CF Montréal 2 (4) — Atlanta United 2 (5) | De l'extase au désespoir

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Nathan Saliba était à genoux, les yeux fermés, en prière, au centre du terrain. Autour de lui, la foule, elle, était debout, les yeux grands ouverts, rivés vers le filet devant la 132. La saison du CF Montréal était en train de se jouer là, juste là, entre les 11 mètres séparant le point de pénalty et la ligne de but.

CF Montreal - Figure 1
Photo La Presse

Elle venait de vivre l’extase de l’égalisation, sur pénalty justement, au même endroit, à la 89e minute, du pied expérimenté de Josef Martínez. La folie de ce match de barrage de l’Est des séries de la MLS se confirmait. Après avoir tiré de l’arrière par deux buts au terme d’une première mi-temps brouillonne, voilà que Martínez réussissait un doublé pour ramener tout le monde à la case départ.

Les palpitations de la foule, tout comme le scénario dramatique de ce match, n’étaient pas terminées. Pas de période de prolongation, on se lance tout de suite vers les pénaltys.

« On leur a donné la liberté de savoir qui allait tirer, et dans quel ordre, a expliqué Laurent Courtois après le match. Ils se sont parlé entre eux, ils se sont encouragés, et je n’ai rien dit. »

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Laurent Courtois

Martínez réussit le premier. Celui de Tom Pearce… est bloqué par le gardien Brad Guzan. Lorsque son tour arrive, Saliba se lève du milieu du terrain. Se dirige vers la surface de réparation. Ce kid de Montréal, à 20 ans seulement, devant son public, enfile son but. Après la réussite de Gabriele Corbo, Jules-Anthony Vilsaint, un autre jeune Montréalais au sang-froid impressionnant, déjoue Guzan.

Malheureusement, Jonathan Sirois n’a pas été en mesure de stopper un seul des tirs d’Atlanta.

Et c’est ainsi, de la plus cruelle des façons, que le CF Montréal a vu sa saison se terminer. Et qu’il a raté, du même coup, la chance d’accueillir Lionel Messi et l’Inter Miami une seconde fois en 2024, lui qui aurait pu les affronter au premier tour des séries à partir de vendredi.

CF Montreal - Figure 2
Photo La Presse

Le silence au stade Saputo, après ce qui a dû se rapprocher d’un record de décibels quelques minutes plus tôt, était assourdissant.

Mais chez le CFM, l’humeur était partagée entre la « déception » de l’élimination et la « fierté » de ce qui a été accompli cette saison et, surtout, dans les deux derniers mois.

« Au [moment le] plus bas de la saison, et il y en a eu deux ou trois, je leur ai toujours parlé de l’identité qu’on voulait avoir, a souligné Courtois. Et que je croyais aux séries. Sous la neige, sous le vent, on était là, et on est là aujourd’hui. 

« On a fait une prestation correcte. Les partisans nous ont vus, et ont supporté ce que les joueurs ont essayé de faire, malgré la défaite. Dans le vestiaire, [j’ai dit que] j’étais fier de voir que les partisans nous ont reçus comme ça, et que j’avais énormément appris de mes joueurs, de mon staff, et que j’étais très reconnaissant. On est déjà en avance pour l’année prochaine, sur deux ou trois aspects. »

Un siège

Montréal a dominé la première mi-temps – on l’a vu à 70 % de possession à un certain moment –, mais Atlanta a été létal sur ses deux occasions, à la 29e et la 44e.

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Caden Clark est arrêté par Stian Gregersen (5) lors du match entre le CF Montréal et Atlanta United au stade Saputo.

La deuxième période, elle n’a été que montréalaise. Et le déclic est survenu à l’heure de jeu, lorsque Courtois a fait ses changements. Pearce est entré. Vilsaint et Kwadwo Opoku également. En manque d’idées jusque-là, avec un Martínez effacé et bien couvert, le CFM a finalement trouvé son inspiration. Son siège chez Atlanta a commencé, et il n’est virtuellement plus retourné dans sa zone.

CF Montreal - Figure 3
Photo La Presse

À la 63e, Pearce s’est servi de son arme de destruction massive – on parle ici de son élégant pied gauche – et a envoyé un centre puissant et précis. Guzan a jonglé avec le ballon, Martínez rôdait par là, et ça a donné le filet du 2-1.

Il n’y a pas que le stade Saputo qui s’est réveillé à ce moment. Matías Cóccaro, écarté par Courtois lors des deux derniers matchs, faisait les cent pas devant la galerie de presse. Il ne s’est pas assis de la deuxième mi-temps. Il voulait que ses coéquipiers, sur la pelouse, transitionnent toujours plus vite vers le but. Il gesticulait sans arrêt, les yeux écarquillés, envoyant promener l’officiel ici, souriant là, acquiesçant au passage à certaines demandes de photo de partisans.

À la 89e, après un pénalty accordé au terme d’une vérification à la VAR souhaitée bruyamment par les supporters, Martínez a complété la remontée qu’il avait entamée.

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Josef Martínez a complété la remontée qu’il avait entamée.

« C’était un moment stressant », s’est rappelé Piette, qui a assisté à ce moment des lignes de côté bras dessus, bras dessous avec Sebastian Breza. « Mais sûrement moins que pour Josef qui prenait le pénalty. »

Piette avait été sorti à la 60e, cramé comme plusieurs de ses coéquipiers qui avaient joué le match de samedi dernier, à seulement 72 heures de celui-ci. Mais la fatigue était ressentie des deux côtés. Chez le CFM, bien qu’on trouve étrange l’organisation précipitée de ce match de barrage avant un premier tour qui aurait lieu trois jours plus tard, on ne veut pas la voir comme une excuse.

« Atlanta a dû revenir d’Orlando [samedi], puis venir ici, a rappelé Courtois. La fatigue est pour tout le monde. »

« Jo peut partir la tête haute »

Le CF Montréal n’a pas beaucoup d’occasions, dans sa saison, de disputer des séances de tirs de barrage. Bien qu’elles se préparent – et l’entraîneur assure que ses joueurs ont pratiqué leurs tirs cette semaine –, ça demeure « un jeu de pile ou face », selon Piette. Et donc, la faute ne revient pas à Sirois, selon lui.

« Jo peut partir la tête haute, c’est certain, croit le capitaine du CFM. Il peut être fier de nous avoir sortis du pétrin tellement de fois cette saison. Et il a eu un bon match ce soir. »

Ce qui nous ramène à ce sentiment partagé de fierté et de déception.

« Il y a deux mois, on perdait match après match, a reconnu George Campbell. Mais on s’est réveillés dans les sept dernières rencontres. Nous étions fiers de nous mutuellement, à la fin. On a fait de notre mieux, on s’est battus et on est revenus. »

Le CF Montréal va s’en mordre les doigts d’avoir laissé filer cette belle occasion, à domicile qui plus est. Mais cette fin de saison aura au moins eu ça de bon : on sait maintenant avec certitude sur quoi bâtir, et ce qui ne fonctionne plus.

Les questions sont nombreuses, certes. Mais les réponses aussi.

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