Moins chaud, moins cher : le nord de la France attire plus de touristes
Malgré le vent qui souffle et une température sous la barre des 20 degrés Celsius, les visiteurs sont nombreux à se succéder mi-juillet sur un ancien bunker transformé en plateforme qui surplombe le cap Blanc-Nez.
Par temps dégagé, le haut de cette falaise, dans le nord de la France, permet d’apercevoir les côtes anglaises, qui se trouvent à une trentaine de kilomètres.
La région est méconnue parce qu’elle avait certainement une mauvaise image, lance Philippe Cozette, un retraité de la région, qui a aujourd’hui pour mission d’accueillir et de guider les touristes qui visitent le Pas-de-Calais. On avait une image assez grise ou noire de la région, avec les mines. Et puis, il y a aussi la météo, explique-t-il.
Mais quand les visiteurs arrivent, ils constatent tout à fait une autre image de la région, assure Philippe Cozette, qui vante notamment les falaises et les paysages de son coin de pays.
Philippe Cozette a pour mission d'accueillir et d'informer les touristes de passage dans la région où il vit.
Photo : Radio-Canada / Raphaël Bouvier-Auclair
Chose certaine, les alentours de Calais, mais aussi l’ensemble du nord de la France, semblent de plus en plus avoir la cote auprès des visiteurs. Ils sont d’ailleurs environ un million à admirer le cap Blanc-Nez chaque année.
En 2022, les réservations dans les hôtels du Pas-de-Calais ont augmenté de 5 % par rapport à 2019, avant la pandémie. L’ensemble de la région des Hauts-de-France a connu une hausse similaire, ce qui constitue un record.
Aujourd'hui, on émerge comme une destination, vraiment une destination touristique en tant que telle. Et là, je parle surtout de la clientèle française, parce que les clientèles étrangères nous connaissent depuis longtemps.
Faire des économies et fuir les caniculesPlusieurs facteurs expliquent la volonté de certains Français de mettre le cap au nord plutôt qu’au sud pour les vacances estivales.
La plage de Calais, dans le nord de la France
Photo : Radio-Canada / Raphaël Bouvier-Auclair
Les impacts de l’inflation pèsent par exemple dans la balance, explique Sandrine, une touriste venue d’Amiens, à 150 kilomètres de la région de Calais. Les gens ne peuvent plus se permettre de faire de longs voyages, ils veulent découvrir ce qui est dans les alentours, lance-t-elle.
Caroline, elle, est venue de l’est de la France, à environ cinq heures de route, à la recherche de quiétude et de fraîcheur. Dans le passé, elle a séjourné dans le sud du pays, mais aujourd’hui, c’est dans le nord qu’elle préfère se poser.
On n’est pas les uns sur les autres, on a de l’air, lance cette femme rencontrée sur la plage de Calais, qui se remplit quand le soleil sort.
Selon le directeur du Holiday Inn de Calais, Christophe Gamblin, les canicules qui ont frappé une partie de la France l’an dernier ne sont pas étrangères à l’intérêt que suscite sa région.
L'hôtelier Christophe Gamblin constate déjà un bon début de saison pour 2023.
Photo : Radio-Canada / Raphaël Bouvier-Auclair
L'année dernière, il a fait très, très chaud dans le sud. Il y a eu beaucoup de gens qui se plaignaient de grosses chaleurs, et quelque part ici, on avait des chaleurs, mais c'était beaucoup plus tolérable et je pense que ça a joué en notre faveur également.
L’hôtelier, qui constate déjà une forte occupation en ce début de saison 2023, estime que plusieurs autres facteurs expliquent cette popularité croissante, notamment les investissements réalisés pour attirer les touristes.
À quelques mètres de son établissement se trouve par exemple l’une des plus grandes attractions de Calais : un immense dragon mécanique de plus de 70 tonnes, acquis en 2019. La machine, actionnée par plusieurs employés, se promène presque quotidiennement le long de la mer sous les regards curieux.
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Malgré une saison record en 2022, le nord de la France est encore loin d’atteindre le palmarès des destinations prisées du pays, notamment parce que, selon le gouvernement, 80 % de l’activité touristique se concentre toujours sur 20 % du territoire.
D’ailleurs, plusieurs régions du pays font aujourd’hui face à des problèmes liés au surtourisme, et les autorités souhaitent que les visiteurs soient mieux répartis dans le pays.
Le dragon mécanique attire des visiteurs à Calais depuis 2019.
Photo : Radio-Canada / Raphaël Bouvier-Auclair
Si cette volonté peut profiter au nord, Philippe Cozette, qui y accueille les touristes, espère que sa région ne subira pas le sort d’autres destinations. Selon lui, il faut trouver un équilibre, qui n’est pas facile à atteindre.
Le bouche à oreille marche et, forcément, la région va profiter de tout ça. Mais il faut faire gaffe, avertit ce résident de longue date du Pas-de-Calais.
Malgré un intérêt croissant, certaines parties de la région appelée la Côte d'Opale demeurent peu fréquentées.
Photo : Radio-Canada / Raphaël Bouvier-Auclair