Denis Coderre sera candidat à la chefferie du Parti libéral du Québec

21 Jun 2024

L'ex-maire de Montréal et ancien ministre fédéral Denis Coderre a mis fin à des mois de conjectures, vendredi, en annonçant qu'il tentera bel et bien de se faire élire à la direction du Parti libéral du Québec (PLQ) à l'issue de la course qui aura lieu de janvier à juin 2025. Il devient ainsi le premier aspirant chef à confirmer sa candidature.

Denis Coderre - Figure 1
Photo ICI.Radio-Canada.ca

M. Coderre, qui est rentré il y a trois semaines d’un pèlerinage sur le chemin de Compostelle, faisait durer le suspense depuis des mois. Il a mis fin à celui-ci vendredi matin devant l’Assemblée nationale, où il souhaiterait se faire élire en 2026, lors d'un point de presse fleuve qui a duré plus d'une heure.

Vous m'avez dit que je faisais un strip-tease et il ne me restait plus de linge, alors il fallait que je fasse quelque chose! a lancé M. Coderre dans son style habituel aux journalistes qui s'étaient réunis en grand nombre pour cette annonce, dont la date avait été annoncée par le principal intéressé à son retour d'Europe.

L'ex-maire et ancien ministre, qui avait déjà évoqué la possibilité d'une candidature dans la région de Québec, a aussi profité de son point de presse pour dévoiler le nom de la circonscription où il tentera de se faire élire, peu importe l'issue de la couse à la chefferie : celle de Bellechasse, un comté caquiste situé sur la rive sud du Saint-Laurent à hauteur de Québec.

Ce choix s'explique par le caractère francophone, fédéraliste et agricole de l'endroit, a expliqué M. Coderre, qui s'est dit conscient de l’importance pour le PLQ de retrouver sa place dans les régions du Québec.

Le retour en politique active de Denis Coderre est motivé en grande partie par la montée en popularité du PQ et de son chef, Paul St-Pierre Plamondon, qu'il a rencontré lors d'une visite à l'Assemblée nationale en février.

Denis Coderre s'inquiète que ce dernier promette de tenir un référendum sur l'indépendance du Québec, un projet qu'il qualifie de divisif.

Parmi ses autres priorités, l'ex-maire et ministre prône entre autres la nationalisation de l’eau – un projet, dit-il, qui pourrait à lui seul régler le déficit du Québec d'un coup – et prêche pour une réorganisation des pouvoirs des municipalités afin de leur permettre de faire affaire directement avec Ottawa.

Il se dit en outre en faveur de l'installation par Northvolt d'une gigantesque usine de cellules à batteries électriques en Montérégie et en faveur du recours à la disposition de dérogation de la Constitution pour protéger la Loi sur la laïcité de l'État de l'action des tribunaux.

Cette prise de position en faveur de la loi 21 va pourtant à l'encontre de la posture actuelle de la députation libérale et des recommandations du rapport Pratte-Cadet sur la relance du PLQ, que Denis Coderre dit avoir enfin lu.

Denis Coderre s'est présenté devant les photographes vendredi entouré de nombreux partisans.

Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

Sur les questions d'actualité, M. Coderre a notamment déclaré vendredi qu'il ne trouve pas qu'il y a trop d'immigrants temporaires au Québec. À ce sujet, il a notamment comparé François Legault au chanoine Lionel Groulx, laissant entendre que le premier ministre est en faveur d'un nationalisme identitaire.

Il ne connaît rien aux questions d'immigration, a lancé M. Coderre. Il ne sait pas où il s'en va, et il y a beaucoup d'improvisation dans tout ça. C'est pour ça que je dis que le chaînon faible [sic] du gouvernement actuel, c'est le premier ministre. Ce n'est pas pour rien qu'ils lui disent de ne pas parler!

L'ex-maire et ancien ministre a également pris position vendredi pour la construction d'un troisième lien autoroutier entre Québec et Lévis, reconnaissant qu'une nouvelle étude serait nécessaire avant d'aller de l'avant avec un tel projet. Il s'est aussi dit en faveur du tramway.

Avec Coderre, ça va marcher

Denis Coderre s'est présenté devant les photographes vendredi entouré de nombreux partisans pour lancer sa campagne, qui aura pour thème « Avec Coderre, ça va marcher », en référence, sans doute, au périple de 300 kilomètres qui l'a mené du Portugal à l'Espagne le mois dernier.

Il en a profité pour annoncer le soutien d'anciens députés comme Raymond Bernier, Norbert Morin et Jean-Claude Poissant, ainsi que de conseillers municipaux comme David De Cotis (Laval) et Christian Therrien (Armagh), que M. Coderre a nommé organisateur en chef.

Dominique Boyer, qui a déjà été candidate pour le PLQ et pour le PLC dans les Laurentides, agira comme coprésidente et porte-parole de l'équipe. L'identité de l'autre coprésident, toutefois, n'a pas été dévoilée vendredi, M. Coderre expliquant qu'il doit pour ce faire attendre l'accord de l'employeur de la personne concernée.

La campagne s'accompagnera d'une tournée dans toutes les régions du Québec afin de recruter de nouveaux membres et d'amasser des dons. M. Coderre promet rien de moins que d'organiser 125 « repas-spaghettis » dans les 125 circonscriptions du Québec.

Un parcours en dents de scie

Denis Coderre revient de loin. L'ex-maire de Montréal – qui avait tenté en 2021 de reprendre le poste qu'il avait occupé à l'hôtel de ville de 2013 à 2017 – avait annoncé moins d'une semaine après sa deuxième défaite contre Valérie Plante qu'il quittait la politique pour de bon.

En avril 2023, il a également subi un accident vasculaire cérébral (AVC), dont il se dit aujourd'hui complètement rétabli, outre de légers problèmes d'élocution.

M. Coderre a confirmé au micro de CKVL qu'il songeait à la chefferie du PLQ le 10 janvier dernier après la publication d'un article de La Presse à ce sujet. Dans les mois qui ont suivi, le principal intéressé a pris sa carte du parti, dont il n'avait jamais été membre. Il a aussi effectué une tournée des régions pour jauger ses appuis.

Jusqu'ici, aucun des 19 députés du PLQ ne lui a apporté son soutien. Denis Coderre fait malgré tout preuve d'une confiance à toute épreuve. « J’ai connu des gens qui ont perdu avant de gagner », plaidait-il encore en entrevue à l'émission Les coulisses du pouvoir le 28 janvier dernier.

Avant d'être maire, M. Coderre a siégé comme député libéral à Ottawa de 1997 à 2013. Il a occupé au cours de cette période plusieurs fonctions ministérielles, se faisant notamment confier les Sports et l'Immigration par Jean Chrétien, qu'il présente encore aujourd'hui comme une idole, tout comme Yvon Picotte, décédé en mai dernier.

D'autres candidats potentiels sur les rangs

Le nom du prochain chef du PLQ sera annoncé le 14 juin 2025 lors du congrès à la direction du parti, qui aura lieu à Québec. Toutefois, même si le coup d'envoi de la course ne sera donné qu'en janvier, déjà, d’autres aspirants se préparent.

En réflexion depuis plusieurs mois, Frédéric Beauchemin a reçu l'appui de l'ancien ministre des Finances Carlos Leitao, par exemple.

Moi, je suis content que Denis Coderre se lance dans la course à la chefferie, a déclaré le député de Marguerite-Bourgeoys en entrevue à Radio-Canada vendredi. Cette candidature, selon lui, fera en sorte d'attirer l'attention des médias sur le PLQ et permettra de lancer un débat d'idées plus tôt que tard.

Charles Milliard, qui a reçu l'appui de 80 jeunes libéraux lors du dernier conseil général du parti, a pour sa part quitté la présidence de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) afin de poursuivre sa propre réflexion. Il ferait un très bon ministre, a ironisé M. Coderre vendredi.

Le maire de Victoriaville, Antoine Tardif, n'a pas fermé la porte lui non plus à une éventuelle candidature.

On repart de zéro

D'autres personnalités ont elles aussi laissé leur nom circuler ces derniers mois avant d'annoncer qu'elles ne seraient pas sur la ligne de départ. C'est notamment le cas du président du Conseil du patronat, Karl Blackburn, qui a récemment fait savoir qu'il souffre d'un cancer.

Le chef libéral par intérim, Marc Tanguay, ainsi que ses collègues André Fortin et Monsef Derraji ont aussi fait savoir qu'ils ne seraient pas candidats, tout comme le maire de Québec, Bruno Marchand, son homologue de Lévis, Gilles Lehouillier, ainsi que le député fédéral Joël Lightbound.

La direction du PLQ est vacante depuis le départ de Dominique Anglade, qui a quitté son poste en novembre 2022, un mois après avoir enregistré le pire score électoral de l'histoire du parti.

La formation, cette année-là, a terminé en cinquième position dans 64 circonscriptions, dont celle de Bellechasse, où Denis Coderre souhaite aujourd'hui se présenter. On repart de zéro, a-t-il résumé vendredi.

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