Accusé d'avoir mis les États-Unis en danger, Donald Trump plaide ...

Poursuivi pour sa gestion négligente de secrets d'État après son départ de la Maison-Blanche, l'ex-président américain Donald Trump a plaidé non coupable mardi, par la voix de son avocat, lors de sa comparution historique devant un tribunal fédéral à Miami.

Nous plaidons sans aucun doute non coupable, a déclaré son avocat Todd Blanche lors de l'audience. Cela ouvre la voie à un procès potentiellement très dommageable pour sa campagne en vue de la présidentielle américaine de 2024.

C’est en catimini que Donald Trump est arrivé mardi après-midi dans un tribunal fédéral à Miami, où il a été notifié des 37 chefs d'accusation retenus contre lui.

L’ex-président est entré dans le palais de justice par le stationnement souterrain et aucun média n’a été autorisé à filmer ni à prendre des photos à l’intérieur de la cour. Plusieurs chaînes de télévision américaines se sont donc contentées de montrer des images des quelques dizaines de manifestants qui s'étaient déplacés devant le tribunal pour protester contre son inculpation.

Après avoir subi les mêmes formalités que tout prévenu, y compris une prise d'empreintes digitales, M. Trump, qui rêve d’être réélu en 2024, est devenu le premier ancien président de l’histoire des États-Unis à être inculpé par la justice fédérale. Selon une source judiciaire, une photo de lui sera enregistrée dans le système informatique du tribunal mais ne sera pas rendue publique.

Il est accusé d'avoir mis la sécurité des États-Unis en péril en conservant des documents confidentiels, notamment des plans militaires et des informations sur des armes nucléaires, dans des toilettes ou des débarras de son club de luxe Mar-a-Lago, en Floride.

Il lui est également reproché d'avoir refusé de restituer ces documents malgré des injonctions judiciaires, ce qui lui vaut d'être inculpé non seulement pour rétention illégale d'informations portant sur la sécurité nationale mais aussi pour entrave à la justice et faux témoignage.

Donald Trump a été autorisé à quitter le tribunal sans conditions ni restrictions de voyage et aucune caution en espèces n'a été requise. Il s'est offert un bain de foule à son départ du tribunal dans un restaurant cubain, lieu de rassemblement emblématique pour les militants républicains de la Floride.

Je pense que ça se déroule bien, a-t-il déclaré pendant que ses partisans lui chantaient joyeux anniversaire avec un jour d'avance.

Son assistant personnel, Walt Nauta, a lui aussi comparu devant le juge d'instruction mardi. Il est accusé d'avoir menti aux enquêteurs et d'avoir comploté avec M. Trump pour dissimuler des boîtes contenant des documents classifiés. Il devra présenter sa plaidoirie le 27 juin parce qu'il n'était pas représenté par un avocat.

Le juge Jonathan Goodman a interdit aux deux hommes de communiquer avec de potentiels témoins dans cette affaire.

Depuis sa mise en cause, le républicain dénonce un coup monté orchestré pour l'écarter de la compétition face au président démocrate Joe Biden, lui aussi en lice pour un second mandat.

À quelques heures de l'audience, il a renouvelé ses critiques contre le département de l'Injustice et contre le procureur spécial Jack Smith, chargé du dossier, qu'il a qualifié de malfrat et de cinglé.

En parallèle, son équipe de campagne a multiplié les courriels à ses partisans pour les encourager à contribuer financièrement à sa défense.

Donald Trump a déjà connu l'épreuve d'une comparution au tribunal : début avril, il a été inculpé par la justice de l'État de New York pour plusieurs fraudes comptables relatives à un paiement réalisé avant la présidentielle de 2016 pour faire taire une actrice de films pornographiques qui dit avoir été sa maîtresse.

Quelques heures après sa comparution, l’ancien locataire de la Maison-Blanche s'est rendu dans le New Jersey, où il a prononcé une allocution lors d’un rassemblement partisan, qualifiant d'« abus de pouvoir odieux » son inculpation officielle et accusant le président Joe Biden de corruption..

Aux États-Unis, une loi oblige les présidents à transmettre tous leurs courriels, lettres et autres documents de travail aux Archives nationales. Une autre loi interdit de conserver des secrets d'État dans des lieux non autorisés et non sécurisés.

À son départ de la Maison-Blanche, en janvier 2021, Donald Trump a pourtant emporté des dizaines de cartons remplis de dossiers. D'après l'acte d'accusation, ils ont été empilés dans plusieurs endroits facilement accessibles, dont une salle de bal et des toilettes, et déplacés à plusieurs reprises.

En janvier 2022, après plusieurs relances, l'ex-président a accepté de restituer des boîtes qui contenaient près de 200 documents classifiés, mais il en a conservé secrètement. Pour les récupérer, des agents du FBI ont effectué une perquisition spectaculaire à Mar-a-Lago le 8 août et ont saisi une trentaine d'autres boîtes qui contenaient 11 000 documents.

Donald Trump n'en a probablement pas fini avec les problèmes judiciaires. Une procureure de Georgie doit annoncer d'ici septembre le résultat de son enquête sur les pressions qu'il a exercées pour tenter de changer le résultat de la présidentielle de 2020.

Jack Smith enquête en parallèle sur son rôle dans l'assaut contre le Capitole le 6 janvier 2021.

Quant au procès pénal de l'ex-président à New York, il pourrait être organisé début 2024, en plein durant les primaires républicaines, dont il est actuellement le grand favori.

Avec les informations de Agence France-Presse, The New York Times, ABC, et Associated Press