Le Canadien a accompli deux choses, ce lundi matin. Non seulement s’est-il assuré des services de son meilleur buteur pour les huit prochaines années. Mais il l’a aussi fait à un prix qui pourrait drôlement ressembler à une aubaine avant longtemps.
Publié à 9h05 Mis à jour à 11h12
L’organisation a finalement offert aux partisans la nouvelle qu’ils attendaient depuis des semaines : Cole Caufield a paraphé une prolongation de contrat qui le liera à l’équipe jusqu’en 2031. Il empochera en moyenne 7,85 millions de dollars par saison.
Depuis la fin de la campagne, à la mi-avril, les inconditionnels du Tricolore martèlent la question sur les réseaux sociaux : à quand une nouvelle entente pour Caufield ? L’Américain de 22 ans avait conclu son contrat d’entrée dans la LNH et devait en signer un nouveau avant le début de la saison 2023-2024. La direction, au cours des derniers mois, avait donné peu d’informations au sujet des négociations, se contentant de dire que les discussions avançaient.
Le suspense est terminé. Pour Caufield lui-même, mais aussi pour le directeur général Kent Hughes, qui boucle ainsi son dossier prioritaire de la saison morte. La séance de repêchage du 28 juin prochain, au cours de laquelle le Canadien s’exprimera au cinquième rang, prendra toute la place.
À l’échelle de la masse salariale du CH, la somme qu’empochera Caufield peut paraître impressionnante. En excluant Carey Price, il devient le deuxième joueur le mieux payé du club, derrière Nick Suzuki. Les deux attaquants, de fait, se retrouvent avec des salaires moyens quasi identiques – Suzuki gagnera 7,875 millions jusqu’en 2030.
PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE
Cole Caufield et Nick Suzuki
En jetant un œil aux comparatifs dans la LNH, les paramètres du nouveau contrat du numéro 22 sont toutefois loin d’être exagérés. On peut même se demander si, d’ici quelques années, le Canadien n’aura pas entre les mains le franc-tireur le moins cher du circuit.
En 2022-2023, une blessure à une épaule a mis fin prématurément à la saison de Caufield. Une opération réalisée au mois de janvier l’a contraint à de longs mois de rééducation, et il devrait être de retour en santé pour le prochain camp d’entraînement en septembre. Or, en 46 matchs, il avait eu le temps d’inscrire 26 buts, soit une production équivalant à 46 buts sur un calendrier complet.
Rien ne garantit évidemment que l’ailier aurait conservé ce rythme de croisière pendant 82 rencontres. Et l’on peut se demander s’il n’a pas été avantagé par la situation de son équipe, qui a passé la grande majorité de la saison sans la pression de gagner des matchs.
Il demeure que sa capacité à marquer des buts est une rareté dans la LNH. Au cours des deux dernières saisons complètes, seulement 28 joueurs différents ont connu une récolte de 40 buts ou plus. Parmi ceux qui l’ont fait en 2022-2023, la plupart gagneront beaucoup plus cher que Caufield en 2023-2024.
En fait, en élargissant l’échantillon aux marqueurs de 35 buts de la dernière saison, le nouveau salaire de Caufield le placera sous la médiane de 8,35 millions. Il est, toutefois, l’un des plus jeunes de ce groupe, ce qui laisse croire qu’il peut encore hausser sa production.
Test de durabilitéC’est la durée de l’entente qui est capitale. Le principal joueur auquel comparer Caufield, dans l’état actuel des choses, est Jason Robertson, 23 ans, qui gagne présentement 7,75 millions avec les Stars de Dallas. Il ne reste toutefois que trois années (sur quatre) à son contrat. Lorsqu’il deviendra joueur autonome, en 2026, le plafond salarial pourrait être bien plus élevé qu’en ce moment.
La pandémie qui a frappé la planète en 2020 a lourdement affecté les finances de la LNH et de ses équipes. Celles-ci doivent composer avec un plafond salarial qui n’a presque pas bougé depuis quatre ans et qui ne devrait monter que de 1 million en 2023-2024, atteignant 83,5 millions.
Cette situation est cependant appelée à changer après la prochaine saison. Les joueurs auront alors acquitté la dette qu’ils ont contractée auprès des propriétaires du circuit pendant la pandémie, et le partage des revenus à parts égales entre les deux camps pourra théoriquement reprendre ses droits en 2024-2025. En quelques années, les hausses pourraient donc être substantielles.
Profitant de ce contexte favorable, le Canadien sera aussi libéré du contrat de Carey Price à compter de 2026. Bref, pendant la deuxième moitié du contrat de Caufield, sa marge de manœuvre financière sera bien plus grande, et son probable meilleur buteur, au sommet de sa carrière, gagnera un salaire de 2023. Ceci au moment où de futures pièces maîtresses de l’organisation – Kirby Dach, Kaiden Guhle, Juraj Slafkovsky… – arriveront à maturité.
Caufield, évidemment, n’est pas le perdant de l’opération. Au cours des huit prochaines années, il s’enrichira de 62,8 millions de dollars. Il n’empêche que, malgré tout le bien qu’on puisse penser et dire de lui, il n’a encore disputé que 123 matchs de saison dans la LNH. Il devra encore passer le test de la durabilité, et c’est sans doute un argument qu’a invoqué l’équipe.
« Je n’ai pas encore disputé une saison complète, je ne crois pas avoir prouvé quoi que ce soit », avait-il déclaré, le 14 avril dernier, lors du bilan de l’équipe.
Partout où il est passé, il s’est amélioré de saison en saison, a-t-il rappelé.
Le voilà déjà une vedette de la LNH. S’il peut exploiter son potentiel encore davantage, les partisans s’en régaleront assurément. Ses patrons aussi.
Cole Caufield rencontrera les membres des médias montréalais en après-midi pour discuter de son nouveau contrat.