L'introspection très publique de Denis Coderre

Depuis que l’ancien maire de Montréal et candidat de moins en moins subtil à la direction du Parti libéral du Québec a entamé son pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, haut lieu de la chrétienté, pas une journée ne passe sans qu’il ne documente ses faits et gestes de ce périple.

Ici, un récit de chaque journée sur Facebook, là, une chronique à la radio, un portrait avec une casquette des Expos. Des photos des villes de Pontevedra, Olveiroa ou Muxia au cours des quelque 300 km à pied pour celui dont le retour est prévu le 31 mai.

M. Coderre publie quatre, cinq parfois six statuts Facebook par jour documentant les rencontres et les kilomètres au compteur.

L’idée ici n’est pas de se moquer de son périple qui a comme objectif d’amasser de l’argent pour le Garage à musique, un centre spécialisé de pédiatrie sociale de Montréal qui vise à intégrer les jeunes par la musique.

Ce défi de Denis Coderre sur les routes d’Espagne survient aussi un an après avoir subi un AVC, le 11 avril 2023. La réhabilitation de l’ex-élu a de quoi inspirer. L’homme a la foi et dit marcher Compostelle aussi pour des raisons religieuses.

Mais depuis qu’il a annoncé en janvier qu’il réfléchissait sérieusement à se présenter à la direction du Parti libéral du Québec, Denis Coderre a aussi fait de ce voyage à Compostelle une date butoir pour sa réflexion finale.

Je ne doute pas que l’homme politique a le temps de réfléchir en avalant les kilomètres, mais pour se faire oublier le temps de la réflexion, on repassera!

À moins que l’inspiration rencontrée sur le chemin ne change la donne, il est clair que l’ex-ministre libéral fédéral et ex-maire est prêt pour sauter dans l’arène du PLQ.

Lundi, il a même partagé son idée plutôt amusante d’un nouveau slogan en allusion à Compostelle: «Avec Coderre, ça va marcher!»

Denis Coderre a aussi trouvé le tour de passer un message politique dans une vidéo souhaitant bonne fête des Patriotes. «Vous allez voir, le PQ va dire qu’on a besoin d’un référendum. Moi je n’ai pas besoin d’un nouveau pays, j’en ai déjà un. L’important, c’est qu’il soit efficace. On veut un Québec fort dans un Canada efficace. En tous cas.»

Clairement, du Québec à Compostelle, l’ex-maire de Montréal est déjà en campagne.

Il sera intéressant de voir si même à 5000 km de distance, la potentielle candidature de Denis Coderre hantera les couloirs du conseil général des libéraux qui se tient en fin de semaine à Bromont, en Estrie.

Son intérêt pour la course et la tournée que Denis Coderre entamait cet hiver avaient fait jaser au caucus présessionnel de la formation à Thetford Mines en janvier.

Le portrait change toutefois tranquillement en prévision de cette course où peu de candidats se sont jusqu’ici montrés intéressés à succéder à Dominique Anglade.

Le collègue Olivier Bossé énumérait mercredi les prospects alors que la formation doit élire son nouveau chef le 14 juin 2025.

Son ou sa nouvelle cheffe d’ailleurs, à l’heure où le chef intérimaire Marc Tanguay a dit vouloir souhaiter des candidatures féminines.

Le maire de Victoriaville Antoine Tardif est pressenti pour la course à la chefferie du Parti libéral.

Pour l’instant, que des noms d’hommes circulent. Outre Denis Coderre, on apprenait mercredi dans La Presse que le maire de Victoriaville, Antoine Tardif, est fortement incité à se lancer.

Les noms du président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec Karl Blackburn, du président-directeur général de la Fédération des chambres de commerce du Québec Charles Milliard et de l’actuel député libéral québécois de Marguerite-Bourgeoys Frédéric Beauchemin circulent aussi en prévision de la course qui commencera officiellement le 13 janvier.

Une bonne nouvelle pour la formation libérale qui a bien besoin d’une course pour ravigoter ses troupes. Le pire scénario serait un couronnement, comme celui de Dominique Anglade en 2020.

Avec un chemin un peu plus encombré que prévu, Denis Coderre devra peut-être accélérer le pas.

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