Des ténors démocrates, dont Obama et Pelosi, invitent Biden à ...

19 Jul 2024

Barack Obama, Nancy Pelosi, Chuck Schumer, Hakeem Jeffries : des poids lourds du Parti démocrate doutent tous de la capacité du président Joe Biden à remporter l'élection de novembre, voire l'encouragent directement à mettre un terme à sa campagne, selon les sources de plusieurs médias américains.

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Photo ICI.Radio-Canada.ca

L'étau semble se resserrer autour du président démocrate, fragilisé par un débat présidentiel catastrophique et incapable d'étouffer la contestation entourant sa candidature.

Ceux qui, à l'extérieur de son cercle rapproché et restreint, peuvent avoir la plus grande autorité morale pour influencer la décision de Joe Biden de se retirer de la course présidentielle lui ont exprimé leurs doutes, directement ou non.

Des informations en ce sens concernant les principaux intéressés ont filtré, à quelques heures d'intervalle, dans divers médias.

L'ancien président Barack Obama, dont Joe Biden a été le vice-président, a déclaré ces derniers jours à des alliés que le chemin de son ancien second vers la victoire s'était considérablement amenuisé, selon des personnes au fait de son évaluation de la situation, a rapporté le Washington Post jeudi. Le président devait sérieusement réfléchir à la viabilité de sa candidature, penserait-il.

Trois autres démocrates influents ont exprimé leurs doutes en personne, dans des rencontres distinctes avec l'occupant de la Maison-Blanche.

Nancy Pelosi est une figure influente chez les démocrates. Elle a été présidente de la Chambre des représentants de 2007 à 2011 et de 2019 à 2023. (Photo d'archives)

Photo : Getty Images / Leigh Vogel

L'ancienne présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi, une politicienne aguerrie que respecte Joe Biden, a fait valoir que les sondages montraient qu'il ne pouvait pas battre son adversaire républicain Donald Trump, selon des informations de CNN publiées mercredi soir.

En restant dans la course, il pourrait de plus mettre en péril les chances des démocrates de reconquérir la Chambre en novembre prochain, aurait-elle souligné.

Leur entretien, le deuxième depuis le débat, aurait eu lieu au cours de la dernière semaine.

D'autres sources ont de leur côté révélé à ABC News que le leader de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, ainsi que le leader de la minorité démocrate à la Chambre, Hakeem Jeffries, ont directement suggéré au politicien de 81 ans dans les derniers jours d'apporter un point final à sa campagne présidentielle.

Au cours de ces réunions, les deux leaders démocrates auraient invoqué les inquiétudes des membres de leurs caucus respectifs, qui craignent que Joe Biden les prive d'une majorité dans les deux Chambres, ce qui permettrait aux républicains d'adopter plus facilement leur programme législatif, selon des sources du Washington Post.

Monopolisant l'espace public, la tentative d'assassinat qui ciblait l'ancien président Donald Trump, samedi dernier, avait temporairement mis sur la glace sur une contestation qui ne s'essoufflait pas, malgré la ferme détermination de Joe Biden à briguer un deuxième mandat.

Des pressions qui s'accentuent

Si une vingtaine d'élus démocrates ont publiquement appelé Joe Biden à se retirer de la course depuis le 27 juin, plusieurs autres ont exprimé leurs craintes en coulisses, les médias américains parlant même de panique.

Les fuites à ce moment-ci ne sont pas anodines et semblent avoir pour but d'accentuer la pression sur un politicien qui a la réputation d'être têtu.

Certains démocrates ont préféré ne pas l'exhorter publiquement à renoncer à briguer la présidentielle, espérant qu'il viendrait lui-même à la conclusion que c'est la meilleure décision.

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Photo ICI.Radio-Canada.ca

Mais trois semaines après son duel oratoire contre Donald Trump, Joe Biden maintient qu'il est le mieux placé pour le battre, malgré des sondages qui favorisent son rival, particulièrement dans les États pivots, sondages qu'il conteste.

La semaine dernière, l'équipe de Joe Biden avait réussi à mettre le couvercle sur la rébellion publique, notamment grâce au soutien du caucus des élus afro-américains et de figures de proue de l'aile progressiste, et la formation semblait se résigner.

Quelques jours plus tard, Mme Pelosi a cependant diplomatiquement relancé la discussion. La politicienne de 84 ans a laissé entendre en entrevue à l'émission Morning Joe, une émission matinale du réseau MSNBC que regarde le président Biden, que la question de sa candidature n'était pas résolue.

C'est au président de décider s'il va se présenter. Nous l'encourageons tous à prendre cette décision, car le temps commence à manquer.

Joe Biden avait pourtant été catégorique. Je ne m'en vais nulle part, a-t-il assené quelques jours auparavant, un message qu'il ne cesse de marteler depuis le débat, qui a donné plus de vigueur aux craintes au sujet de son âge et de ses capacités cognitives.

Destinés à Joe Biden, les propos de Nancy Pelosi semblaient souligner que la fenêtre décisionnelle pour se retirer de la course et permettre à un éventuel successeur de prendre la relève se fermait rapidement.

À la lumière des fuites des dernières heures, ses propos peuvent avoir servi d'avertissement en signalant que les pressions se feraient si nécessaire sur la place publique.

L'élu démocrate Adam Schiff est le président de la commission du Renseignement de la Chambre des représentants.

Photo : Getty Images / Olivier Douliery

En deux jours, deux représentants démocrates, adversaires notoires de Donald Trump, ont ajouté leurs poids dans la balance. Respectivement procureurs en chef du premier et du deuxième procès en destitution de l'ancien président, ils ont tous deux siégé par la suite sur le comité d'enquête de la Chambre sur l'assaut du Capitole du 6 janvier 2021.

Le signal envoyé par le premier, Adam Schiff, candidat pour un siège de sénateur de la Californie, dans une déclaration transmise au Los Angeles Times est particulièrement fort, puisqu'il est un proche de Nancy Pelosi.

Il est temps pour Joe Biden, l'un des présidents les plus importants de notre nation, de « passer le flambeau » à quelqu'un d'autre et de préserver son héritage , a-t-il écrit.

Jeudi, le New York Times a publié une lettre du deuxième, Jamie Raskin, fournie par une source du quotidien et dont l'élu a ensuite confirmé l'authenticité. Le document, envoyé à Joe Biden le 6 juillet dernier, a également été partagé avec CNN plus tard dans la journée.

Dans une lettre de quatre pages – dont trois vantent une contribution exceptionnelle d'un homme qui est en politique depuis des décennies – M. Raskin, qui dit lui écrire en tant qu'admirateur, partisan et ami, l'incite à consulter son équipe démocrate.

Il trace une analogie avec le baseball, le jeu américain où même les meilleurs lanceurs n'ont qu'environ 110 lancers avant que leur bras ne se fatigue et cède. Il cite l'exemple d'un lanceur vedette des Red Sox qui a commencé à être fatigué à la huitième manche du septième match contre les Yankees lors des séries de 2003 – et dont l'équipe a ultimement perdu.

Il n'y a aucune honte à se retirer sous les acclamations méritées de la foule lorsque votre bras est mort de fatigue, et qu'ignorer les statistiques fait courir un grave danger à l'équipe.

Assailli de questions sur son acuité mentale, Joe Biden a affirmé mardi qu'il réévaluerait sa candidature si on lui diagnostiquait un problème médical qui justifierait son retrait.

La Maison-Blanche a par ailleurs indiqué mercredi qu'il a reçu un diagnostic de COVID-19.

Selon un sondage AP-NORC publié mercredi, 70 % des électeurs américains estiment par ailleurs que Joe Biden devrait se retirer et permettre à son parti de choisir un autre candidat. La proportion est à peine plus faible chez les démocrates : 65 % espèrent avoir la chance de voter pour un autre candidat démocrate.

Des alliés font marche arrière

Semblant impatient de mater la rébellion au sein des troupes démocrates, le Comité national démocrate (DNC), dont les membres sont de loyaux alliés de Joe Biden, envisageait de tenir un vote virtuel dès la semaine prochaine, près d'un mois avant la convention démocrate, selon les sources de plusieurs médias américains.

Traditionnellement, le processus de nomination se déroule lors des conventions, alors que les délégués sont réunis, comme cela a par exemple été le cas pour Donald Trump chez les républicains plus tôt cette semaine.

La Convention nationale du parti se tiendra à Chicago, en Illinois, du 19 au 22 août.

Le Comité national démocrate a reculé sur l'échéancier sous la pression. Selon le New York Times, Chuck Schumer et Hakeem Jeffries ont fait pression sur le DNC pour qu'il retarde le début de son processus de nomination.

Des représentants démocrates avaient aussi commencé à faire circuler dans leurs rangs une lettre qui dénonçait une manœuvre purement politique et affirmait qu'il n'y avait plus aucun justificatif légal pour cette action sans précédent.

La décision du DNC de tenir un vote virtuel a été prise en mai dernier, des semaines avant le débat présidentiel, pour parer à une loi de l’Ohio qui l’aurait empêché d’avoir son nom sur les bulletins de vote.

La loi de l'Ohio qui était en vigueur forçait les partis à certifier officiellement la nomination de leur candidat 90 jours avant l’élection, ce qui fixait cette année le 7 août comme date butoir.

Au terme de quelques semaines de jeux politiques, le gouverneur de l’Ohio, le républicain Mike DeWine, a toutefois promulgué peu après une loi qui recule l’échéance au 31 août afin de tenir compte de la Convention nationale démocrate.

La loi semble rendre inutile le vote virtuel, mais le président du DNC, Jamie Harrison, dit craindre une volte-face des républicains de l'État, qui contrôlent les deux Chambres.

Avec les informations de Washington Post, ABC News, New York Times, CNN et Axios

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