Débat Harris-Trump | Un Trump incapable de se contrôler

6 days ago

Le plan de match de Kamala Harris est devenu clair 10 minutes après le début du débat. Elle allait presser chaque bouton qui allait faire réagir son adversaire. Et Donald Trump est tombé dans le panneau presque chaque fois.

Debat Trump Harris - Figure 1
Photo La Presse

Publié à 2h55 Mis à jour à 6h00

La candidate démocrate semble avoir déstabilisé son adversaire dès le départ quand elle est allée lui serrer la main, une tradition qui semblait s’être perdue depuis deux décennies dans ces débats présidentiels.

Cette courtoisie n’a pas duré très longtemps. La vice-présidente allait systématiquement utiliser les mots et les sujets qui allaient faire réagir négativement l’ancien président.

PHOTO SAUL LOEB, AGENCE FRANCE-PRESSE

Kamala Harris, durant le débat de mardi soir

Après un quart d’heure, le débat s’est engagé sur l’avortement, un sujet qui est tout à l’avantage des démocrates depuis la décision de la Cour suprême des États-Unis, où le président Trump avait nommé les juges qui allaient être les voix décisives pour annuler la décision Roe c. Wade, qui avait libéralisé l’avortement dans les années 1970.

M. Trump a répété ses accusations sans fondements à propos d’enfants qui seraient tués tout de suite après la naissance. Mme Harris a répliqué en disant que les femmes américaines n’acceptaient pas « que ce soit le gouvernement qui ait le contrôle sur leur corps ».

Quand on sait que la question de l’avortement a permis aux démocrates de faire des gains au cours des deux dernières élections au Congrès, on comprend mal comment M. Trump n’a pas semblé voir le piège que lui tendait son adversaire.

Même sur la question de l’immigration illégale et de la frontière sud des États-Unis, normalement à l’avantage des républicains, M. Trump a été incapable de ne pas tomber dans l’exagération, affirmant que dans le monde entier, la criminalité est en baisse, parce que tous les pays envoient leurs criminels et leurs aliénés aux États-Unis. « Les États-Unis vont devenir le Venezuela sur les stéroïdes », a lancé l’ancien président.

Chaque sujet qui pouvait faire mal paraître le président auprès des électeurs indécis ou qui ne sont pas déjà ses partisans a eu droit au même traitement, que ce soit son refus d’accepter sa défaite en 2020, son implication dans les émeutes du 6 janvier 2021 ou quand il avait affirmé après des manifestations de néonazis et de contre-manifestants à Charlottesville qu’il y avait « des bonnes personnes des deux côtés ».

Mais M. Trump a vraiment perdu son calme quand Mme Harris a affirmé que ses partisans quittaient ses grands rassemblements parce qu’ils s’ennuyaient et qu’il ne parlait pas des problèmes des Américains.

« Les gens ne vont pas à vos rassemblements, et quand il y en a, c’est parce que vous les payez », n’a pu que répliquer M. Trump, visiblement touché à un point sensible.

Pendant tout ce temps, Mme Harris n’a pratiquement pas parlé de son programme, en particulier en matière économique. Presque constamment à l’attaque, elle n’a pratiquement jamais été sur la défensive de tout le débat.

Peut-être que Mme Harris ne gagnera pas beaucoup d’appuis après ce débat, mais dans une élection aussi serrée, cela pourrait quand même faire une certaine différence. Cela dit, les partisans de M. Trump n’ont pas tendance à quitter son camp, même quand on leur fait la preuve que le candidat a dit le contraire de la vérité.

De l’autre côté, on peut se demander quel genre de préparation du débat a connu M. Trump. Il était souvent confus et ne réussissait qu’à répondre avec des exagérations et des faussetés, comme c’est devenu sa marque de commerce.

Et que les amis des animaux se rassurent, les immigrants illégaux ne tuent pas les chiens et les chats pour les manger, comme l’a affirmé M. Trump. Mais attendez-vous tout de même à entendre l’écosystème des médias de droite répéter cette histoire au cours des prochaines semaines.

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