Argonauts 30 – Alouettes 28 | « C'est comme un cauchemar ! »

3 days ago

Anéanti, les épaules basses et la tuque de travers, Cody Fajardo se croyait dans un mauvais rêve quelques minutes après la défaite des Alouettes de Montréal en finale de l’est contre les Argonauts de Toronto, samedi.

Alouettes - Figure 1
Photo La Presse

Publié à 18h07 Mis à jour à 20h51

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« J’aimerais que quelqu’un me pince pour que je puisse me réveiller et qu’on soit ce matin à nouveau », a déclaré le quart-arrière des Als, dans les entrailles du stade Percival-Molson.

Les Alouettes sont arrivées à court de deux points. Aussi cruel qui puisse être un revers de 30-28 lors du match le plus important de la saison, à domicile qui plus est, les champions en titre ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes, estiment la plupart des artisans de cette défaite.

Quatre ballons échappés puis recouvrés par Toronto, deux interceptions, dont une convertie en majeur, puis un touché accordé sur un retour de botté de 71 verges. « On ne peut pas commettre autant de revirements en éliminatoires et espérer gagner », assure Fajardo.

Maintes fois au cours de la soirée, les amateurs ont levé leurs deux mains vers le ciel par réjouissance, avant de les laisser tomber sur leur tête, par consternation.

À peine trois minutes après le début de la rencontre, Najee Murray a intercepté une balle perdue de Chad Kelly. Il a cependant échappé le ballon au-dessus de la 48e verge parcourue.

PHOTO GRAHAM HUGHES, LA PRESSE CANADIENNE

Le quart-arrière des Argonauts, Chad Kelly

Deux minutes plus tard, sur une poussée au sol de Walter Fletcher destinée à se terminer dans la zone payante, les Argos ont employé la même technique, un coup de poing renversé, pour prendre possession du ballon.

Trois minutes après, Fletcher a cette fois jonglé avec un court relais de Fajardo près de leur zone des buts. Le ballon est tombé entre les mains de Benjie Franklin qui a ramené le larcin dans la zone des buts.

« C’était une de ces journées. Coach Maas nous dit toujours de chin-it [tenir le ballon au menton]. On savait que leur défense attaque le ballon. On a mis l’accent là-dessus en préparant ce match. Malheureusement, c’est l’un de ces jours où le ballon ne colle pas à nos mains. Les revirements nous ont empoisonné la vie », a raconté Fletcher, les yeux humides.

Alouettes - Figure 2
Photo La Presse

Puis, dans les dernières secondes de la première demie, Cole Spieker a mal maîtrisé le ballon après avoir capté une bombe de Fajardo dans la zone payante. Résultat de cette séquence burlesque : les Argos menaient 21-16 à la mi-temps, sans même avoir été menaçants.

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Cole Spieker (17) a mal maîtrisé le ballon après avoir capté une bombe de Fajardo dans la zone payante.

L’attaque au neutre

Les Argonauts se sont pointés sur le Mont-Royal auréolés de la réputation d’avoir la meilleure attaque au Canada. Avec 514 points marqués cette saison, et 58 lors de la demi-finale de l’est il y a sept jours, les Alouettes comprenaient leur mission : freiner Chad Kelly et son attaque.

Somme toute, cette unité défensive a bien peu de choses à se reprocher. Darnell Sankey, comme en éliminatoires l’année dernière, est resté solide comme un chêne sur la pelouse synthétique du stade McGill. Avec quatre plaqués et une interception, il a été le meilleur des siens.

Dans les faits, ses coéquipiers ont suivi leur plan de match au pied de la lettre. Noel Thorpe, le coordonnateur défensif de l’équipe, parlait plus tôt de la nécessité de limiter les jeux explosifs et l’attaque au sol. Et ce fût mission accomplie. Avant de quitter le match en civière en raison d’un tibia cassé en fin de troisième quart, Kelly avait complété seulement 50 % de ses passes pour 182 verges.

Ka’Deem Carey, le demi-offensif vedette des Argos, n’a même pas obtenu 100 verges au sol.

Pendant ce temps, malgré une première demie compliquée et même un peu laborieuse, Fajardo s’est bien repris en deuxième moitié de match. Austin Mack et Walter Fletcher ont capté des passes de touché de 15 et 22 verges pour réduire l’écart à 30-28 au quatrième quart, avec deux minutes à faire.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Alouettes - Figure 3
Photo La Presse

Charleston Rambo (14), Charleston Kaion Julien-Grant (11) et Cody Fajardo (7)

Mais au moment de rejoindre Mack pour la transformation de deux points, Franklin s’est interposé pour la deuxième fois du match. Il s’agissait de la deuxième tentative ratée des Alouettes en pareille situation. Nul besoin d’expliquer qu’en y allant pour un simple chaque fois, l’issue du match aurait sans doute été différente.

« Honnêtement, ce n’était pas ma décision. Je fais ce qu’on me dit », a précisé Fajardo.

Son entraîneur-chef, Jason Maas, voit les choses ainsi : « Je trouve que nos trois facettes ont combattu très fort. Mais nos trois unités auraient pu mieux se débrouiller sur quelques jeux et ça peut déterminer le résultat du match. On gagne et on perd en équipe, ce sera toujours ainsi. On n’a pas assez bien joué. »

Demeure que personne n’a jamais gagné un match de football, et encore moins un championnat, avec des « si ».

« Si près malgré tout, a poursuivi Maas. Il faut l’accepter, c’est tout. J’ai dit dans le vestiaire que la prochaine fois qu’on dira de protéger le ballon, tout le monde le prendra encore plus sérieusement. Je n’aime pas le terme “perdre”, je trouve plutôt qu’on apprend. Ce match devrait nous aider grandement l’an prochain. Quand on mettra l’accent sur la protection du ballon, ils vont s’en souvenir très précisément. »

Occasion ratée

Le terrain du stade Percival-Molson ressemblait à un champ de guerre après le match. Un silence déstabilisant, caractérisé par l’échec du combat, mais aussi par le son des longues respirations de ces guerriers, au sol, qui avaient le sentiment d’avoir tout donné.

Le vestiaire de l’équipe perdante, lui, offrait une atmosphère encore plus sinistre, quelques minutes plus tard, lorsque les joueurs commençaient à assimiler ce qui venait d’arriver. L’ennemi les avait battus sur leur propre territoire et il n’y avait aucun moyen de revenir en arrière pour faire mieux ou faire plus.

« Nous avons pratiquement rattrapé notre retard et c’est dire à quel point cette équipe est talentueuse. Il y a beaucoup d’équipes dans cette ligue qui n’auraient pas été aussi près. Nous nous sommes battus jusqu’à la fin », a témoigné Fajardo.

Marc-Antoine Dequoy, exténué, avait du mal à trouver les mots pour expliquer son désarroi.

Quand tu regardais l’allure du match, on dominait. Toronto n’avait rien fait offensivement et notre attaque était explosive. C’étaient juste des erreurs pour les revirements et il fallait les éviter, mais on n’a pas réussi à le faire.

Marc-Antoine Dequoy, maraudeur des Alouettes

Les Alouettes ont effectivement offert une opposition digne de leur classement et de leurs capacités. L’attaque des Argos n’avait pas visité leur zone des buts avant la toute dernière seconde de la première demie et les deux touchés accordés préalablement aurait pu être évités.

En revanche, les Alouettes ont converti 15 de leurs 25 deuxièmes essais en plus de générer près de 500 verges d’attaque. Un bilan habituellement suffisant pour l’emporter.

Mais comme les statistiques mentent rarement, le constat est irréfutable : Toronto a marqué en moyenne 30 points en 2024. Les Alouettes devaient donc en marquer autant pour espérer avoir des chances.

Ils ont fini par en marquer 28. À deux points de la victoire. À deux points de la Coupe Grey. Et à deux points de la défense d’un titre.

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