Retrait de Biden : quel avenir pour les Premières Nations ...

22 Jul 2024

Sous pression ces dernières semaines, après des mois de spéculations sur ses capacités physiques et mentales, le président des États-Unis a finalement décidé de se retirer de la course à la Maison-Blanche. Mais quelles conséquences cette décision pourrait avoir sur les Premières Nations du pays qui ont établi des relations fortes avec l’administration Biden?

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Photo ICI.Radio-Canada.ca

On s’y attendait un peu, mais ça reste un véritable choc d’apprendre qu’il se retire de la présidentielle à bientôt quatre mois des élections générales, lance en entrevue téléphonique Mark Trahant, rédacteur en chef chez ICT News, un des principaux sites d'information numérique couvrant les enjeux autochtones aux États-Unis.

M. Trahant, membre de la Première Nation Shoshone-Bannock dans l’Idaho, croit toutefois que le retrait du président peut donner une nouvelle impulsion à une campagne qui selon lui se serait focalisée sur ses problèmes de santé. Ca va probablement revigorer la campagne chez les démocrates. Ils vont pouvoir enfin parler de leur programme.

Pour la plupart d’entre eux, les élus américains veulent rester le plus longtemps possible au pouvoir. Le fait que Biden abandonne la course dans ces conditions est déjà en soi un geste extraordinaire.

Le rédacteur en chef assure que l’administration Biden a été l’une des administrations les plus ouvertes envers les Autochtones américains. Tout d'abord, il n’y a jamais eu dans toute l’histoire du pays autant d'Autochtones nommés à des fonctions politiques fédérales. C’est du jamais vu!

Il cite en exemple plusieurs noms comme la secrétaire à l'Intérieur Deb Haaland de la Première Nation Laguna Pueblo, au Nouveau-Mexique, ou bien la secrétaire au Trésor, Marilynn Malerba de la Première Nation Mohegan, au Connecticut.

À toutes les échelles, dans les États ou au Sénat, il y a eu des nominations d’Autochtones, dont un certain nombre dans des postes très importants au sein du gouvernement, note M. Trahant.

La secrétaire à l'Intérieur Deb Haaland est la première Autochtone – membre de la communauté Laguna Pueblo – à accéder à un poste de secrétaire au sein d'une administration américaine.

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Photo ICI.Radio-Canada.ca

Photo : Getty Images / Chip Somodevilla

Gros investissements dans les infrastructures

Il souligne qu’en janvier 2021, soit quelques jours seulement après son entrée en fonction, Joe Biden avait présenté ses intentions en signalant l'engagement de son administration à renforcer ses relations de nation à nation avec plus de 570 Premières Nations et communautés autochtones de l'Alaska.

Le président américain avait alors annoncé plusieurs de ses priorités telles que le respect de la souveraineté et de l'autonomie des communautés ou de la consultation régulière avec les nations tribales. Depuis, l'administration a pris des actions historiques pour améliorer la vie des plus de cinq millions d’Autochtones, surtout en matière environnementale, indique M. Trahant.

À ce titre, le rédacteur en chef ajoute qu’au-delà des nominations, les autorités fédérales ont investi d’une manière sans précédent dans les nations tribales, notamment dans les infrastructures. Elles ont aussi mis en place des mesures gouvernementales pour aider les communautés autochtones à faire face aux effets du changement climatique.

En 2021, le président Joe Biden participait à un sommet avec des chefs des Premières Nations pour discuter d'un projet d'interdiction des forages pétroliers et gaziers dans une partie du désert du Nouveau-Mexique considérée comme sacrée.

Photo : AFP / Mandel Ngan

Le gouvernement fédéral a débloqué plus de 13 milliards de dollars pour aider les communautés autochtones dans leurs efforts d’atténuation de la sécheresse ou l’amélioration de l'approvisionnement en eau dont souffrent particulièrement les Premières Nations du sud des États-Unis, indique-t-il.

Les besoins sont énormes et il y a toutefois encore beaucoup de travail à faire. Biden laisse le soin à son ou sa successeur de continuer le travail, mais seulement en cas de victoire démocrate.

En appuyant la candidature de sa vice-présidente Kamala Harris, Biden fait en sorte que ses politiques se poursuivront dans les grandes lignes, pense M. Trahant. Elle est sur la même longueur d’onde que lui et si elle parvient à la Maison-Blanche, elle ne changera pas les engagements entamés avec les Premières Nations.

Mais pour le rédacteur en chef, une victoire de l’ancien président républicain Donald Trump signifierait un changement de paradigme, en particulier en ce qui concerne les enjeux climatiques et énergétiques.

Une administration Harris va se concentrer sur les énergies renouvelables, tandis qu’une administration Trump va mettre ses efforts sur les énergies fossiles. Autant de décisions qui vont avoir des répercussions majeures sur les communautés autochtones, conclut-il.

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