmes d’ingérence du personnel enseignant dans la gestion de l’école.

Selon Isabelle Gélinas, les accompagnateurs devront élaborer leur plan d’action d’ici le 30 novembre, et celui-ci devrait se mettre en branle dans l’année qui suit.

Ecole Bedford - Figure 2
Photo ICI.Radio-Canada.ca
Faits reprochés

Un rapport d’enquête remis au ministre de l'Éducation a fait état d’un clan dominant de 11 enseignants qui fait la pluie et le beau temps dans cette école primaire. Un climat de peur et d’intimidation, où la sécurité physique et psychologique des élèves était affectée, a été instauré par le groupe, selon le rapport.

Parmi les nombreux gestes problématiques recensés, on note des actes d’intimidation, d’insubordination ou encore d’incivilité.

Des enseignants de ce noyau dur punissaient notamment des élèves atteints de troubles d’apprentissage, incapables de suivre le rythme, parce qu’ils ne reconnaissaient pas les diagnostics de ces élèves.

[P]lusieurs enseignants refusent l’accès à leur classe à toutes les ressources complémentaires de l’école. Certains vont même jusqu’à entraver la surveillance en obstruant les fenêtres des portes ou les fenêtres intérieures pour les classes qui en sont dotées.

L’enseignement de la sexualité, de la culture religieuse, des sciences et technologies, et de la communication orale était délaissé, au gré de l’humeur de ces enseignants.

Un groupe de 11 enseignants aurait, dans une autre instance, approché en bloc le directeur de l’école pour lui demander de retirer une mesure disciplinaire qui avait été remise en place en raison d’insubordination et de problèmes d’attitude en lien avec les moyens pour assainir le climat à l’école.

Le rapport complet, de plus de 90 pages, (Nouvelle fenêtre) peut être consulté en ligne.

Long processus

Les 11 enseignants identifiés comme la source du climat malsain qui règne à l’école Bedford sont toujours en poste.

Selon Isabelle Gélinas, le comité d’enquête du ministère de l’Éducation déterminera dans les prochains jours si ces enseignants seront écartés pour la durée des procédures.

Ecole Bedford - Figure 3
Photo ICI.Radio-Canada.ca

Isabelle Gélinas, directrice générale du Centre de services scolaires de Montréal.

Photo : Radio-Canada / Nicolas Chentrier

On n’a pas, nous, actuellement, de levier pour faire en sorte qu’ils soient suspendus, justifie-t-elle. Si la directrice du centre de services scolaire espère que la situation sera réglée une bonne fois pour toutes, c’est que ce n’est pas la première fois que des moyens sont pris pour assainir le climat dans cette école.

Beaucoup de choses ont été faites à l’école au fil du temps, mais malheureusement, ça ne dure pas, admet-elle. D’une année à l’autre, on perdait le fil des suivis.

La directrice générale a admis depuis longtemps qu'elle n'a pas été en mesure de corroborer certains faits rapportés dans les médias et que c'est la raison pour laquelle elle a fait appel au ministère.

La FAE « ne cautionne pas ce qui s'est passé »

La Fédération autonome de l'enseignement (FAE), qui regroupe des syndicats représentant des enseignants, a réagi mardi.

Le rapport, il est accablant, s'est exclamée la présidente de la FAE, Mélanie Hubert, en entrevue avec La Presse canadienne mardi. C'est difficile de concevoir qu'en 2024, dans nos écoles publiques, des situations comme ça puissent perdurer aussi longtemps, a-t-elle lancé.

La présidente déplore aussi le fait que le principe de l'autonomie professionnelle ait été invoqué par certains enseignants de cette école qui refusaient, par exemple, de discuter de pédagogie, de leurs méthodes d'enseignement.

La présidente de la FAE, Mélanie Hubert.

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

L'autonomie professionnelle, ce n'est pas pouvoir faire ce qu'on veut, quand on veut et de ne pas avoir de comptes à rendre à personne. Au contraire, l'autonomie professionnelle s'exerce dans le respect des encadrements légaux qui sont les nôtres, assure Mélanie Hubert, qui cite le régime pédagogique et les programmes d'études.

La présidente rappelle que sa fédération a justement revendiqué que les élèves ayant des difficultés d'apprentissage ou d'adaptation obtiennent l'aide nécessaire de la part de professionnels qualifiés, comme des orthophonistes.

Trois autres écoles examinées

Trois autres écoles du CSSDM feront l’objet de vérifications, soit les écoles primaires Saint-Pascal-Baylon et Bienville, de même que l'école secondaire La Voie.

Selon le ministre Drainville, des informations supplémentaires portant sur des problématiques similaires à celles signalées à l’école Bedford ont été décelées lors de l’enquête sur cette école.

Avec les informations de Tout un matin et de La Presse canadienne

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