Il y a des joueurs qui exigent des sommes d’argent considérables pour céder un numéro de chandail à un coéquipier, et de la même manière, peut-être que Cole Caufield pourrait réclamer un loyer à Patrik Laine.
C’est que Laine a pris la place exacte de Caufield en avantage numérique, dans l’immédiat en tout cas : à la hauteur des cercles et à la droite du gardien ennemi. Depuis son premier match avec le Canadien, le 3 décembre, l’attaquant finlandais a récolté six buts en sept matchs, et les six ont été réussis en avantage numérique, et aussi de la même manière, avec un tir vif qui est parti du même endroit.
Il se trouve que cet endroit a très longtemps appartenu à Caufield, mais celui qui porte le numéro 13 ne prévoit pas faire payer son nouveau coéquipier à propos de cette parcelle de glace.
« Si Patrik peut continuer à faire la même chose, ça ne me dérange pas du tout ! a-t-il expliqué après l’entraînement de mercredi midi à Brossard. C’est très plaisant de le voir aller comme ça, et ça va me faire plaisir de continuer à lui donner la rondelle s’il continue de la mettre au fond du filet ! »
Pendant que tout le monde célèbre ce retour en force de Laine, Caufield, lui, doit se contenter d’une production plus modeste, en tout cas au chapitre des buts. Depuis l’arrivée de Laine, l’Américain a obtenu un seul but, ce qui est une forme de sécheresse offensive pour lui. En revanche, il a récolté six aides lors de la même période.
Il insiste : ça ne le dérange pas du tout.
« Tout le monde est interchangeable, a-t-il ajouté. Je n’ai pas vraiment eu à changer mon rôle avec l’avantage numérique. Pour nous, Patrik représente une munition de plus, et ça fonctionne, alors je ne vais pas commencer à me plaindre. »
J’essaie de faire des jeux et de lui refiler la rondelle.
Cole Caufield
Martin St-Louis avance que cette situation tombe dans la catégorie des beaux problèmes.
« On a plus de munitions avec Patrik, a expliqué l’entraîneur montréalais mercredi. Lui et Cole, ce sont deux droitiers, et aussi deux gars qui ne devraient pas nécessairement être à droite sur l’avantage numérique parce que les deux ont de bons tirs sur réception.
« Ce qu’on doit faire, c’est de s’assurer qu’ils soient prévisibles pour nous, mais imprévisibles pour les adversaires. On peut leur demander de changer de place de temps en temps, et on apprend comment maximiser les atouts de tout le monde. On veut que Cole soit en mesure de toucher à la rondelle, qu’il obtienne lui aussi ses chances de marquer. On apprend à gérer tout ça. »
En attendant, on devine que Caufield ne va pas se mettre à perdre le sommeil, malgré l’affront de voir quelqu’un d’autre patiner là où lui aime patiner. Il demeure le meilleur buteur du club cette saison avec 17 buts, et il sait très bien qu’il aura la chance d’ajouter à ce total tôt ou tard.
« Avec un joueur aussi menaçant que lui sur la glace, ça crée de l’espace pour les autres, a-t-il ajouté. Patrik va avoir la rondelle, les adversaires vont devoir s’ajuster, et ce sera à notre avantage. »
Laine, encore LainePHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE
Patrik Laine
En ce lendemain de soirée de fête à Brossard, il a encore été pas mal question de Patrik Laine dans le vestiaire du Canadien. Entre autres choses, ses coéquipiers ont remarqué que son tir des beaux jours était encore là, même après une absence de presque un an sur les patinoires de la LNH. « Ce n’est probablement pas quelque chose qui se perd, a noté Cole Caufield. C’est un don, c’est sûr, et ça tient aussi à son instinct et à sa confiance ; il sait exactement où il peut envoyer la rondelle. »
Primeau dans le noirPHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE
Cayden Primeau
Avec le Canadien qui se prépare à disputer deux matchs en deux soirs contre les Red Wings – vendredi à Detroit, puis samedi au Centre Bell –, on pourrait croire que la question des gardiens est déjà réglée, mais non. En tout cas, en date de mercredi, Cayden Primeau disait ignorer son horaire des prochains jours, lui qui n’a pas amorcé un match depuis celui du 1er décembre à Boston. On lui a demandé si cela commençait à être un peu difficile pour lui, et après avoir affirmé qu’il essaie seulement de se tenir prêt, il a admis que la situation est loin d’être évidente, puisqu’il a dû regarder Samuel Montembeault amorcer les sept derniers matchs de l’équipe. « La confiance peut demeurer avec les entraînements, mais c’est plus difficile de se garder fin prêt quand on ne joue pas souvent, a-t-il convenu. On peut faire tout plein de choses lors des entraînements, mais il n’y a rien qui remplace les situations de jeu dans un vrai match. Alors la confiance peut rester, mais c’est l’acuité du jeu [sharpness] qui peut aller en montant et en descendant dans de telles conditions. Je dirais que c’est le bout le plus difficile. »