Donald Trump qualifie de « simulacre » son procès à New York
Dès son arrivée lundi au tribunal de Manhattan pour son procès pour fraude, l’ancien président Donald Trump s’est adressé aux médias en parlant de « simulacre ».
Donald Trump n’a pas manqué d’injurier la procureure générale de l'État de New York, Letitia James, en la traitant de raciste.
Nous avons une procureure générale raciste qui est un spectacle d'horreur [...] C'est une arnaque, c'est un simulacre, a-t-il déclaré avant de pénétrer dans une salle d’audience.
Ce procès, l'un des premiers d'une longue série, est un simulacre et une ingérence électorale pour l'empêcher de revenir à la Maison-Blanche en 2024, a-t-il encore accusé, traitant aussi le juge qui préside les débats, Arthur Engoron, de voyou.
Plus tôt, Mme James, une élue afro-américaine du Parti démocrate, a assuré devant le palais de justice de Manhattan que la justice allait triompher. Elle a accusé le magnat de l'immobilier de fraudes répétées et d'avoir triché pendant des années.
Les caméras n'étaient pas autorisées dans la salle d’audience. La demande formulée par les médias pour filmer les déclarations d'ouverture a été rejetée par le juge Arthur Engoron qui supervise le procès.
L'ancien président Donald Trump a parlé avec des journalistes durant la pause dîner.
Photo : Getty Images / Michael M. Santiago
Le juge Engoron a commencé par une brève déclaration d'ouverture, signifiant que le procès devrait durer jusqu'au 22 décembre, le vendredi avant Noël, a-t-il précisé.
M. Trump, ses fils aînés, leurs sociétés et les dirigeants de la Trump Organization sont visés par cette procédure. Ils figurent sur la liste des témoins potentiels.
Accusé d’avoir gonflé ses actifsParmi les reproches formulés à l’endroit de M. Trump, un appartement à l'intérieur de la Trump Tower à New York, dont la valeur aurait été déclarée sur la base d'une surface trois fois supérieure à la réalité (2700 mètres carrés contre 1000), ce qui aurait permis de l'évaluer à 327 millions de dollars américains.
La procureure réclame aussi que soient reconnues d'autres violations de lois financières et une amende de 250 millions de dollars américains. S’il est reconnu coupable, M. Trump devra payer cette amende et perdra le permis d’exploiter des entreprises dans l’État de New York.
Le juge Arthur Engoron avait déjà déclaré qu'un écart de cet ordre de grandeur de la part d'un promoteur immobilier augmentant sa propre surface d'habitation pendant des décennies ne peut être considéré que comme de la fraude.
Selon M. Trump, ce qu'il a inscrit sur ses états financiers n'a pas d'importance puisqu'ils comportent une clause de non-responsabilité indiquant qu'il ne faut pas s'y fier.
L'ancien président pourrait être contraint de vendre ses propriétés après que le juge Arthur Engoron a annulé ses certificats d'entreprise et statué qu'il avait commis une fraude pendant des années lors de la construction de son empire immobilier.
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Lui et ses avocats ont également affirmé que personne n'avait été lésé par quoi que ce soit dans les états financiers; les banques auxquelles il a emprunté de l'argent ont été entièrement remboursées, les partenaires commerciaux ont gagné de l'argent et l'entreprise de M. Trump a prospéré.
L'un des avocats de Donald Trump, Chris Kise, a défendu au contraire un président [qui] a bâti l'un des empires immobiliers les plus prospères de la planète, niant la moindre irrégularité comptable. Sa consœur Alina Habba a martelé que son puissant client n'avait commis aucune fraude, mais faisait de l'immobilier. Il ne s'agit pas d'un complot, mais de faire des affaires, a-t-elle plaidé.
Cependant, Kevin Wallace, l'un des membres de son équipe, a réaffirmé que la fraude avait déjà été établie juridiquement et que les personnes visées par la plainte civile avaient surévalué leurs actifs de 812 millions à 2,2 milliards de dollars par an de 2014 à 2021.
Y compris donc quand M. Trump était à la Maison-Blanche (2017-2021).
Trump perdra-t-il ses licences commerciales?L'affaire a pris des proportions considérables la semaine dernière lorsque le juge Engoron a estimé dans une ordonnance en référé que des fraudes répétées étaient établies. En conséquence, le magistrat a ordonné le retrait des licences commerciales dans l'État de New York à Donald Trump et à ses fils dirigeants de la Trump Organization, ainsi que la confiscation des sociétés visées par la plainte pour qu'elles soient confiées à des liquidateurs.
Donald Trump, qui a fait fortune dans l'immobilier et les casinos dans les années 1980, a fait appel, mais si la décision était appliquée, il perdrait le contrôle de plusieurs étendards de son groupe, comme la Trump Tower sur la 5e Avenue de Manhattan.
Donald Trump sort de la salle d'audience pour une pause.
Photo : Getty Images / Michael M. Santiago
En quittant la salle d’audience pour une pause dîner, l'ancien président a attaqué le juge Engoron, le qualifiant de démocrate et d’agent. Il a une nouvelle fois affirmé que le procès intenté contre lui était une honte.
Inculpé au pénal dans quatre dossiers différents qui n'ont pour l'instant pas entamé sa popularité auprès de la base républicaine, Donald Trump doit notamment comparaître à partir du 4 mars devant un tribunal fédéral de Washington. Il est accusé d'avoir tenté d'invalider le résultat de la présidentielle de 2020 remportée par Joe Biden.
En entrevue avec Isabelle Richer à ICI RDI, Stephen L. Dreyfuss, ancien procureur du comté de New York et ex-président de l’Union internationale des avocats, explique que Donald Trump a tout fait pour que cette affaire devienne un sujet des médias parce qu’il estime que toutes les accusations pénales ne lui ont fait que du bien dans les sondages.
Dans l'après-midi, les partisans de Donald Trump ont reçu un nouvel appel à financer sa campagne, comme à chacune de ses inculpations.
Avec les informations de CNN, AFP et Reuters