Biden cède sa place

22 Jul 2024

(New York) La campagne présidentielle américaine a connu un autre rebondissement stupéfiant dimanche : Joe Biden a quitté la course à la Maison-Blanche et donné son appui à Kamala Harris pour le remplacer à la tête du ticket démocrate en vue du scrutin du 5 novembre.

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Photo La Presse

« Ce fut le plus grand honneur de ma vie de servir en tant que président. Et bien qu’il ait été dans mon intention de me représenter pour un nouveau mandat, je pense qu’il est dans l’intérêt de mon parti et du pays que je me retire et que je me concentre uniquement sur l’accomplissement de mes devoirs de président pour le reste de mon mandat », a écrit le président démocrate dans une lettre publiée en après-midi sur les réseaux sociaux.

PHOTO ANDREW CABALLERO-REYNOLDS, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Donald Trump et Joe Biden lors du débat présidentiel du 27 juin dernier

Il a ajouté qu’il s’adresserait à la nation américaine plus tard cette semaine pour fournir plus de détails sur cette décision qui découle de sa performance calamiteuse lors du premier débat présidentiel, le 27 juin dernier à Atlanta.

Dans les semaines qui ont suivi, une trentaine d’élus démocrates du Congrès l’ont appelé publiquement à passer le flambeau. Sans aller aussi loin, d’autres figures influentes du parti, dont l’ancienne présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi, lui ont communiqué de vive voix leurs craintes d’une hécatombe électorale à l’automne advenant son maintien dans la course.

Pendant plusieurs jours, Joe Biden a résisté aux pressions, niant les sondages le donnant perdant contre Donald Trump dans les États clés ou refusant d’admettre les doutes exprimés par les électeurs concernant son aptitude à mener une campagne vigoureuse ou à diriger le pays au cours des quatre prochaines années.

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Photo La Presse

Lors d’une entrevue accordée plus d’une semaine après le débat d’Atlanta, il a même dit que seul « Dieu tout-puissant » pourrait le convaincre de se retirer.

PHOTO YURI GRIPAS, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Les images d’un Joe Biden déclaré positif à la COVID-19, peinant à descendre la passerelle de son avion, n’ont fait qu’amplifier la nervosité de son camp.

« Il était convaincu qu’il pouvait continuer ce combat et battre Donald Trump, mais les dernières semaines ont été un processus difficile », a déclaré sur CNN le sénateur démocrate du Delaware Chris Coons, l’un des membres de la garde rapprochée du président.

Ce retrait intervient huit jours après une tentative d’assassinat visant le candidat républicain à la présidence, Donald Trump.

Appui à Kamala Harris

Joe Biden a annoncé son soutien à Kamala Harris dans un message diffusé après la publication de sa lettre annonçant son retrait et remerciant la vice-présidente « pour avoir été une partenaire extraordinaire ».

« Ma toute première décision en tant que candidat du parti en 2020 a été de choisir Kamala Harris comme vice-présidente. Et c’est la meilleure décision que j’ai prise », a déclaré le président dans un message publié sous une photo le montrant tout sourire dans la Roseraie de la Maison-Blanche en compagnie de son bras droit.

Aujourd’hui, je veux offrir mon soutien total à Kamala pour qu’elle soit la candidate de notre parti cette année. Démocrates, il est temps de s’unir et de battre Trump. C’est ce qu’il faut faire.

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Joe Biden, sur X

Plus tard dans l’après-midi, Kamala Harris a annoncé son intention de briguer l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle.

« Je suis honorée d’avoir le soutien du président et mon intention est de mériter et de gagner cette nomination », a déclaré la vice-présidente dans un communiqué publié par l’équipe de campagne de Joe Biden. « Au cours de l’année écoulée, j’ai parcouru le pays pour parler aux Américains du choix clair qui s’offre à eux dans cette élection capitale. Et c’est ce que je continuerai à faire dans les jours et les semaines à venir. »

PHOTO KEVIN MOHATT, ARCHIVES REUTERS

Kamala Harris

Kamala Harris et ses conseillers ont déjà dressé une liste de colistiers potentiels. S’y trouvent le sénateur d’Arizona (et ex-astronaute) Mark Kelly, le gouverneur du Kentucky, Andy Beshear, le gouverneur de la Caroline du Nord, Roy Cooper, et le gouverneur de la Pennsylvanie, Josh Shapiro.

Vers une course à l’investiture démocrate ?

De grosses pointures démocrates ont vite apporté leur appui à Kamala Harris.

« Il est temps de soutenir Kamala Harris et de lutter avec tout ce que nous avons pour l’élire », ont affirmé Bill et Hillary Clinton dans un message commun après avoir exprimé leur inquiétude concernant « la menace posée par un second mandat de Trump ».

« L’avenir de l’Amérique en dépend », ont-ils ajouté.

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Photo La Presse

Cependant, des figures aussi influentes que Nancy Pelosi et Barack Obama ont exprimé leur préférence pour une convention ouverte.

PHOTO MANDEL NGAN, AGENCE FRANCE-PRESSE

Joe Biden et Barack Obama, le 15 juin

« J’ai une confiance extraordinaire dans le fait que les dirigeants de notre parti seront capables de créer un processus à partir duquel un candidat exceptionnel émergera », a déclaré M. Obama dans un communiqué qui ne mentionnait pas Kamala Harris.

Je suis convaincu que la vision de Joe Biden d’une Amérique généreuse, prospère et unie, qui offre des possibilités à chacun, sera pleinement mise en valeur lors de la convention démocrate du mois d’août.

Barack Obama

Il reste à voir si un ou plusieurs candidats contesteront l’investiture démocrate. Au bout du compte, les 4600 délégués à la convention démocrate auront le dernier mot dans la sélection du ticket du parti. La convention se tiendra à Chicago du 19 au 22 août. Mais le ticket pourrait être officialisé de façon virtuelle avant ces dates.

Des hommages…

De nombreux démocrates ont également profité de l’occasion pour rendre un hommage bien senti à Joe Biden, qui devient le premier président en exercice à renoncer à un deuxième mandat complet depuis Harry Truman et Lyndon B. Johnson.

« Joe Biden n’a pas seulement été un grand président et un grand leader législatif, c’est aussi un être humain extraordinaire », a écrit sur X Chuck Schumer, chef des démocrates au Sénat. « Sa décision n’a bien sûr pas été facile à prendre, mais il a une fois de plus fait passer son pays, son parti et notre avenir en premier. Joe, ce jour montre que tu es un vrai patriote et un grand Américain. »

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Photo La Presse

« En tant que premier président à se joindre à un piquet de grève avec des travailleurs en grève, il a été le président le plus favorable à la classe ouvrière de l’histoire moderne des États-Unis », a déclaré de son côté le sénateur du Vermont Bernie Sanders.

… et des attaques

Donald Trump, lui, a dénigré Joe Biden lors de sa toute première réaction publique à l’annonce du président.

« Il est de loin le pire président de l’histoire de notre pays », a-t-il déclaré lors d’une entrevue téléphonique accordée à CNN. Il a ajouté que Kamala Harris serait, selon lui, encore plus facile à vaincre que Joe Biden.

Dans un message publié sur Truth Social, il a continué à attaquer celui qu’il a appelé « Joe Biden la crapule ». Comme d’autres républicains, il a laissé entendre que le président devrait démissionner.

PHOTO HAIYUN JIANG, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Donald Trump, samedi dernier

Il n’était pas apte à se présenter à l’élection présidentielle et n’est certainement pas apte à servir – et ne l’a jamais été !

Donald Trump, sur Truth Social

Donald Trump a également accusé « tous ceux qui l’entouraient, y compris son médecin et les médias », d’avoir caché la vérité sur l’état de santé du président.

Un Super PAC pro-Trump a lancé dimanche une pub sur X attaquant Kamala Harris sur le même point.

« Kamala était dans le coup. Elle a dissimulé le déclin mental évident de Joe », affirme la narratrice de la pub, tout en associant la vice-présidente aux politiques les moins populaires de l’administration Biden, notamment en matière d’immigration et d’économie.

Cependant, le retrait de Joe Biden pourrait fournir aux démocrates une nouvelle ligne d’attaque qu’un commentateur a mise à l’essai dimanche sur CNN.

« Kamala Harris se présente contre le candidat à la présidence des États-Unis le plus âgé de l’histoire américaine, a déclaré Bakari Sellers. Cet homme a près de 80 ans et la question est donc de savoir s’il peut rester quatre ans de plus à la tête du pays. Je n’en suis pas sûr. »

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