Dune : Prophecy | Le pouvoir dans l'ombre

2 days ago

Il y a deux types de fans de la saga littéraire Dune : ceux qui s’en tiennent à la série originale écrite par son créateur, Frank Herbert, et ceux qui ont poursuivi l’aventure dans les cycles romanesques développés pendant des décennies par son fils Brian Herbert et l’auteur Kevin J. Anderson, composés d’antépisodes et de suites.

Dune: Prophecy - Figure 1
Photo La Presse

Un peu comme ceux qui estiment qu’il n’y a que trois bons films pour Star Wars par rapport à tous ceux qui se tapent la moindre production de la franchise. D’ailleurs, les admirateurs purs et durs de Dune ont toujours trouvé que Star Wars était une sorte de Dune pour les nuls, qui lui aurait volé beaucoup de bonnes idées.

J’avoue appartenir au premier groupe, un peu psychorigide, qui se tanne vite lorsqu’on presse trop le citron d’un univers aimé. Or Dune, au cinéma et à la télé, n’avait jamais eu le prolifique destin de Star Wars jusqu’à ce que Denis Villeneuve relance l’engouement pour l’œuvre d’Herbert avec deux films époustouflants (et bientôt trois). On n’avait eu que le Dune de David Lynch (pour lequel je conserve une affection), et deux miniséries respectueuses présentées de façon un peu confidentielle sur la chaîne Syfy au début des années 2000, qui n’ont pas marqué les esprits.

La très attendue télésérie Dune : Prophecy (V.F. : Dune : la prophétie) sur HBO et Crave, produite par Legendary et Warner Bros., développée par Diane Ademu-John et Alison Schapker, et dont Brian Herbert est l’un des producteurs, suscite chez certains l’espoir qu’elle devienne le Game of Thrones de la science-fiction.

Car le budget est à l’avenant, malgré plusieurs problèmes dans la création du projet (pandémie, grève des scénaristes, changements dans les artisans, etc.). Librement inspirée du livre Sisterhood of Dune de Brian Herbert et Kevin J. Anderson, l’histoire se déroule 10 000 ans avant l’ascension de Paul Atréides telle qu’elle est racontée dans le premier roman de Frank Herbert adoré par Villeneuve, et après le fameux Djihad butlérien qui a vu triompher l’humanité sur les machines pensantes.

Ici, on remonte aux sources du mystérieux ordre du Bene Gesserit, une sororité qui entraîne ses membres à développer des pouvoirs surhumains, et à tirer les ficelles politiques et religieuses dans l’ombre, car chaque grande famille noble de l’Imperium a en son sein une révérende mère. Mais les vraies ambitions de cette communauté sont cachées, et vertigineuses, puisqu’elle travaille patiemment à un programme génétique devant mener à l’être suprême…

Dune: Prophecy - Figure 2
Photo La Presse

PHOTO FOURNIE PAR HBO

Olivia Williams dans une scène tirée de Dune : Prophecy

Dans Dune : Prophecy, la communauté est dirigée par Valya Harkonnen (Emily Watson), soutenue par sa sœur, Tula (Olivia Williams), qui verront leurs projets menacés par le mystérieux Desmond Hart (Travis Fimmel), un obscur soldat en provenance d’Arrakis (la planète Dune), qui possède lui aussi d’étranges pouvoirs qu’il compte bien utiliser contre les Sœurs, en gagnant la confiance de l’empereur Corrinno (Mark Strong).

Décors et costumes somptueux inspirés de la direction artistique des films de Villeneuve, réalisation soignée sans toutefois avoir le souffle épique du cinéma, interprétations convaincantes, on devine après deux épisodes (sur six) que l’intrigue sera complexe. Mais Dune : Prophecy trouvera-t-il un public aussi engagé que Game of Thrones, dont le ton était moins sérieux que celui de l’univers de Dune ? Se démarquera-t-il d’autres propositions qui se situent dans des mondes féodaux dont on n’arrive pas à s’extirper dans notre imaginaire et où l’on s’assassine ? Enfin, faut-il avoir lu les romans des héritiers de Frank Herbert pour comprendre ?

PHOTO FOURNIE PAR HBO

Chris Mason et Sarah-Sofie Boussnina dans une scène tirée de Dune : Prophecy

Cette dernière question, je me la posais pour les films de Villeneuve, qui a réussi son pari. Pour la série télévisée, j’avais quelques doutes qui ne sont pas encore entièrement balayés, mais j’ai été agréablement surprise par la mise en place intelligente de cette production de qualité, car il n’est pas évident de recréer à l’écran le monde de Dune, qui se déploie sur différentes planètes.

Et puis, comme fan de Dune, le concept du Bene Gesserit m’a toujours fascinée. Nous sommes plutôt habitués aux personnages féminins qui manœuvrent dans l’ombre du pouvoir pour leurs propres fins, mais beaucoup moins à un groupe organisé comme cet ordre qui n’obéit à personne. D’autant plus que ses dirigeantes sont ici des Harkonnen, donc issues de la famille qui, rappelons-le, est la super méchante de Dune. Tout ça donne envie d’en savoir un peu plus sur sa généalogie. Et, qui sait, peut-être d’aller acheter l’antépisode à la librairie.

Dune : Prophecy (V.F. : Dune : la prophétie), sur Crave

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