Espionnage de Canada Soccer | Bev Priestman se retire pour un ...

25 Jul 2024

(Saint-Étienne) Lorsque l’entraîneuse Bev Priestman a pris connaissance du scandale impliquant des drones par Soccer Canada aux Jeux olympiques de Paris, elle a eu l’impression que le programme avait laissé tomber le pays.

Bev Priestman - Figure 1
Photo La Presse

C’est pour cette raison qu’il était important pour elle de prendre « un pas proactif » et de se retirer des lignes de côté lors du match d’ouverture du Canada contre la Nouvelle-Zélande, jeudi.

Sa décision volontaire a été annoncée mercredi dans un communiqué du Comité olympique canadien (COC), qui confirmait également que l’adjointe Jasmine Mander et l’analyste Joseph Lombardi avaient été « immédiatement renvoyés chez eux ».

« Indépendamment des détails, je suis responsable de cette équipe », a déclaré Priestman, après l’entraînement d’une heure de son équipe.

Ces développements sont survenus après que le COC eut affirmé avoir terminé lundi un examen d’un incident de drone à Saint-Étienne, en France, et avoir pris connaissance d’un deuxième incident survenu lors d’un entraînement de la Nouvelle-Zélande, vendredi dernier. Le COC pense que le drone a été utilisé pour enregistrer les séances d’entraînement de l’équipe néo-zélandaise.

Le COC a également indiqué que le personnel de Soccer Canada devra suivre une formation obligatoire en éthique. Le comité a ajouté qu’il avait été en contact avec le CIO et la FIFA, et que des mesures supplémentaires pourraient être prises si nécessaire.

En après-midi, Canada Soccer a annoncé procéder immédiatement à un « examen interne indépendant » de l’affaire. Il se penchera sur « les circonstances » du scandale et « cherchera à comprendre la culture historique de l’éthique en compétition au sein de tous [ses] programmes ». Les résultats seront rendus publics et des « mesures correctives » seront prises, si besoin il y a.

Peter Augruso et Kevin Blue, respectivement président de la fédération et Secrétaire général, par voie de communiqué, font part de leur « désapprobation sans équivoque des actions entreprises par les membres du personnel de l’équipe nationale féminine ».

« Au nom de notre fédération, nous présentons nos excuses les plus sincères aux joueuses, entraîneurs et officiels concernés. »

« Ni au courant, ni impliquée » selon Shoemaker

PHOTO FRANK GUNN, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

David Shoemaker, chef de la direction du COC

En conférence de presse en soirée à Paris, David Shoemaker, chef de la direction du COC, a précisé que Priestman « n’était ni au courant, ni impliquée » dans le scandale, donc qu’il n’y aurait pas d’autres conséquences. Talonné à savoir comment il avait pu s’en assurer, Shoemaker a répété qu’avec les informations à sa disposition, il croyait en cette version des faits.

Les images (de l’entraînement de la Nouvelle-Zélande) ont seulement été en possession de celui qui a fait voler le drone. La décision d’exclure deux membres clés de l’équipe et que Bev Priestman rate le premier match sera débattue. Nous croyons qu’on moins ça permet de retirer tout avantage présumé et nous envoyons le message clair que le Canada veut être sur le podium, mais de la bonne manière.

David Shoemaker, chef de la direction du COC

« Si d’autres faits devaient survenir, nous pourrions ajouter des sanctions, mais nous avons mené une enquête pour connaître les détails. On doit essayer de balancer l’importance de garder l’équité sportive et de ne pas nuire aux objectifs des athlètes. Nous croyons avoir trouvé le bon équilibre, mais je sais que ce sera débattu. »

Il reste maintenant à savoir si le résultat du match entre le Canada et la Nouvelle-Zélande sera maintenu. Le chef du sport du COC Eric Myles a précisé que la Nouvelle-Zélande pouvait encore déposer un protêt sur l’attribution de points au Canada en cas de victoire, mais qu’il espérait avoir réglé le dossier avec ses homplogues.

« On collabore énormément avec le Comité olympique néo-zélandais, nous avons des valeurs similaires, et la transparence qu’on a amenée a permis de se rendre à un niveau de compréhension, de chaque côté, que l’équité entre les deux équipes pour jouer le match serait respectée. »

Priestman s’excuse aussi

Plus tôt dans la journée de mercredi, Bev Priestman s’était excusée, elle aussi.

Au nom de toute notre équipe, je tiens avant tout à présenter mes excuses aux joueurs et au personnel de la fédération de soccer de la Nouvelle-Zélande ainsi qu’aux joueuses de l’équipe canadienne. Ça ne représente pas les valeurs que défend notre équipe.

Bev Priestman, entraîneuse-chef de l’équipe canadienne par voie de communiqué

Mander et Lombardi figuraient tous deux sur la liste des six entraîneurs de l’équipe aux Jeux. Lombardi, que le COC a qualifié d’analyste non accrédité, relève de Mander.

« Je n’ai en aucun cas dirigé ces individus, a insisté Priestman. Je suis encore en train d’apprendre les détails et, évidemment, tout est en train de se dérouler. Mais encore une fois, je pense que la chose importante en ce moment est de regarder vers l’avenir, de mettre en place les actions et d’accepter les sanctions. »

L’entraîneur adjoint Andy Spence dirigera les joueuses canadiennes sur les lignes de côté pour le match d’ouverture.

M. Lombardi a par ailleurs été condamné mercredi à huit mois de prison avec sursis pour avoir fait voler le drone, a indiqué mercredi le parquet de Saint-Étienne. Le Canadien de 43 ans, « jugé mercredi après-midi dans le cadre d’une audience de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), a accepté sa condamnation », ajoute le parquet. Par ailleurs, la commission de discipline de la FIFA a ouvert une procédure notamment contre l’équipe du Canada et la sélectionneuse.

Le Canada est champion olympique en titre de soccer féminin, après avoir remporté la médaille d’or aux Jeux de Tokyo, en 2021. La Nouvelle-Zélande est classée 28e au monde.

« Évidemment, ce n’est pas idéal. Surtout avec ce gros tournoi qui arrive, a laissé entendre la joueuse Vanessa Gilles. Mais nous sommes toutes des professionnelles. Nous tirerons le maximum de cette situation. Nous allons nous appuyer les unes et les autres. »

Le Comité olympique néo-zélandais (NZOC) a alerté la police après qu’un drone eut survolé l’entraînement de l’équipe féminine de soccer, lundi. Le COC a confirmé mardi qu’un membre « non accrédité » du personnel de l’équipe canadienne de soccer avait été arrêté par les autorités françaises.

Le NZOC a également déposé une plainte auprès de l’unité d’intégrité du Comité international olympique et a demandé au Canada un examen complet. Le COC s’est excusé auprès du NZOC et de la fédération de soccer du pays, se disant « choqué et déçu » par cette conduite.

Ce n’est pas la première fois qu’une équipe canadienne de soccer est impliquée dans une controverse impliquant des drones à l’entraînement d’un rival international.

En 2021, à Toronto, le Honduras a arrêté une séance d’entraînement avant son match de qualification de la Coupe du monde de soccer masculin contre le Canada après avoir repéré un drone au-dessus du terrain, selon les médias honduriens. Les équipes se sont livré un match nul de 1-1.

Les forces de sécurité françaises qui gardent les sites des Jeux de Paris interceptent en moyenne six drones par jour, a mentionné mardi le premier ministre Gabriel Attal. Attal a ajouté que les drones sont souvent exploités par « des particuliers, peut-être des touristes souhaitant prendre des photos ».

« C’est pourquoi il est important de rappeler les règles aux gens. Il y a une interdiction de faire voler des drones, a-t-il soutenu, selon plusieurs médias. Des systèmes sont en place pour nous permettre d’intercepter très rapidement [les drones] et d’arrêter leurs opérateurs. »

Avec Jean-François Téotonio, La Presse, The Associated Press et Agence France-Presse

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