Xi Jinping veut «oeuvrer avec la France» à «résoudre la crise» en ...

13 days ago

À peine arrivé dimanche à Paris pour une visite d’État, le président chinois, Xi Jinping, a affirmé vouloir « oeuvrer avec la France et toute la communauté internationale » à « résoudre la crise » en Ukraine.

Xi Jinping - Figure 1
Photo Le Devoir

Accueilli peu après 16 h (14 h GMT) à l’aéroport d’Orly par le premier ministre, Gabriel Attal, il sera reçu lundi à l’Élysée par le président français, Emmanuel Macron, qui entend prôner la « réciprocité » commerciale et la recherche d’une résolution de la guerre en Ukraine face à un dirigeant chinois qui continue d’afficher son soutien à la Russie.

« Nous espérons que la paix et la stabilité reviendront rapidement en Europe, et entendons oeuvrer avec la France et toute la communauté internationale à trouver de bonnes pistes pour résoudre la crise », a écrit le numéro un de la superpuissance asiatique dans une tribune publiée par le quotidien Le Figaro.

Paris veut de son côté s’assurer que la Chine, principale alliée du président russe, Vladimir Poutine, ne basculera pas dans un soutien clair à son effort de guerre face à Kiev. Voire « l’encourager à utiliser les leviers » dont elle dispose sur Moscou pour « contribuer à une résolution de ce conflit », selon l’Élysée.

Emmanuel Macron avait porté ce même message, il y a un an, lors de sa propre visite d’État en Chine, avec des résultats modestes.

Après la France, le président chinois, de retour pour la première fois en Europe depuis 2019, se rendra en Serbie et en Hongrie, deux pays restés proches de Moscou.

Différends commerciaux

Lundi, Xi Jinping, qui vient célébrer les 60 ans de relations diplomatiques franco-chinoises, enchaînera les rendez-vous avec Emmanuel Macron, qui s’est concerté en amont avec le chancelier allemand, Olaf Scholz.

Le matin, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, se joindra au duo franco-chinois à l’Élysée pour une rencontre qui devrait permettre de soulever les différends commerciaux.

Et ils sont nombreux. Menacée d’être prise en tenailles entre les économies américaine et chinoise, massivement aidées par la puissance publique, l’Union européenne a multiplié ces derniers mois les enquêtes sur les subventions étatiques chinoises à plusieurs secteurs industriels, notamment aux véhicules électriques, accusées de fausser la concurrence.

Dans un entretien à La Tribune dimanche, Emmanuel Macron a reconnu que les Européens n’étaient « pas unanimes » sur la stratégie à adopter, car, dit-il, « certains acteurs voient toujours dans la Chine essentiellement un marché de débouchés », alors qu’elle « exporte massivement vers l’Europe ».

Il plaide, lui, pour « mieux protéger notre sécurité nationale », « être beaucoup plus réalistes dans la défense de nos intérêts » et « obtenir la réciprocité ».

À Pékin, ces mesures jugées « protectionnistes » passent mal. Les autorités chinoises ont lancé leur propre enquête anti-subventions visant essentiellement le cognac français, contre laquelle le président français compte s’élever.

Si aucun contrat d’envergure n’a été annoncé à ce stade, des discussions sur des investissements étaient en cours jusqu’au bout. Un forum économique franco-chinois est prévu lundi au théâtre Marigny.

Xi Jinping a affirmé dans Le Figaro que les deux pays étaient en capacité « d’approfondir leur coopération en matière d’innovation pour promouvoir le développement vert », comme c’est déjà le cas avec les usines de batteries, en espérant que la France offrira à ses entreprises « un climat d’affaires juste et équitable ».

« Portes closes »

L’après-midi, après une cérémonie protocolaire d’accueil en grande pompe aux Invalides, et avant un banquet à l’Élysée, Emmanuel Macron et Xi Jinping se retrouveront en tête-à-tête pour la séquence la plus politique, puis s’exprimeront devant la presse.

Le Français compte demander au Chinois de soutenir la « trêve olympique » pour « l’ensemble » des conflits à l’occasion des Jeux de Paris cet été, y compris celui en Ukraine.

Le président français enfoncera le clou mardi, dans les Pyrénées, à l’occasion d’une escapade plus personnelle entre les deux hommes, accompagnés de leurs épouses.

L’objectif de ce déjeuner sur le col du Tourmalet, là où, enfant, il passait ses vacances chez sa grand-mère, est éminemment diplomatique : casser l’imposant protocole pour instaurer un dialogue plus direct, notamment sur l’Ukraine.

Sur la question sensible des droits de la personne, Emmanuel Macron dit préférer évoquer « les désaccords » plutôt « derrière des portes closes ». Paris n’a pas non plus tenu à ériger en priorité le dossier de Taïwan, pourtant au coeur des fortes tensions entre les États-Unis et la Chine.

Plusieurs milliers de Tibétains, selon leurs représentants, se sont rassemblés dimanche à Paris pour protester contre la venue du président chinois en France, « pays des droits de l’homme » qui accueille « un dictateur ».

Photo: Geoffroy Van Der Hasselt Agence France-Presse Des Tibétains se sont rassemblés dimanche à Paris pour protester.

Grand rassemblement de Tibétains pour dénoncer la venue de Xi Jinping

Plusieurs milliers de manifestants, selon des représentants de la communauté tibétaine, étaient rassemblés dimanche après-midi à Paris pour dénoncer la visite du président chinois en France, « pays des droits de l’homme » qui accueille « un dictateur », ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse.

« Stop la menace contre Taïwan, stop la répression à Hong Kong, stop le soutien à Poutine, stop l’ingérence en France », pouvait-on lire sur une grande banderole visible place de la République, lieu traditionnel de manifestation dans la capitale française.

Xi Jinping « est un dictateur » qui veut faire disparaître la tradition et la culture tibétaine, a affirmé à l’AFP Karma Thinlay, président de la communauté tibétaine de France, alors que le dirigeant chinois venait d’arriver à Paris.

« Emmanuel Macron doit savoir qu’avec la Chine, on ne peut pas faire des affaires sereinement, dans la confiance, car la Chine est un pays où tous les droits sont bafoués », a poursuivi M. Thinlay. « Il n’y a pas que l’économie dans la vie », a-t-il lancé, espérant que le président français saisira cette « occasion » pour parler de la situation au Tibet afin de trouver « une solution pacifique ».

Au fil des siècles, le Tibet a alterné les périodes d’indépendance et de contrôle par la Chine. Pékin en a repris les rênes, après une intervention de l’armée populaire de libération en octobre 1950.

Le dalaï-lama, en exil, s’est toujours refusé à reconnaître que le Tibet faisait historiquement partie de la Chine, comme le demande Pékin qui s’en sert pour refuser le dialogue avec ses représentants depuis 2010.

Agence France-Presse

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