Qui a peur d’une éclipse solaire ? L’Association de l’enseignement des sciences et de la technologie (AESTQ) lance mercredi un « sérieux cri d’alarme » pour dénoncer certains centres de services scolaires, qui entendent fermer leurs écoles le 8 avril prochain. Une décision qui fait primer « l’ignorance » plutôt que la science, dit-on.
Au cours des dernières semaines, plusieurs centres de services scolaires ont annoncé qu’ils allaient fermer leurs écoles le 8 avril prochain, alors qu’une éclipse solaire totale sera observée.
Il s’agit d’une décision qui « prive injustement les élèves québécois d’une occasion éducative exceptionnelle », dénonce l’AESTQ.
Plusieurs centres de services scolaires de l’Outaouais, des Laurentides et de l’Estrie, entre autres, ont pris la décision de déplacer une journée pédagogique à cette date. Selon l’endroit où on se trouve au Québec, l’heure de l’éclipse varie, mais son maximum sera aux environs de 15 h 30, heure à laquelle plusieurs élèves quittent l’école.
Le dernier centre de services en date à l’annoncer est celui de Laval, qui l’a fait ce mercredi.
L’éclipse « présente d’importants risques à la santé oculaire si [elle] est observée sans le matériel approprié », écrit-on aux parents.
« Considérant que l’heure de passage de l’éclipse correspond à la période du retour à la maison, nous ne pouvons assurer la supervision nécessaire de tous nos élèves qui seront en déplacement », poursuit le centre de services scolaire.
Quelle est la différence entre la fin d’une journée de classe et la fin d’une journée pédagogique ?
« Les élèves qui fréquentent le service de garde ne peuvent pas retourner à la maison seuls. Les parents (ou autres adultes désignés) doivent venir les chercher à l’école », nous répond Nadyne Brochu, responsable des communications au centre de services scolaire de la Rivière-du-Nord.
« Le problème comme tel n’est pas tant l’éclipse, mais plutôt le moment de la journée où elle aura lieu. Beaucoup trop d’élèves sont dehors sur les trottoirs ou dans les autobus et non accompagnés d’un adulte pour les superviser à ce moment précis de la journée », poursuit Mme Brochu.
L’AESTQ estime qu’empêcher les jeunes de regarder l’éclipse solaire totale dans un contexte scolaire, « va à l’encontre des objectifs fondamentaux de l’éducation, qui visent à stimuler la curiosité, l’émerveillement et la découverte du monde qui nous entoure ». Il s’agit d’un évènement astronomique rare, rappelle-t-on.
Cette association dit que depuis plusieurs mois, elle fait appel au ministère de l’Éducation « afin de garantir une préparation adéquate et d’éviter les complications actuelles », mais que ces appels restent lettre morte.
En marge d’une conférence il y a deux semaines, le ministre de l’Éducation Bernard Drainville a soutenu qu’il « encourage les écoles à rester ouvertes ».
« Il faut laisser aux centres de services scolaires et aux écoles le soin de s’ajuster. L’éclipse est totale à certains endroits du Québec et partielle à certains endroits », a-t-il déclaré.
« On ne peut pas avoir une mesure mur à mur qui s’applique à tous les centres de services scolaires », a-t-il ajouté, précisant qu’il ne fallait pas que des enfants soient en autobus scolaire au moment de l’éclipse.
« Même si on leur donnait des lunettes, on ne peut pas dire à un enfant de 5 ou 6 ans de ne pas regarder l’éclipse ou de garder ses lunettes. Qui va prendre cette responsabilité ? Le chauffeur d’autobus ? Ben non », a poursuivi M. Drainville.
Il existe des solutions, rétorque l’Association de l’enseignement des sciences et de la technologie. Le centre de services scolaire de Beauce-Etchemin, par exemple, garde ses écoles ouvertes et prolonge l’horaire des classes jusqu’à 16 h.
Le centre de services scolaire de Montréal dit pour sa part qu’il « misera sur les activités de sensibilisation et éducatives en lien avec ce phénomène astronomique rare ».
« Concernant le déroulement de la journée, nous sommes à finaliser l’analyse des possibilités en lien avec les mesures de précaution nécessaires, après quoi, nous allons d’abord informer les parents », écrit son porte-parole Alain Perron. Il ajoute que les trois CSS de l’île de Montréal entendent adopter « une approche cohérente et uniforme ».