Le Canadien a acquis du renfort en défense, mercredi soir, en mettant la main sur Alexandre Carrier, des Predators de Nashville. En retour, le Tricolore a cédé le défenseur Justin Barron, qui semblait manifestement ne plus figurer dans les plans de l’organisation.
Mis à jour hier à 23 h 07
Alors que le jeu défensif a été au cœur des insuccès du Canadien en début de saison, l’arrivée de Carrier tombe à point nommé. Du moins en théorie.
Le Québécois de 28 ans a été, au cours des trois dernières saisons, l’un des arrières les plus fiables des Predators à forces égales et en désavantage numérique. Malgré son petit gabarit (5 pi 11 po et 174 lb), il a su faire sa place dans la LNH et gagner la confiance du personnel d’entraîneurs. Ses patrons l’ont d’ailleurs récompensé en juillet dernier en lui offrant un contrat de trois ans qui lui rapportera une moyenne de 3,75 millions jusqu’en 2026-2027.
Promis à une belle campagne après un été actif sur le marché des joueurs autonomes, les Predators sont toutefois en complète déroute. Après 32 matchs, ils croupissent au 32e et dernier rang de la LNH en vertu de leur fiche de 9-17-6.
Il est difficile, à ce stade, de déterminer quel est le lien de causalité entre la performance de Carrier et celle de son équipe : a-t-il participé à cette implosion ou en est-il la victime ? Car statistiquement, le natif de la capitale nationale a été le pire défenseur des Predators cette saison, et l’un des pires de la LNH, en matière de possession de rondelle et de buts anticipés accordés, entre autres. Son différentiel de -14 est d’ailleurs le reflet de ces difficultés. Cela étant, celui de Roman Josi est encore pire à -21, signe que le marasme est collectif et non pas individuel dans la ville du country.
De l’airLa direction du Tricolore fait donc le pari que Carrier retrouvera ses moyens à Montréal. Ce qui est toutefois certain, c’est que son arrivée donnera de l’air aux jeunes défenseurs du club en réalignant la hiérarchie à cette position.
En raison du manque de droitiers au sein de la brigade – seul David Savard figure parmi les joueurs réguliers –, Kaiden Guhle, Mike Matheson et Jayden Struble ont tour à tour dû jouer sur le flanc droit sur une base régulière depuis le début de la campagne, souvent avec des résultats mitigés. Avec Carrier, l’équilibre entre gauchers et droitiers s’améliore sur-le-champ.
L’entraîneur-chef Martin St-Louis pourra aussi profiter de l’arrivée de ce vétéran pour modérer le temps de glace de Mike Matheson (moyenne de 24 min 28 s) ou Lane Hutson (22 min 39 s) – surtout de ce dernier, en fait, afin notamment de le soustraire à certaines confrontations qui se révèlent corsées pour un jeune homme qui ne compte qu’une trentaine de matchs d’expérience dans la LNH.
Le directeur général Kent Hughes fait par ailleurs un léger pas de côté dans sa stratégie de reconstruction. Depuis son embauche en 2022, il s’agit seulement de la deuxième transaction majeure sans enjeu salarial qu’il boucle pour obtenir un vétéran – l’autre étant l’acquisition de Mike Matheson en 2023. Et la première fois qu’il cède un joueur aussi jeune que Justin Barron (23 ans) pour y parvenir.
En Carrier, enfin, le Canadien obtient un joueur dont il est déjà acquis qu’il ne sera pas intimidé par le marché montréalais. Tard jeudi soir, l’animateur Kevin Raphaël a diffusé un extrait inédit du balado Sans restriction, enregistré en octobre 2023, au cours duquel le défenseur exprime explicitement son désir de jouer dans la métropole. Le segment n’avait jamais été diffusé afin de ne pas mettre l’athlète dans l’embarras, alors qu’il amorçait la dernière année de son contrat avec les Predators. Il a finalement signé une nouvelle entente le 1er juillet avec le club qui l’avait repêché au quatrième tour (115e au total) en 2015.
La fin pour BarronPHOTO DAVID KIROUAC, ARCHIVES USA TODAY SPORTS
Justin Barron
Si Carrier rêvait de jouer à Montréal, on peut se demander si Justin Barron ne rêvait pas d’aller voir ailleurs.
Le Néo-Écossais semblait arrivé au bout de la route chez le Tricolore. Repêché au premier tour par l’Avalanche du Colorado en 2020, il est passé au CH deux ans plus tard dans la transaction qui a envoyé Artturi Lehkonen à Denver.
Ce défenseur à caractère offensif peine encore aujourd’hui à s’établir à temps plein dans la LNH, principalement en raison de ses carences défensives. Au sein d’une brigade jeune, à plus forte raison dans un club en reconstruction, il n’a jamais pleinement trouvé ses repères, passant plutôt une bonne partie des deux dernières saisons dans la Ligue américaine.
Arrivé au plus récent camp d’entraînement du Canadien avec un nouveau contrat de deux ans en poche, Barron souhaitait prouver que sa place était dans la formation à Montréal, et pas ailleurs. C’est plutôt le contraire qui s’est produit, puisqu’il a été laissé de côté à 11 reprises au cours des 31 premiers matchs de son équipe. Toujours maladroit sur le plan défensif, il a vu son apport offensif tomber au point mort, n’amassant qu’un point jusqu’ici.
À l’évidence, les Predators font le pari qu’il réalisera, dans la ville du country, le potentiel que l’Avalanche et le Canadien avaient vu en lui au cours des dernières années.