Chrystia Freeland, vice-première ministre et ministre des Finances ...
Chrystia Freeland, vice-première ministre et ministre des Finances, a annoncé sa démission sur les réseaux sociaux quelques heures avant le dépôt, à la Chambre des Communes, d'un énoncé budgétaire.
Dans une lettre au premier ministre Justin Trudeau qu'elle a publiée sur son compte X, Chrystia Freeland écrit qu'elle quitte ses fonctions au moment où Justin Trudeau s'apprêtait à lui retirer le portefeuille des Finances.
Vendredi dernier, vous m'avez dit que vous ne vouliez plus que je sois votre ministre des Finances et vous m'avez proposé un autre poste au sein du Cabinet, écrit Mme Freeland dans la lettre à Justin Trudeau.
Après y avoir réfléchi, j'ai conclu qu'à mes yeux la seule voie honnête et viable est de démissionner du Cabinet, conclut Chrystia Freeland.
Dans sa lettre, Mme Freeland confirme du même souffle les désaccords qui s'étaient installés entre elle et le premier ministre au cours des dernières semaines.
Au cours des dernières semaines, nous nous trouvions en désaccord sur la meilleure voie à suivre pour le Canada.
Ce désaccord est à ce point profond que Chrystia Freeland a refusé le nouveau poste que lui proposait Justin Trudeau au Cabinet. Selon des sources de haut niveau au Parti libéral, le premier ministre ne lui aurait pas offert les Affaires étrangères, fonction qu'elle occupait avant sa venue aux Finances.
Pour être efficace, un ministre doit parler au nom du premier ministre et avec toute sa confiance. En prenant votre décision, vous avez clairement indiqué que je ne possède plus cette confiance de façon crédible et que je ne possédais plus l'autorité qui l'accompagne, explique-t-elle à son patron dans sa lettre de démission.
Le chèque de 250 $ ne passe pasSans le mentionner spécifiquement, Mme Freeland semble ne pas partager les vues de son chef, qui a annoncé récemment un congé de TPS et le versement d'un chèque de 250 $ à tous les Canadiens qui gagnent moins de 150 000 $ par an. Des mesures contestées dans le commerce au détail et les milieux économiques, notamment en raison de leur coût et de leur faible efficacité.
Il faut éviter les astuces politiques coûteuses que nous ne pouvons pas nous permettre et qui font douter les Canadiens que nous reconnaissons à quel point ce moment est grave.
La nouvelle administration américaine poursuit une politique de nationalisme économique agressif, ce qui comprend une menace de tarifs de 25 %. [...] Il faut préserver notre capacité fiscale aujourd'hui, pour que nous puissions disposer des réserves dont nous pourrions avoir besoin au cours d'une guerre tarifaire.
Pour ce qui est de l'énoncé économique qu'elle devait présenter en fin de journée à la Chambre des communes, on sait d'ore et déjà que ce ne sera pas elle qui présentera le document. Il est aussi possible que le dépôt du document soit retardé, voire même reporté.
De toute évidence, Chrystia Freeland aura décidé de ne pas présenter cet énoncé budgétaire avec lequel elle n'est pas d'accord alors que son patron s'apprêtait à la remplacer.
Une chose est sûre, Justin Trudeau devra nommer très vite un nouveau ministre des Finances, proroger la session ou encore ajourner les travaux pour la période des Fêtes, s'il veut éviter de perdre la confiance de la Chambre qui lui permet de demeurer au gouvernement. Rappelons que les libéraux sont minoritaires aux Communes.
De ministre à simple députéeMais Chrystia Freeland ne quitte pas la politique pour autant. Elle compte terminer son mandat à titre de députée libérale et même en solliciter un autre aux prochaines élections.
J'ai hâte de continuer à travailler avec mes collègues en tant que députée libérale et je m'engage à me présenter à nouveau dans ma circonscription de Toronto aux prochaines élections fédérales.
Selon des sources au sein du Parti libéral, cette démission fracassante de Mme Freeland est perçue par certains comme un coup d'éclat destiné à prendre ses distances de Justin Trudeau en prévision d'une éventuelle course à la direction du PLC.
Il est inévitable que notre mandat au gouvernement prenne fin. Toutefois, la manière dont nous ferons face à la menace à laquelle notre pays est présentement confronté nous définira pour une génération, et peut-être pour bien plus longtemps, conclut celle qui a dirigé les Finances du gouvernement Trudeau pendant plus de quatre ans.