(Toronto) Canada Jetlines a suspendu tous ses vols et cesse temporairement ses activités en raison d’une crise financière au sein de l’entreprise.
Publié à 11h43 Mis à jour à 13h18
Christopher Reynolds La Presse Canadienne
Le transporteur aérien a déclaré jeudi qu’il n’a pas été en mesure de trouver le capital nécessaire pour continuer à voler et qu’il prévoit se mettre à l’abri de ses créanciers.
« La société […] a étudié toutes les alternatives de financement disponibles, y compris les transactions stratégiques et les financements par actions et par emprunt. Malheureusement, malgré ces efforts, la compagnie n’a pas été en mesure d’obtenir le financement nécessaire pour poursuivre ses opérations à ce stade », a déclaré la porte-parole Erica Dymond dans un communiqué.
L’entreprise indique que les passagers qui ont une réservation pour un vol doivent contacter leur société de carte de crédit pour obtenir un remboursement. « Tous les efforts sont faits pour aider les passagers en ce moment. »
Lundi, la présidente et cheffe de la direction de Canada Jetlines, Brigitte Goersch, et les dirigeants Ryan Goepel, Beth Horowitz et Shawn Klere, ont démissionné, laissant présager le pire.
Lundi, la présidente et cheffe de la direction de Canada Jetlines, Brigitte Goersch, et les dirigeants Ryan Goepel, Beth Horowitz et Shawn Klere, ont démissionné, laissant présager le pire.
Il s’agit d’un autre échec d’une compagnie aérienne après la fermeture de Lynx Air et du transporteur à bas prix Swoop au cours de l’année dernière.
Marché difficile« Chaque fois que vous perdez un peu de concurrence sur le marché canadien, c’est un peu triste pour les voyageurs, car cela exerce moins de pression sur les prix », a affirmé Jacques Roy, professeur en gestion des transports à HEC Montréal.
Canada Jetlines ne représentait qu’une fraction des vols vers les destinations soleil, a-t-il précisé.
La fermeture met en lumière les défis que pose la gestion d’une compagnie aérienne dans un vaste pays avec une population dispersée et seulement quelques plaques tournantes du transport aérien.
« Chaque fois qu’un nouvel acteur veut entrer sur le marché, il n’y a qu’une seule certitude : il va perdre de l’argent pendant les huit, neuf, dix premiers mois au moins, et peut-être même plus. Il faut donc un bon compte bancaire », a expliqué M. Roy, soulignant que les voyageurs d’agrément sont particulièrement sensibles aux prix.
« Les principaux acteurs joueront le jeu de la concurrence. Et si vous réduisez vos tarifs en dessous de votre coût, c’est une recette pour un échec à court terme, a-t-il poursuivi. C’est un marché difficile. »
Jusqu’à jeudi, la compagnie effectuait quelques dizaines de vols par mois de Toronto à Miami et à Orlando, en Floride, et Cancún, au Mexique, selon la compagnie de suivi de l’aviation Cirium.
Les actions de la société sur le Cboe Canada ont été suspendues mercredi après-midi.
Canada Jetlines, qui a eu du mal à faire décoller plusieurs avions depuis son vol inaugural en septembre 2022, a fait face à une série de problèmes avant les turbulences de cette semaine.
En octobre 2019, la société établie à Mississauga, en Ontario, a annoncé qu’elle reportait son lancement prévu en décembre de la même année et licenciait la plupart des employés après avoir échoué à obtenir le financement nécessaire et avoir perdu des partenaires d’investissement.
En janvier 2023, elle a mis en pause ses liaisons intérieures pour se recentrer sur les destinations soleil et la location de ses avions, mais a déclaré à l’époque qu’elle avait l’intention de reprendre les vols intérieurs l’automne de la même année.
Le 30 juin 2024, Eddy Doyle a démissionné de son poste de président et chef de la direction qu’il occupait depuis 2021.
Le plus récent revers survient après sept ans de levée de fonds et malgré le fait qu’Ottawa a relevé le plafond de propriété internationale des compagnies aériennes canadiennes de 25 % à 49 % en 2018, permettant ainsi un bassin plus large d’investisseurs.
Canada Jetlines a perdu 14,2 millions entre mars 2023 et mars 2024, malgré un bénéfice au cours de l’un des trimestres, selon les documents financiers. Les revenus trimestriels se situaient entre 8 et 12 millions.
En mai, la société a obtenu un prêt de 2 millions auprès de Square Financial Investment, une société établie à Mississauga appartenant à Reg Christian, membre du conseil d’administration de Canada Jetlines, qui a été nommé vice-président exécutif à la suite de cette décision. Ce prêt est l’un des nombreux contractés par Canada Jetlines au cours des deux dernières années.
Pas plus tard que le 10 mai, la compagnie a déclaré dans ses états financiers qu’elle prévoyait de passer à sept avions d’ici la fin de l’année et à 15 appareils d’ici 2026.
