L'éphémère aventure olympique du breaking

10 Aug 2024

Publié le 10 août à 8 h 00

Après les femmes vendredi, ce sera au tour des hommes de s’affronter samedi à Paris aux épreuves de breaking, dans ce qui pourrait être l’unique expérience olympique de cette discipline.

Breaking aux Jeux olympiques - Figure 1
Photo ICI.Radio-Canada.ca

Au pied de l’obélisque, place de la Concorde, le breakdance – officiellement appelé breaking – a fait une entrée remarquée aux Jeux olympiques.

C’est une nouvelle page qui est en train de s’écrire, dit non sans fierté Pascal Blaise Ondzie, qui assiste aux épreuves en fin de semaine.

Ce pionnier français de la danse hip-hop, phénomène d’abord né dans le Bronx à New York et qui a traversé l’Atlantique dans les années 1980, n’est pas étranger au succès que rencontre le breaking dans son pays… et à son inscription au programme de Paris 2024.

Pascal Blaise Ondzie, aujourd’hui responsable de la région Île-de-France pour la discipline, a dansé sur les scènes du monde entier et a fondé une école de danse à Aulnay-sous-Bois, en banlieue parisienne.

C'est vrai que c'est beaucoup de jeunes de banlieue qui l'ont pratiqué, parce que c'est vrai qu'ils se retrouvaient à travers cette culture, explique-t-il, ajoutant que le breaking a attiré des gens venus de partout.

Il n'y avait pas d'histoire de couleur, de religion. Tout le monde se retrouvait autour de ça [le breaking].

Breaking aux Jeux olympiques - Figure 2
Photo ICI.Radio-Canada.ca

Pascal Blaise Ondzie est l'un des pionniers de la danse hip-hop en France. Photo : Radio-Canada / Raphaël Bouvier-Auclair.

Ces derniers jours, le vétéran tenait un kiosque très couru au Club France, le grand lieu de rassemblement des partisans français dans l’est de Paris.

Son kiosque a attiré de nombreux danseurs, avides de montrer leur technique au public. Sur la piste ont alterné des danseurs aux profils variés, certains très expérimentés, d’autres beaucoup moins.

Le petit Liam, 6 ans, a ainsi dévoilé ses prouesses sous le regard de son père, qui a lui-même pratiqué la danse hip-hop dans sa jeunesse.

C’est une consécration. C’est vrai qu’avant la danse, c’était chacun dans son coin, en bas d’immeubles, se souvient-il.

Ces derniers jours, des démonstrations de breaking ont été offertes au public à Paris. Photo : Radio-Canada / Raphaël Bouvier-Auclair.

S’adapter aux règles olympiques

Mais avec l’élévation au rang de discipline olympique viennent les normes associées aux sports professionnels. Cette discipline, très créative, doit ainsi s’adapter à un certain encadrement.

Breaking aux Jeux olympiques - Figure 3
Photo ICI.Radio-Canada.ca

Nous sommes en train de créer, de paver la voie. Faire partie de cela n’est pas quelque chose que j’imaginais dans ma vie, a déclaré à Reuters Philip Kim, alias Phil Wizard, le seul Canadien à participer aux épreuves olympiques.

Aux Jeux de Paris, 32 athlètes, soit 16 hommes et 16 femmes, s’affrontent d’abord dans des duels. Pendant ces passages d’environ une minute, les B-Boys et B-Girls, comme on les appelle dans le milieu, doivent s’adapter à la musique qu’auront choisie les DJ, qui ont sélectionné 160 morceaux pour l’occasion.

3:12

Pour les phases supérieures – quarts de finale, demi-finales et finale –, chaque danseur doit faire trois passages dans l’espoir d’en remporter le plus possible.

Les neuf juges doivent évaluer leurs performances en se basant sur cinq critères qui valent chacun 20 % des points : la technique, l’exécution, l’originalité, la musicalité et le vocabulaire.

Contrairement à la tradition, qui favorise un vote à main levée, aux JO, cela s’effectue sur des tablettes.

Breaking aux Jeux olympiques - Figure 4
Photo ICI.Radio-Canada.ca

Il y a la technique, il y a la personnalité. Tout dépend comment c’est construit à travers la musique. Puis, il y a aussi le côté spectaculaire, affirme Pascal Blaise Ondzie.

Une expérience unique?

Si l’expérience de Paris est une première, Pascal Blaise Ondzie précise que ce n’est pas la première fois que sa danse fait partie de Jeux olympiques.

En 1984, aux Jeux olympiques de Los Angeles, une centaine de B-Boys étaient montés sur la grande scène avec le chanteur Lionel Richie pendant la cérémonie de clôture, rappelle-t-il.

Un affrontement amical entre des danseurs français et canadiens à la Maison du Canada, à Paris. Photo : Radio-Canada / Raphaël Bouvier-Auclair.

Ironiquement, les prochains Jeux d’été, qui se tiendront à Los Angeles en 2028, n’ont pas inscrit le breaking à leur programme. D’autres disciplines comme le cricket, la crosse et le flag football y feront plutôt leur entrée.

Un retour est-il possible à Brisbane, en Australie, en 2032? La décision n’a pas encore été prise.

S’il est fier que la France ait marqué l’histoire, Pascal Blaise Ondzie n’est pas nécessairement déçu que le spectacle offert à Paris soit peut-être le dernier tour de piste olympique de sa danse.

C’est bien qu’on soit rentrés aux Jeux olympiques, mais le chemin du hip-hop continue. [...] On a besoin de liberté, on n’aime pas trop rester enfermés, sinon quelque part on tue cette culture, clame-t-il.

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